Une
semaine, jour pour jour, espace deux articles apparus dans le Journal de
Montréal. Le vendredi 15 septembre, juste avant de commencer mon quart de
travail, je ne fus aucunement surprise de voir qu’il est, encore une fois, question
de notre système de santé dans l’actualité. Il me semble que la pénurie du
corps hospitalier, les heures sans fin données aux infirmières et les restrictions
budgétaires n’ont rien de nouveau au Québec. Que ce soit les quarts de travail
interminables, dont un 24 h de travail sans arrêt qu’une infirmière de
l’hôpital de Saint-Jean dut faire, ou la perte de deux salles d’opération dans
un des blocs du Centre universitaire de santé McGill (CUSM), notre système de
santé se doit de prendre de meilleures mesures. À un certain point, on doit
s’arrêter, en tant que société, et regarder les méfaits du système. Prendre
soin de quelqu’un ne peut pas s’arrêter à un simple service. L’organisation du
travail qui est « la somme des moyens employés pour diviser le travail
entre tâches distinctes et pour ensuite assurer la coordination nécessaire
entre ces tâches » (Mintzberg, 1982) se
doit d’être repensée. De nos jours, notre système de santé manque de
coordination. Le cas de l’infirmière cité plus haut en est un parfait
exemple : passer tout l’après-midi à contacter ses supérieurs afin de se
faire remplacer est la définition même d’un manque d’organisation et de
coordination des tâches internes. De plus, ajoutons qu’au lendemain du 24 h
de travail qu’elle dut faire, on lui accola la mention « d’absence non
autorisée » puisque celle-ci ne pouvait pas se rendre à son quart de
travail habituel. Ainsi, le travail dans le milieu hospitalier se doit d’être
réorganisé à des fins d’efficacité et d’efficience.
Évidemment,
je suis bien consciente que les défis et les enjeux sociaux dans le monde du
travail sont nombreux de nos jours : balancer efficacité, efficience et
réduction des coûts tout en cherchant un bien-être et un épanouissement dans
notre domaine sont loin d’être chose facile. Cependant, autant la psychologie
que la sociologie du travail et industrielle ont démontré que chaque cas peut
être amélioré. D’ailleurs, le problème social que nous controns à notre époque
est le manque de valorisation dans les carrières d’aide, notamment lorsqu’il
est question des femmes (Hamrouni, 2012). Que l’on soit éducatrice, gardienne
ou infirmière, notre travail est banalisé, comme s’il est naturel pour nous de
vouloir aider et prendre soin d’autrui. Cela étant dit, la notion de l’inné et
de l’instinct féminin, dit maternel, est prise comme chose courante, naturelle chez
la femme. Ainsi, notre société réduit ces carrières à de simples contacts humains.
Cependant, n’y a-t-il pas dans chaque travail un effort à donner et du temps de
partager. Par conséquent, la visibilité des travailleurs, dont les infirmières,
diminue au détriment d’un paradigme social. Malheureusement, cela a pour effet
de réduire leur sentiment d’appartenance, de valorisation et crée de grands
méfaits quant au bien-être psychologique.
Parallèlement
à cela, nous répétons sans arrêt que nos hôpitaux sont en manque de personnel,
mais traitons-nous humainement les employés ? Le système favorise-t-il leur
loyauté lorsque, notamment le CUSM, ne peut qu’offrir des postes à temps
partiel aux plus expérimentés ? Naturellement, lorsque l’offre d’emploi
n’arrive pas à répondre aux demandes dans le secteur de santé, les
professionnels iront ailleurs, et ce par le simple concept de l’offre et de la
demande. Cependant, à la place de se soucier du budget qu’il faut faire de plus
en plus petit, pourquoi ne pas regarder plus loin que les compressions
budgétaires ? En se penchant seulement sur l’argent qu’il ne faut pas investir,
le problème n’est réglé qu’à moitié, et ce, à court terme. D’ailleurs, employer
infirmiers et infirmières, leur mettre des 24 h d’affilé, les épuiser et
après leur en demander davantage ne fait que plus de mal que de bien. À long
terme, nous ne pouvons plus réduire ces infirmiers et infirmières à de simples
êtres donnant un service, il faut les valoriser et prendre soin d’eux dans
toutes sphères de leur vie afin qu’ils puissent également contribuer à notre
bien-être. Ainsi, je suis poussée à me questionner quant au sérieux des
gestionnaires du CUSM. En effet, je
suis portée à me demander comment un hôpital d’une telle envergure n’arrive pas
à se charger du problème de précarité, et ce, malgré que plusieurs systèmes
sont mis en place. Conséquemment, allons-nous vraiment attendre que l’état des
patients se détériore pour aller de l’avant ? Repousser la charge, s’en aveugler
un moment n’arrangera rien. Le problème de précarité du système de santé
québécois se fait sentir depuis bien longtemps et il me semble qu’il est temps
d’y trouver une solution. Notez qu’en date du 22 septembre, le Journal de
Montréal expliquait qu’un total de 97 075 patients québécois attendent d’avoir
accès à une chirurgie (MSSS, 2017).
Ainsi
pour dire, des solutions, il y en a beaucoup! À titre d’exemple, une approche
intergénérationnelle (Ermine, 2010), soit celle de l’économie du savoir est,
selon moi, une bonne méthode à long terme. En effet, laisser la chance aux plus
expérimentés de partager leurs savoirs aux nouvelles infirmières peut remédier
au manque de personnel spécialisé, ce qui petit à petit diminuera la fermeture
des salles d’opération. Plutôt utopique de ma part, mais n’est pas irréaliste.
D’ailleurs, que vaut le serment d’Hippocrate s’il n’y a pas place à
l’application ? Les médecins ont besoin d’assistance. En créant se partage
précieux, nous donnons la chance à notre société de veiller à son bien-être
autant physiquement que socialement. En donnant une chance aux plus qualifiés,
nous offrons une force d’avancement technique et sociale à notre société et ça,
ça n’a pas de prix, car ayant une place centrale dans la vie des individus, le
travail se doit d’être un projet d’épanouissement à temps plein. Assez humaniste
comme concept, mais son utilité à été prouvé à mainte reprise, d’où la
naissance de la sociologie du travail et de la psychologie industrielle!
El-Merhebi
Lina
Bibliographie :
Mintzberg, H. (1982). Structure et dynamique es organisations. Éditions d’Organisation.
Mintzberg, H. (1982). Structure et dynamique es organisations. Éditions d’Organisation.
Journal de Montréal. (2017). Une infirmière a
travaillé 24 heures d’affiliée. Repéré à http://www.journaldemontreal.com/2017/09/22/penurie-dinfirmieres-au-bloc-operatoire-du-cusm
Journal de Montréal. (2017). Pénurie d’infirmières au
bloc opératoire du CUSM. Repéré à http://www.journaldemontreal.com/2017/09/22/penurie-dinfirmieres-au-bloc-operatoire-du-cusm
Ermine, J-L. (2010). Une démarche pour le transfert intergénérationnel des savoirs. Repéré
à http://cerberus.enap.ca/Telescope/docs/Index/Vol_16_no_1/Telv16n1_ermine.pdf
Hamrouni, N. (2012). Le care invisible : genre, vulnérabilité et domination (Philosophie
Docteur, Université de Montréal, Montréal). Repéré à https://papyrus.bib.umontreal.ca/xmlui/bitstream/handle/1866/9059/Hamrouni_Naima_2012_these.pdf
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