vendredi 27 octobre 2017

Jusqu'où est prête à aller Montréal pour accueillir Amazon ?

Jeudi dernier clôturait l’appel à proposition pour héberger le géant Amazon, pour lequel Seattle devient désormais insuffisant. Les villes canadiennes Toronto, Vancouver et Montréal sont en course pour obtenir l’accord. Et pour cause, Amazon promet à la ville d’accueil un investissement de 5 milliards de dollars américains, qui créerait à terme 50 000 emplois au salaire annuel moyen de 100 000 dollars. Plusieurs éléments seront considérés dans le choix de la métropole gagnante, comme les crédits d'impôts et subventions, mais aussi le transport en commun, l'accès aux aéroports la présence d'une main-d'oeuvre qualifiée. A ce titre, Montréal se place en ligne de tête pour remporter le gros lot, puisqu’elle possède un réseau de 11 universités et 60 cégeps et collèges, avec des travailleurs montréalais bon marché, et que la ville québécoise possède une politique d’immigration ouverte et rapide des talents étrangers. D’autant plus que Montréal a le vent en poupe, puisqu’elle a été capable d'attirer des entreprises comme Facebook, Samsung, Google, Thalès, IBM et Microsoft.
«Toute l'équipe a multiplié les efforts ces dernières semaines pour mettre de l'avant le savoir-faire et la créativité de la région de Montréal auprès d'Amazon, une des entreprises les plus innovantes au monde, annonce Hubert Bolduc, président-directeur général de Montréal International. Il s'agirait d'un projet en parfaite adéquation avec l'ambition de la métropole, qui connaît déjà depuis cinq ans une croissance phénoménale de 23% du nombre de ses travailleurs avec des compétences en technologies de l'information et des communications.»

-         Jusqu’où iront les gouvernements pour faire accepter le projet ?

Quand on voit qu'une ville comme Newark, au New Jersey, est prête à apporter des soutiens fiscaux évalués à sept milliards de dollars américains pour accueillir le deuxième siège social d'Amazon, nous pouvons nous demander quel prix sont prêts à se rendre les dirigeants politiques pour obtenir l’accord. Même le premier ministre Justin Trudeau s’est permis d’envoyer une lettre à Jeff Bezos, le PDG d’Amazon, pour lui vanter les splendeurs et les richesses du Canada. Bien que ce projet puisse apporter des externalités positives sur l’emploi, tout en participant au rayonnement de la métropole canadienne, le cout du projet en terme économique n’est pas neutre.  Car en créant 50 000 emplois avec des salaires attractifs, Amazon pourrait bousculer l’écosystème économique en offrant des salaires que ses concurrents ne pourraient pas débourser. Ce seraient donc les PME qui souffriraient de la captation de leurs cerveaux par le géant. Au vu de tous les sacrifices alloués pour cette cause, nous pouvons nous interroger sur le rôle dominant des grands groupes, qui contrôlent l’offre politique et économique planétaire. En se pliant totalement aux volontés de ces géants, les politiques étatiques redirigent le contrôle et les droits des salariés dans les mains de ces groupes quasi monopolistiques. Prêts à tout pour satisfaire leurs exigences dévorantes, les Etats leur transfèrent le pouvoir qui leur était autrefois réservé. Prenons Barclays, qui  possède assez d’actifs pour acheter l’armée américaine pour trois ans et mais qui contrôlent aussi les plus grands indices d’obligations au monde. Ou Monsanto, qui contrôlent 49% des graines d’agriculture utilisées aux Etats-Unis qui en sont presque entièrement dépendants. Sans pour autant rejoindre les théories complotistes, les Etats devraient émettre des réserves sur les pouvoirs des entreprises tentaculaires, qui ne garantissent pas un contrôle ou des choix « démocratiques » appliqués par les politiques étatiques.

Amazon devrait annoncer les finalistes d'ici la fin de l'année, puis arrêter son choix en 2018.

Mélissa Moriceau

Marc-André Sabourin (2017) « Qu’à offert Montréal pour accueillir Amazon ? », L’actualité, En ligne au https://lactualite.com/lactualite-affaires/2017/10/23/qua-offert-montreal-pour-accueillir-amazon/, consulté le 27 octobre 2017

Gérald Fillion (2017) « Amazon : jusqu’où iront les gouvernements? », Radio Canada, en ligne au http://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1062515/amazon-gouvernements-incitatifs-fiscaux-analyse-gerald-fillion, consulté le 27 octobre 2017

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