lundi 24 septembre 2018

Le système de santé québécois : l’argent au détriment de la santé




La réforme du système de santé au Québec en 2015 a fait des ravages. C’est à ce moment, avec son implantation, que « débute la plus grande entreprise de privation du système public de santé et de services sociaux québécois. »[1]La réforme du ministre Barrette a eu un effet boule de neige sur le système de la santé et la gravité des conséquences ne cesse de croître. Les usagers, ainsi que les individus y travaillant se trouvent considérablement affectés, voir même en danger.

Le syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) a publié le 20 septembre 2018 un article dénoncent le danger qui plane sur les Centres de réadaptation en déficience intellectuelle et trouble du spectre de l’autisme (CRDITSA)[2]. Autrement dit, une problématique grave est présente dans ces centres, autant pour le personnel que pour les usagers. Un manque criant de ressources, autant humaine qu’économique, ainsi qu’une désorganisation institutionnelle grandissante place les travailleurs de ces centres dans des conditions extrêmes. Les situations d’augmentation des congés de maladies, de travailleurs qualifiés qui démissionnent, voir même deviennent invalident ne sont pas surprenante et anodine avec la réforme engendrée par se cher ministre Barrette. Des individus qui sont peu, ou aucunement expérimentés prennent les commandes, sans personnel de référence la plupart du temps, ce qui entraine des répercussions immenses. Les patients de ces centres ont besoins d’encadrement et de soins particuliers, ce qui signifie que les travailleurs doivent leur consacrer du temps, or, ils n’en ont pas. Le manque de personnels, le nombre d’heures supplémentaires effectué par les employés, ainsi que l’augmentation de la pression venant des usagées constituent un cocktail explosif pour les salariés des CRDITSA.

Le SCFP n’est pas le premier syndicat à s’indigner devant de telles conditions de travail. La fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ) dénonce elle aussi des conditions semblables. De plus, depuis l’implantation de la réforme, un nombre important de publication défile autant dans les journaux que sur les réseaux sociaux et dénonce une problématique semblable que ceux évoqués par le SCFP. On peut penser, entre autres, à un message, publié via Facebook, d’une jeune infirmière à la fin janvier 2018. [3]Vraisemblablement troublée par ses conditions de travail, elle livre un message poignant dans lequel elle s’adresse ironiquement au ministre de la santé. Les propos tenu par cette jeune infirmière sont devenus viral et ont touché un nombre considérable de Québécois. La jeune femme va même jusqu’à remettre son métier en question vu la gravité de la situation : « Je suis brisée par mon métier, j’ai honte de la pauvreté des soins que je prodigue dans la mesure du possible. Mon système de santé est malade et mourrant. »[4]. La conclusion de son message résume parfaitement ce que vivent beaucoup de professionnels de la santé : « Je pense pas être la seule qui est démolie par la réalité des soins infirmiers, on a même pu le temps de soigner. Les employés tombent comme des mouches. Le mal est physique et mental. Mais hey, la réforme est un succès. »[5]

Travaillant moi-même dans le système de la santé, les propos tenus par cette jeune femme, ainsi que le SCFP ne sont en rien exagéré. L’intensification du travail engendré par la réforme crée une réelle souffrance au travail, trop souvent ignoré par les cadres.  Ceci est dû, entre autre, à la centralisation des centres de santé et de services sociaux, ou ceux qui dirigent les départements ont une très vague idée des réels besoins sur le terrain. Dans sa définition moderne, le travail se veut vecteur de liberté et d’émancipation. Or, lorsque le travail mène ses employés vers la maladie, l’émancipation et la liberté n’est pas tellement envisageable. J’ai de la difficulté à comprendre le paradoxe. Comment peut-ont considéré comme normal un système de santé qui transforme ses travailleurs, qui constitue le noyau central de ce même système, en usagées ?

Malgré l’amélioration considérable des milieux de travail depuis la révolution industrielle, entre autre avec les lois du Travail et les syndicats, de grandes lacunes sont toujours présentes et certains secteurs d’activités sont d’avantages affectés. Sur le plan politique, l’évolution d’un État-providence vers un État-néolibéral n’est pas anodine à la situation. Le détachement émotionnel dans un modèle purement rationnel et orienter sur le profit et la production peut avoir des conséquences désastreuses sur la population. Dans une société ou l’économie prime sur toute les sphères, y compris sur la santé, qui elle, constitue un élément central à la vie humaine, un questionnement sur les priorités et les valeurs s’impose, surtout dans une société présentement en période électoral.

Par Bianca Deschênes




[1] Coalition Solidarité Santé, La réforme Barrette : une énième réforme pour réduire le système public de santé et de services sociaux au profit du privé, 2017, En ligne au http://www.cssante.com/node/508, page consulté le 21 septembre 2018.
[2] Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP), Personnel et clientèle autiste ou déficiente intellectuelle en danger dans les CRDI, 20 septembre 2018, En ligne au http://scfp.qc.ca/personnel-et-clientele-autiste-ou-deficiente-intellectuelle-en-danger-dans-les-crdi/, page consulté le 20 septembre 2018
[3] Touzin, Caroline, Le cri du cœur d’une jeune infirmière devient viral, 30 janvier 2018, En ligne au http://www.lapresse.ca/actualites/sante/201801/30/01-5151988-le-cri-du-coeur-dune-jeune-infirmiere-devient-viral.php, page consulté le 22 septembre 2018
[4] Ricard, Émilie, La réforme du système de la santé est un succès, 29 janvier 2018, En ligne au https://www.facebook.com/emilie.ricard.7/posts/10156149686128966, page consulté le 22 septembre 2018
[5] Ibid.

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