lundi 23 octobre 2017

Arrêt de travail forcé pour des parents endeuillés

Ce court billet est un résumé et une réflexion personnelle. Le 14 septembre
dernier, Radio-Canada avait diffusé une entrevue avec les parents de
Clémence-Beaulieu-Patry. Une jeune femme qui est « morte à l’âge de 20
ans en avril 2016, après avoir été poignardé à quatorze reprise »
(Radio-Canada) sur son lieu de travail. Se trouvant en plein cœur du procès
les parents de Clémence ont dû faire face à un grand choc émotionnel et un
stress financier. Luc Patry, le père de la victime était sans salaire, car
les compagnies de l’assurance de son employeur ne reconnaissaient pas la
situation dans laquelle l’endeuillé se trouvait. En effet, les parents de la
victime « ne recevaient aucune indemnisation financière pour suivre les
procédures judiciaires » (Radio-Canada). Donc, les absences accumulées au
travail, étaient sans solde.

On s’appauvrit parce que la compagnie d’assurance refuse de reconnaître
que quand l’assassin de ton enfant est jugé, c’est impossible de penser
pouvoir travailler.
-       Nathalie Beaulieu, mère de Clémence cité dans L’article de Radio-Canada

Son arrêt de travail temporaire était forcé! La décision, de ne pas aller
travailler, qu’il avait prise n’était pas par pure plaisir. J’irai même
jusqu’à dire qu’il aurait pu être considéré comme étant inapte à
aller travailler. En effet, il devait choisir entre suivre le procès en lien
avec le meurtre de sa fille ou aller travailler, aucun parent ne devrait avoir
à faire un tel choix. Il est évident qu’il ne pourrait pas se concentrer à
l’avancement de la compagnie pour laquelle il travail si l’assassin de sa
fille est en train de se faire juger.

Dans la société de consommation dans laquelle nous vivons, l’être humain
doit travailler afin de pouvoir consommer. Au Québec, les travailleurs
bénéficient d’un régime de prestation d’assurance-emploi couvrant les
congés de maternité et parentale, les accidents de travail, la maladie, les
soins à un membre de la famille qui est gravement malade et qui court le
risque de décéder, etc. les permettant de continuer à consommer dans les
situations énumérées précédemment. Comment pouvons- nous obtenir des
congés parentaux afin de s’occuper d’un nouveau-né à la maison ou d’un
membre de la famille gravement malade, mais qu’aucune forme de prestation ne
soit versée lors de congés comme celui que doit prendre les parents de
Clémence Beaulieu-Patry, peut-être concevable? Cette situation nous rappelle
celle de l’ex conjointe de Guy Turcotte, qui, n’étant pas victime, n’a
eu droit à aucun fond d’indemnisation suite au choc psychologique et
émotionnelle qu’elle a vécu après le meurtre de ses enfants.

Je pense aussi qu’il est important ici de mentionner que les témoins et les
jurys reçoivent une compensation lors des procédures judiciaires alors que
les proches des victimes ne reçoivent aucune forme d’indemnisation. Bien que
Nathalie Beaulieu et Luc Patry (les parents de la victime), ont décidé de se
retourner vers l’IVAC (l’indemnisation des victimes d’actes criminels),
la direction de cet organisme ne considère pas les parents comme étant des
victimes, donc ceux-ci ne pouvaient donc pas bénéficier des fonds
d’indemnisation pour les aider à surmonter la pente.

« On ne demande pas un salaire, mais [une compensation,] un peu de la même
façon que les témoins et les jurés reçoivent une compensation, parce
qu’il y a beaucoup de frais associés à [un procès]; transport,
repas… », a expliqué Nathalie Beaulieu en entrevue à l'émission
d'Isabelle Richer. (Radio-Canada)

Le stress financier ne devrait pas s’ajouter aux problèmes psychologiques
que doivent faire face les parents des victimes d’acte criminel et
n’importe quel parent ayant perdu un enfant dans une situation atroce. Dans
des cas comme ceux de l’ex conjointe de Guy Turcotte ou des parents de
Clémence Beaulieu-Patry, je pense fortement qu’on devrait rajouter une
prestation aux parents des victimes d’actes criminels dans le régime
d’assurance-emploi des employeurs. Ainsi, les parents pourront prendre congé
sans avoir à porter un stress financier sur leurs épaules et suivre les
procédures judiciaires en lien avec le meurtre de leur enfant.

Pour conclure, je crois qu’on devrait repenser au système de prestation
d’assurance-emploi afin de permettre aux parents des victimes d’actes
criminels de pouvoir continuer à vivre les étapes de leur deuil sans avoir à
s’inquiéter de l’aspect financier. Ainsi, on leur retire le poids lourd
qui correspond au stress financier qu’ils devront porter. Cela les permettra
aussi de pouvoir suivre les procédures judiciaires qui pourrait aussi être
une bonne façon de les aider à passer au travers leur deuil. Cette décision
d’accorder des fonds aux personnes vivants de tels situation ne devrait pas
venir de la direction de l’indemnisation des victimes d’actes criminels
mais, du régime d’assurance-emploi. En effet, il est difficile de penser
pouvoir se rendre au travail et d’être productif alors que le meurtrier de
notre enfant passe en cours.

Emanuella Michel

http://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1055965/parents-clemence-beaulieu-patry-meurtre-maxi-proces-fonds-indemnite-urgence-soutien-financier

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