(Article de Francis Roussin paru dans le Journal Métro le 25
octobre, 2017. P.19)
Dans une multitude de domaines
professionnels au Québec et dans les pays développés du monde, on choisit
d’avoir recours au télétravail pour une multitude de raison. Qu’est-ce que le
télétravail? C’est « toute forme
d'organisation du travail dans laquelle un travail qui aurait également pu être
exécuté dans les locaux de l'employeur est effectué par un salarié hors de ces
locaux de façon régulière et volontaire en utilisant les technologies de
l'information et de la communication dans le cadre d'un contrat de travail ou
d'un avenant à
celui-ci » (Droit-finances.net) On
soutient notamment que le travail à distance ou à partir de la maison
solidifierait la position d’une entreprise parmi la concurrence constamment
grandissante, tout en assurant une meilleure conciliation et satisfaction pour
l’employé qui se retrouve dans une telle position. L’entrée de blogue suivante
a pour but de brièvement décrire cette nouvelle réalité, tout en posant une
analyse critique de ce phénomène en se basant sur des notions intemporelles
discutées dans le cadre du cours de sociologie du travail.
Francis Roussin aborde tout
d’abord le sujet du télétravail comme étant un constant débat pour les
personnes œuvrant dans les ressources humaines et l’administration
d’entreprises. Sans y répondre, il pose les questions suivantes : le
télétravail est-il bénéfique? Si oui, pour qui? À travers l’article, l’auteur
soulève de nombreux avantages relatifs au travail domicile: l’accès à et
l’attraction d’employés de plus en plus qualifiés à travers le monde,
l’élimination partielle de la barrière géographique, ainsi qu’une réduction de
stress et d’agacement causés par des collègues dérangeants. D’autre part, il
soulève que le télétravail engendre l’isolement de l’employé, pouvant entraîner
les inconvénients suivants : un manque d’interaction et de liens étroits
avec les pairs, la suspicion de non-productivité alors que personne ne
supervise le travailleur, en plus d’un risque accru de distractions à la
maison.
Les avantages soulevés par cet
article correspondent aux idéaux et à la réalité qu’est devenue la
néo-mondialisation, tel qu’abordé dans le cours. En effet, on décrit une
meilleure performance de l’entreprise dans un monde de concurrence
internationale par le fait d’acquérir les plus grands talents tout en réduisant
leurs coûts d’acquisition et d’accessibilité. Pierre Dardot et Christian Laval
avancent dans leur essai que c’est l’État qui met les acteurs en concurrence.
En effet, ce phénomène de forte compétition désormais omniprésent dans
pratiquement toutes les sphères professionnelles n’a pas laissé d’autres choix
que de trouver des manières de gouverner en s’appuyant sur la concurrence. De
ce point de vue, il est possible de percevoir le télétravail comme une solution
adaptive puisqu’elle permet une performance accrue à plus petit prix. En effet,
cet argument est également appuyé par le modèle de centrifugation de l’emploi
vers les marchés périphériques du travail décrit par Jean-Pierre Durand. Autant
dans ce modèle que dans la réalité actuelle du télétravail, on assiste à une
redistribution des postes initialement du cœur vers des groupes périphériques,
souvent numériques dans le cas du travail à domicile. Ces changements ont pour
but d’éliminer les pertes financières entraînées par les coûts d’un bureau
fixe, par exemple.
Les désavantages énumérés plus
haut relèvent surtout de notions avancées antérieurement dans l’histoire de l’étude
du travail. Particulièrement, il est possible d’établir un lien entre les
inconvénients du télétravail et la position de Robert Castel selon laquelle la
notion de fixation du poste est primordiale pour bien organiser le travail. En
effet, Francis Roussin soulève majoritairement des craintes de
non-productivité, de manque de contrôle sur le travailleur et d’absence d’unité
au sein de l’entreprise pour les employés qui ne sont ni en contact avec leur
collègue, ni avec leur supérieur sur une base régulière. D’autre part, F. W. Taylor
a lui aussi avancé qu’une organisation scientifique, soit par la séparation et
description précise des tâches, produisait davantage. Effectivement, il croyait
en la mise de l’avant du système plutôt que du travailleur. Les arguments
concernant les inconvénients dans l’article appuient donc l’importance du rôle
du gestionnaire dans le travail de l’employé. Ainsi, on peut établir que le
travail à domicile est plus susceptible de manquer d’organisation et de
directives, ce qui laisserait place aux pertes de temps et l’échec d’optimiser
en tout temps le rendement des employés.
En somme, je suis d’avis que le télétravail est une nouvelle
manière positive pour les entreprises d’établir leur position parmi une
économie de concurrence constamment grandissante. Par le fait même, cette
mesure permet aux employés de mieux concilier leur vie familiale à la maison et
le travail, tout en leur laissant la liberté d’œuvrer dans un milieu qui leur
est confortable et préférable. Toutefois, je tiens à nuancer la différence
entre liberté et laissez-faire puisqu’il est évident qu’une certaine forme de
rigueur et de contrôle doit être exercée sur le travailleur sur une base
régulière, afin d’assurer la conformité de l’ouvrage produit. Bref, il s’agit
de trouver un juste milieu entre le contrôle absolu des tâches et la liberté de
travailler sans supervision.
Liens et sources :
Castel, R. 1995. Les métamorphoses de la question sociale :
une chronique du salariat, collection « folio essais », Gallimard, France. Pp.
519-547.
Dardot, Pierre et Christian Laval. 2009. La nouvelle raison du monde. Essai sur la
société néolibérale, La Découverte, Paris. Pp. 299-306; 309-313.
Durand, Jean-Pierre. 2004.
La chaîne invisible, Travailler
aujourd’hui : Flux tendu et servitude volontaire, Éditions du Seuil, Paris,
p.185.
Taylor, F. W. 2008
[1911]. « Fundamentals of Scientific Management », dans The Principles of
Scientific Management, Forgotten Books. Pp. 1-14.
http://droit-finances.commentcamarche.net/contents/1526-teletravail-definition-loi-et-droits-du-salarie
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