mardi 11 novembre 2014

« Japon : amende record suite à un suicide »

L'article « Japon : amende record suite à un suicide » paru dans le Figaro révèle qu'un tribunal japonais a ordonné à une chaîne de restauration et deux de ses dirigeants de payer l'équivalent de 400.000 euros de dommages à la famille d'un homme qui s'était tué de fatigue après avoir effectué près de 200 heures de travail supplémentaires par mois. La cour de Tokyo juge le patron de la société Sun Challenge et un autre responsable coupable de ne pas avoir mis fin à cette surcharge de travail. Selon le juge Akira Yamada « Un travail sans relâche et un harcèlement hiérarchique sont à l'origine des troubles mentaux qui ont conduit la victime à se donner la mort", a déclaré le juge Akira Yamada, selon les propos rapportés par l'agence de presse Kyodo.
Avant son suicide en 2010, le jeune homme âgé de 24 ans avait commencé à travailler chez Sun Challenge en 2007 et avait été nommé à la tête d'un des restaurant de la chaîne en 2009. D’après les faits relatés par l'article, durant les sept derniers mois avant son suicide, il avait effectué environ 190 heures supplémentaires par mois et avait pris seulement deux jours de congés.
"Le verdict est une décision qui fera date et devrait encourager les travailleurs en souffrance à se défendre", a déclaré l'avocat de la famille.

Devant ces faits, j'ai trouvé que, bien évidemment, la peine infligée au patron de la société Sun Challenge et à un autre responsable est juste.
Cependant, je pense que le problème des suicides au travail doit être traité et analysé au delà des sanctions juridiques. Certes, cette amende doit être imposée et est nécessaire mais l'Etat doit prendre le problème sous un autre angle et ne pas se contenter simplement de donner des sanctions matérielles.
La mentalité japonaise de dévouement à l'entreprise perdure poussant ainsi de nombreux salariés à accepter de trimer au détriment de leur famille et de leur santé, au risque parfois d'y perdre la vie. La culture japonaise fait une place immense au travail. Les entreprises japonaise étaient réputées pour être très peu inventives mais efficaces. Actuellement, cette idée est fausse puisque le Japon est le roi sur le marché des nouvelles technologies.
Les entreprises sont très exigeantes et sévères mais cela ne choquent pas les japonais car ils sont habitués, dés leur plus jeune âge, à être très assidus au travail. Ils reçoivent une socialisation qui leur donne goût au travail. Par exemple, les films de Miyasaki reflètent très bien ce dévouement au travail. Dans « Le voyage de Chihiro », Miyasaki, à travers son personnage Kamaji, symbole du travailleur accompli, reflète parfaitement cette culture du travail. Il travaille sans cesse, 24 heures sur 24, même quand il dort. Il est aidé de petites boules de suies qui exercent un travail extrêmement pénible sans pratiquement jamais s'arrêter non plus.

Sans vouloir remettre en question cette culture japonaise du dévouement au travail, l'Etat doit faire en sorte de changer les mentalités et de mettre en garde tous les travailleurs contre ce fléau. Il ne s'agit pas d'appliquer seulement des lois qui encadreraient le travail. En effet, l'article « Assez » de Camille Ory révèle que 
la diminution du temps de travail, que des environnements plus sûrs et plus confortables ou encore que des salaires plus élevés n'ont pas fait diminuer le suicide puisque c'est un problème contemporain. C'est en effet, l'accroissement du capitalisme ou la compétitivité est le maître mot qui a entraîné les travailleurs à se surpasser, au détriment de leur santé physique et psychologique et pouvant les pousser parfois à l'impensable c'est à dire au suicide.
Ce dernier est un sujet tabou dans toutes les sociétés occidentales et ceci même si le travail ne forme pas l'objectif ultime de réussite sociale comme au Japon. Par exemple, en France, l'entreprise Orange a connu une vague de suicides ces dernières années, 11 suicides en 2013 et 10 en début d'années 2014. Il est urgent de mettre en place des politiques de sensibilisations au suicide, de rendre ce sujet socialement permis. Les tabous empêchent toute personnes dans la détresses de s'exprimer sur les dérives et problèmes des entreprises. Ainsi, sans dialogue ou dénonciation de ces formes de travail inhumaines, aucune avancée ne peut voir le jour.


Laura Tartas. 

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