La réforme du système de santé au Québec en 2015 a
fait des ravages. C’est à ce moment, avec son implantation, que « débute la plus grande entreprise de
privation du système public de santé et de services sociaux québécois. »[1]La
réforme du ministre Barrette a eu un effet boule de neige sur le système de la
santé et la gravité des conséquences ne cesse de croître. Les usagers, ainsi
que les individus y travaillant se trouvent considérablement affectés, voir
même en danger.
Le syndicat canadien
de la fonction publique (SCFP) a publié le 20 septembre
2018 un article dénoncent le danger qui plane sur les Centres de réadaptation en déficience
intellectuelle et trouble du spectre de l’autisme (CRDITSA)[2]. Autrement
dit, une problématique grave est présente dans ces centres, autant pour le
personnel que pour les usagers. Un manque criant de ressources, autant humaine
qu’économique, ainsi qu’une désorganisation institutionnelle grandissante place
les travailleurs de ces centres dans des conditions extrêmes. Les situations
d’augmentation des congés de maladies, de travailleurs qualifiés qui
démissionnent, voir même deviennent invalident ne sont pas surprenante et
anodine avec la réforme engendrée par se cher ministre Barrette. Des individus qui
sont peu, ou aucunement expérimentés prennent les commandes, sans personnel de
référence la plupart du temps, ce qui entraine des répercussions immenses. Les
patients de ces centres ont besoins d’encadrement et de soins particuliers, ce
qui signifie que les travailleurs doivent leur consacrer du temps, or, ils
n’en ont pas. Le manque de personnels, le nombre d’heures supplémentaires
effectué par les employés, ainsi que l’augmentation de la pression venant des
usagées constituent un cocktail explosif pour les salariés des CRDITSA.
Le SCFP
n’est pas le premier syndicat à s’indigner devant de telles conditions de
travail. La fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ) dénonce
elle aussi des conditions semblables. De plus, depuis l’implantation de la
réforme, un nombre important de publication défile autant dans les journaux que
sur les réseaux sociaux et dénonce une problématique semblable que ceux
évoqués par le SCFP. On peut penser, entre autres, à un message, publié via Facebook, d’une jeune infirmière à la
fin janvier 2018. [3]Vraisemblablement
troublée par ses conditions de travail, elle livre un message poignant dans
lequel elle s’adresse ironiquement au ministre de la santé. Les propos
tenu par cette jeune infirmière sont devenus viral et ont touché un nombre
considérable de Québécois. La jeune femme va même jusqu’à remettre son
métier en question vu la gravité de la situation : « Je suis
brisée par mon métier, j’ai honte de la pauvreté des soins que je prodigue dans
la mesure du possible. Mon système de santé est malade et mourrant. »[4]. La
conclusion de son message résume parfaitement ce que vivent beaucoup de
professionnels de la santé : « Je pense pas être la
seule qui est démolie par la réalité des soins infirmiers, on a même pu le
temps de soigner. Les employés tombent comme des mouches. Le mal est physique
et mental. Mais hey, la réforme est un succès. »[5]
Travaillant
moi-même dans le système de la santé, les propos tenus par cette jeune femme,
ainsi que le SCFP ne sont en rien
exagéré. L’intensification du travail engendré par la réforme crée une réelle
souffrance au travail, trop souvent ignoré par les cadres. Ceci est dû, entre autre, à la centralisation
des centres de santé et de services sociaux, ou ceux qui dirigent les
départements ont une très vague idée des réels besoins sur le terrain.
Dans sa définition moderne, le travail se veut vecteur de liberté et
d’émancipation. Or, lorsque le travail mène ses employés vers la maladie,
l’émancipation et la liberté n’est pas tellement envisageable. J’ai de la
difficulté à comprendre le paradoxe. Comment peut-ont considéré comme normal un
système de santé qui transforme ses travailleurs, qui constitue le noyau
central de ce même système, en usagées ?
Malgré
l’amélioration considérable des milieux de travail depuis la révolution
industrielle, entre autre avec les lois du Travail et les syndicats, de grandes
lacunes sont toujours présentes et certains secteurs d’activités sont
d’avantages affectés. Sur le plan politique, l’évolution d’un État-providence
vers un État-néolibéral n’est pas anodine à la situation. Le détachement
émotionnel dans un modèle purement rationnel et orienter sur le profit et la
production peut avoir des conséquences désastreuses sur la population. Dans une
société ou l’économie prime sur toute les sphères, y compris sur la santé, qui
elle, constitue un élément central à la vie humaine, un questionnement sur les
priorités et les valeurs s’impose, surtout dans une société présentement en
période électoral.
Par Bianca Deschênes
[1] Coalition Solidarité Santé, La réforme Barrette : une énième
réforme pour réduire le système public de santé et de services sociaux au
profit du privé, 2017, En ligne au http://www.cssante.com/node/508,
page consulté le 21 septembre 2018.
[2] Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP), Personnel et
clientèle autiste ou déficiente intellectuelle en danger dans les CRDI, 20
septembre 2018, En ligne au http://scfp.qc.ca/personnel-et-clientele-autiste-ou-deficiente-intellectuelle-en-danger-dans-les-crdi/, page consulté le 20 septembre 2018
[3] Touzin, Caroline, Le cri du cœur d’une jeune infirmière devient viral,
30 janvier 2018, En ligne au http://www.lapresse.ca/actualites/sante/201801/30/01-5151988-le-cri-du-coeur-dune-jeune-infirmiere-devient-viral.php,
page consulté le 22 septembre 2018
[4] Ricard, Émilie, La
réforme du système de la santé est un succès, 29 janvier 2018, En ligne au https://www.facebook.com/emilie.ricard.7/posts/10156149686128966, page consulté le 22 septembre 2018
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