Il semble qu’à l’intérieur d’un
monde où la main-d’œuvre la moins qualifiée se retrouve dans une situation de
plus en plus précaire, ou comme le dirait les entreprises de plus en plus
flexible, un nombre grandissant d’individus doit occuper plus d’un emploi.
Cette flexibilité précaire de la force de travail s’illustre fortement dans les
entreprises comme Uber à l’aide de laquelle n’importe quel individu peut s’improviser
ou se qualifier comme chauffeur de taxi. Capitalisant sur cette même précarité,
d’autres services faisant appel à des travailleurs sans véritable qualification
émergent. C’est le cas d’Instacart et Postmates qui sont des services de
livraison qui tâchent de livrer pratiquement n’importe quel objet à n’importe
qui et par n’importe qui qui applique à l’emploi.
Ainsi,
ce que proposent ces entreprises, c’est un service personnalisé de livraison de
toutes sortes d’objets, principalement dans le domaine de l’alimentation. Il
est donc possible de se faire livrer, et ce en moins d’une heure, quantité de
nourriture à prix et à qualité différentes. L’article explique que de telles entreprises ont déjà
existé dans le passé, environ dix années auparavant, et qu’elles ont fait
faillites en raison du rapport coût bénéfice qui n’était pas profitable. Deux
différences fondamentales séparent Instacart et Postmates de leurs ancêtres. Premièrement,
les entreprises précédentes proposaient leurs propres produits qu’ils entreposaient
eux-mêmes. Ceci limitait grandement les choix possibles, car d’immenses
entrepôts étaient nécessaires afin de conserver et de garder tous les produits
offerts. Cette erreur ne s’est pas perpétuée chez Postmates, le cofondateur Bastian
Lehmann expliquant que : «La
ville est notre entrepôt» (Rob Lever, 2014). Ce qu’il veut dire, c’est que Postmates
se rend directement à la source. Par exemple, un habitant de Washington qui
choisit de commander un shawarma ou un autre met exotique peut le faire dans un
restaurant qui n’offre pas de service de livraison et un employé de Postmates s’y
rendra, commandera le plat, puis viendra l’apporter au client dans un laps de
temps d’une heure ou moins. Les livraisons ont un prix de base de cinq dollars
et peuvent monter, dépendamment du trajet que l’employé doit accomplir. Deuxièmement, l'Internet a accédé un tout autre niveau de popularité et surtout d'accessibilité. Avec les téléphones intelligents qui ont envahi massivement les poches des consommateurs, jamais commander en ligne n'a été aussi facile et aussi populaire. La comparaison entre les offres se fait rapidement et efficacement et un service centralisé comme Postmates permet justement au client d'exprimer sa rationalité individuelle.
Il importe également de s’étendre un
peu sur les employés en question. Bastian Lehmann souligne que plusieurs des
employés occupent d’autres fonctions, comme par exemple des étudiants, des
musiciens, des artistes, etc. Par le fait même, ces occupations sont bien
souvent signe de précarité et un emploi chez Postmates ne leurs ouvrent aucune
possibilité réelle de carrière, du moins au sens traditionnel du terme (avec
avancements et stabilité). La compagnie souligne que cette main d’œuvre flexible
et non qualifiée apprécie fortement les emplois qu’elle offre en raison des
horaires personnalisables et non-orthodoxes qu’elle propose. Les employés de
Postmates partagent ainsi une précarité commune par laquelle ils savent très
bien qu’une quelconque lutte avec l’employeur signerait sa fin de contrat avec
l’entreprise, celle-ci disposant certainement d’un énorme bassin éternellement
(du moins avec les législations américaines) renouvelable de recrutement d’individus.
Par-delà les enjeux reliés
directement à la précarité, une entreprise comme Postmates pourrait constituer
une véritable menace à des petits commerçants et à leur propre main-d’œuvre s’ils
voient une partie de leur chiffre d’affaires diminué par ce nouveau concurrent
inattendu. Ils ne disposent également pas de moyens légaux pour se défendre
face à cette forme de centralisation de la livraison, Postmates étant considéré
comme des clients. De plus, si certains restaurants choisissent de ne pas offrir
de livraison mais plutôt des repas à emporter, il y a possiblement une logique
derrière ce choix qui est spectaculairement ignorée par les entreprises de
livraison. Le pire, c’est que la
nébulosité autour des prix de livraison, soit de cinq dollars ou plus selon la
longueur du déplacement, pourrait faire en sorte qu’un client passant par
Postmates se retrouve à payer plus cher que s’il faisait le choix de faire directement
affaire avec la compagnie.
En somme, l’apparition d’entreprises
spécialisées en livraison et à la main-d’œuvre précaire s’observe et semble
être un mouvement en croissance. Celui-ci est déjà une réalité n’attendant que
des entrepreneurs motivés afin de faire son apparition au Canada.
Article: http://techno.lapresse.ca/nouvelles/201410/30/01-4814207-les-livraisons-a-domicile-explosent-aux-etats-unis-grace-a-internet.php
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