Si plusieurs compagnies se tournent vers la technologie
pour substituer certains de leurs employés et diminuer leurs dépenses, des
avions sans pilote ne sont cependant pas prêts d'intégrer le marché, ainsi, l'article
«Le ciel se dégage pour les pilotes de ligne» de Sonia Wolf met en lumière la
pénurie de commandants de bord dans le transport aérien et comment celle-ci
joue à leur avantage. L'augmentation croissante des usagers de l'air en plus de
l'expansion constante des compagnies low-cost
expliquent cette carence de professionnels que cherchent à combler une
majorité des entreprises de l'air.
L'Association internationale du transport aérien[1]
prévoit que d'ici 2036, 7,8 milliards d'individus par année parcourront le
monde par-delà les nuages, une augmentation de près de 50% par rapport à 2017.
Cette ascension du nombre de passagers peut s'expliquer d'abord par un accès
plus facile à ce mode de transport, en effet plusieurs compagnies offrent
désormais des vols à rabais, permettant à un nouveau type de clientèle de bénéficier
de voyage en avion. Des travailleurs informels ou alors faisant partie du
marché secondaire du travail, qui auparavant n'avaient pas les moyens de
voyager, peuvent maintenant s'offrir des billets et amplifier le trafic aérien.
De plus, la tertiarisation de l'emploi a pu contribué à cet essor de passagers,
si les emplois liés aux services sont de plus en plus présents de nos jours,
ceux-ci comprennent des services de voyages, d'expériences et de découvertes
qu'on vend aux individus en quête de sensations fortes, les agences de voyages contribuent
donc également à cette augmentation. Celle-ci répond ainsi parfaitement à
l'origine du capitalisme soit l'expansion croissante[2],
cependant, le secteur aérien n'arrive plus à suivre sa propre cadence.
Le départ à la retraite de plusieurs pilotes baby-boomers
est une autres des causes de la pénurie de pilotes, les compagnies doivent donc
tenter d'attirer de nouveaux commandants de bord avec des salaires exorbitants
en plus de conditions de travails améliorées. Ainsi, «Lufthansa a proposé une
prime de 20 000 euros aux 15 premiers pilotes qui accepteront de
voler immédiatement sur plusieurs des appareils d’Air Berlin» [3] alors
que certains pilotes reçoivent des offres promettant des salaires de près de
300 000 euros et des conditions de travail assurant une meilleure qualité de
vie. Ryanair, une compagnie low-cost,
a pour sa part annulé près de 20 000 vols lorsque plusieurs de ses pilotes ont
changé d'employeur, ceux-ci se sont tournés vers des compagnies classiques
offrant de meilleurs contrats sociaux. Ces faits relatés par Christophe Tharot,
le président du Syndicat national des pilotes de ligne, montrent que même s'il
n'est plus question de conditions de vie déplorables et d'ouvriers d'usines
insalubres, les employés seront toujours à la recherche des meilleures
conditions de travail possibles. C'est pourquoi un pilote s'étant fait offrir
un salaire démesuré par une compagnie du Golfe a plutôt choisi de travailler
pour Air France à un salaire moindre, mais pour, selon lui, de meilleure
condition de travail.
Les pilotes ont donc tendance à se tourner vers les
compagnies classiques, mais Pierre Coursimault, membre du Syndicat national des
pilotes de ligne, met en garde les pilotes face à la montée des compagnies low-cost se faisant aux dépens des
compagnies traditionnelles. Si celles-ci ont pu attirer des pilotes grâce à
leurs meilleures offres de travail, il n'est pas impensables de voir les plus
petites lignes aériennes les rattrapées car celles-ci attirent tout autant de
voyageurs. Ainsi, les pilotes se trouvent présentement dans une position leur
permettant de choisir la compagnie répondant le mieux à leurs propres besoins,
une situation qui renverse les rôles classiques de dominations.
Par Beatrice Lapointe
[1] WOLF, Sonia: Le ciel de l’emploi se dégage pour les pilotes de
ligne, 28
octobre 2017: http://www.ledevoir.com/economie/actualites-economiques/511497/penurie-pilotes
[3] WOLF, Sonia: Le
ciel de l’emploi se dégage pour les pilotes de ligne, 28 octobre 2017: http://www.ledevoir.com/economie/actualites-economiques/511497/penurie-pilotes
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