Jeudi dernier clôturait l’appel à proposition
pour héberger le géant Amazon, pour lequel Seattle devient désormais
insuffisant. Les villes canadiennes Toronto, Vancouver et Montréal sont en
course pour obtenir l’accord. Et pour cause, Amazon promet à la ville d’accueil
un investissement de 5 milliards de dollars américains, qui créerait à
terme 50 000 emplois au salaire annuel moyen de 100 000 dollars. Plusieurs
éléments seront considérés dans le choix de la métropole gagnante, comme les
crédits d'impôts et subventions, mais aussi le transport en commun, l'accès aux
aéroports la présence d'une main-d'oeuvre qualifiée. A ce titre, Montréal se
place en ligne de tête pour remporter le gros lot, puisqu’elle possède un
réseau de 11 universités et 60 cégeps et collèges, avec des travailleurs
montréalais bon marché, et que la ville québécoise possède une politique
d’immigration ouverte et rapide des talents étrangers. D’autant plus que
Montréal a le vent en poupe, puisqu’elle a été capable d'attirer des
entreprises comme Facebook, Samsung, Google, Thalès, IBM et Microsoft.
«Toute l'équipe a multiplié les efforts
ces dernières semaines pour mettre de l'avant le savoir-faire et la créativité
de la région de Montréal auprès d'Amazon, une des entreprises les plus
innovantes au monde, annonce Hubert Bolduc, président-directeur général de
Montréal International. Il s'agirait d'un projet en parfaite adéquation avec l'ambition
de la métropole, qui connaît déjà depuis cinq ans une croissance phénoménale de
23% du nombre de ses travailleurs avec des compétences en technologies de
l'information et des communications.»
-
Jusqu’où iront les gouvernements pour
faire accepter le projet ?
Quand on voit qu'une ville comme
Newark, au New Jersey, est prête à apporter des soutiens fiscaux évalués à sept
milliards de dollars américains pour accueillir le deuxième siège social
d'Amazon, nous pouvons nous demander quel prix sont prêts à se rendre les
dirigeants politiques pour obtenir l’accord. Même le premier ministre Justin
Trudeau s’est permis d’envoyer une lettre à Jeff Bezos, le PDG d’Amazon, pour
lui vanter les splendeurs et les richesses du Canada. Bien que ce projet puisse
apporter des externalités positives sur l’emploi, tout en participant au
rayonnement de la métropole canadienne, le cout du projet en terme économique
n’est pas neutre. Car en créant
50 000 emplois avec des salaires attractifs, Amazon pourrait bousculer
l’écosystème économique en offrant des salaires que ses concurrents ne
pourraient pas débourser. Ce seraient donc les PME qui souffriraient de la
captation de leurs cerveaux par le géant. Au vu de tous les sacrifices alloués
pour cette cause, nous pouvons nous interroger sur le rôle dominant des grands
groupes, qui contrôlent l’offre politique et économique planétaire. En se
pliant totalement aux volontés de ces géants, les politiques étatiques
redirigent le contrôle et les droits des salariés dans les mains de ces groupes
quasi monopolistiques. Prêts à tout pour satisfaire leurs exigences dévorantes,
les Etats leur transfèrent le pouvoir qui leur était autrefois réservé. Prenons
Barclays, qui possède assez d’actifs
pour acheter l’armée américaine pour trois ans et mais qui contrôlent aussi les
plus grands indices d’obligations au monde. Ou Monsanto, qui contrôlent 49% des
graines d’agriculture utilisées aux Etats-Unis qui en sont presque entièrement
dépendants. Sans pour autant rejoindre les théories complotistes, les Etats
devraient émettre des réserves sur les pouvoirs des entreprises tentaculaires,
qui ne garantissent pas un contrôle ou des choix « démocratiques »
appliqués par les politiques étatiques.
Amazon devrait annoncer les finalistes
d'ici la fin de l'année, puis arrêter son choix en 2018.
Mélissa Moriceau
Marc-André Sabourin (2017) « Qu’à
offert Montréal pour accueillir Amazon ? », L’actualité, En ligne au https://lactualite.com/lactualite-affaires/2017/10/23/qua-offert-montreal-pour-accueillir-amazon/,
consulté le 27 octobre 2017
Gérald Fillion (2017) « Amazon :
jusqu’où iront les gouvernements? », Radio
Canada, en ligne au http://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1062515/amazon-gouvernements-incitatifs-fiscaux-analyse-gerald-fillion,
consulté le 27 octobre 2017
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