mardi 17 octobre 2017

IBM symbole d’innovation américaine, fierté nationale, montre une préférence pour la mobilisation du travail à l’étranger…

En 2007, la compagnie de technologies IBM comptait près de 130 000 emplois en Inde (représentant 1/3 des employés totaux de la compagnie). En effet, on y retrouve plus d’emplois en Inde qu’aux États-Unis, le reste de la force de production se fait dans d’autres pays.

Ce que IBM fait en Inde : De la recherche avant-garde de fine pointe, de la gestion de réseaux informatiques pour plusieurs des plus grandes corporations internationales, de la recherche web par image plutôt que par mots, de l’intelligence artificielle, de la technologie de vision par ordinateur pour des voitures qui se conduisent par elle-mêmes

Mais pourquoi l’Inde ? Les compagnies de technologies américaines montreraient un intérêt pour l’Inde en raison du coût de salaires bas et de la présence marquée du nombre de travailleurs formés techniquement et maîtrisant l’anglais.

Coûts de production bas…
La main d’oeuvre bon marché s’avère d’importance vitale pour maintenir les coûts d’opération bas à IBM. Selon des données de recherche de la firme Glassdoor, les travailleurs Indiens gagneraient entre 1/2 et 1/5 du salaire des Américains pour les même postes (la proportion varie en fonction des postes). L’entreprise et leurs dirigeants, vont où c’est le plus accommodant pour eux et où le plus grand profit réside, en accordant peu d’importance à l’intégrité au lieu de provenance de la compagnie. En effet, Ms. Narayanan, a travaillée 12 ans pour IBM et affirme que la mentalité de la compagnie à d’abord été d’instaurer des emplois là où se trouvait une quantité importante de travailleurs qualifiés en gardant en tête le budget du consommateur. On se fient donc au marché, c’est l’économie qui mène les décisions, pas les conditions des travailleurs, pas la solidarité nationale, mais bien le profit.

Effets sur les Indiens…
Le texte Invité à Nashik nous démontre une réalité que l’on peut comparer à celle d’IBM : « ces jeunes travailleurs gagnent parfois jusqu’à l’équivalent de 80 000 $ US par année, mais doivent composer avec de très longues journées de travail, durant parfois jusqu’à 20 heures ». Là aussi nous avons un cas où il s’agit de postes relativement haut-placés, on ne parle pas d’être ouvrier dans une manufacture. Les deux exemples montrent l’effet que la mondialisation a sur les travailleurs ; les employés indiens chez IBM font un salaire plus bas que les américains occupant le même poste, puis dans le cas des travailleurs indiens de l’entreprise à Nashik, ces inégalités sont plutôt simulées à travers les longues journées de travail (des journées de travail de 20 heures ne seraient jamais même envisagées d’être demandées de la part de techniciens informatiques américains). Les compagnies américaines comme IBM seront toujours à la recherche de travailleurs qui seront prêts à faire le même travail, souvent dans de pires conditions, pour moins chers…

Effets sur les américains…
Depuis 2007, le nombre d’employés à presque doublé en Inde tandis que les emplois aux États-Unis ont diminués par licenciements qui a résulté en la perte de nombreux emplois américains. La compagnie ne souhaite pas révélée cette information mais une approximation a été faite qu’il y aurait présentement environ 100 000 employés aux États-Unis comparativement à environ 130 000 en 2007, ce qui signifie que près de 30 000 emplois auraient été perdus du côté des Américains depuis ce temps.

Le président américain Donald Trump a dénoncé publiquement IBM d’avoir voler des emplois aux Américains en les offrant aux Indiens. Celui-ci s’oppose clairement à l’idée et a rendu l’accès au visa de travail pour travailleurs oeuvrant dans le domaine de la technologie (H-1B) très difficile à obtenir dans le but de décourager les entreprises à avoir recours à cette option.
Après son élection, IBM a annoncé la création de 25 000 nouveaux emplois pour les Américains. La compagnie planifie également de se moderniser en étendant sa formation technologique aux personnes sans études universitaires (par exemple ceux qui n’ont pas 4 ans d’université en bagage).
L’investissement de 1 milliard de dollars dans les programmes de formation et dans l’ouverture de nouveaux bureaux en terre américaine ferait également partie des plans futurs de l’entreprise… Pendant ce temps, la compagnie prévoit investir 6 milliard de dollars en Inde au courant des 3 prochaines années.

Ronil Hira, un professeur à l’Université Howard qui se spécialise dans la mondialisation et l’immigration affirme que IBM montre que la délocalisation menace même les emplois américains en technologie les mieux payés. En effet ce n’est plus que les emplois au bas de la chaîne qui sont affectés par le phénomène de mondialisation mais également ceux plus hauts-placés.  La qualification se voit donc perdre de la valeur dans la mesure où il n’est plus suffisant d’être uniquement qualifié, il faut maintenant compétitionner sa rentabilité (celui qui au bout du compte fera faire le plus grand profit à l’entreprise ; par sa productivité, et par les journées de travail les plus longues en fonction du salaire le plus bas possible) avec des gens se trouvant à l’autre bout de la planète.  Personne ne serait donc à l’abri du phénomène de mondialisation, mêmes les travailleurs qualifiés.

Par Kimberly Lefebvre Lamarre

NOISEUX, Yanick. 18 septembre 2017. « Cours 1 : Sociologie du travail présentation » ; Invité à Nashik ». Sociologie du Travail. Université de Montréal


GOEL, Vindu, « IBM now has more employees in India than in the U.S », New York Times, 28 septembre 2017, En ligne:  https://www.nytimes.com/2017/09/28/technology/ibm-india.html

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