Les conditions du travail, à
partir du 19e siècle, ont connu une tournure importante. Les
environnements de travail sont devenus beaucoup plus confortables et agréables,
les salaires sont devenus plus élevés,
sans compter d’autres changements comme le temps du travail qui est plus ou
moins diminué, etc. Malgré ces transformations massives qui ont permis
d’amélioration les conditions de travail, le stress des salariés ne cesse
d’augmenter. Cela est, en partie, causé par la pression de plus en plus
grandissante des employeurs dans le but d’augmenter la production afin d’avoir
plus de profit. Les transformations matérielles du travail n’ont donc pas, en
effet, pu atténuer les problèmes psychologiques. Si les problèmes concernant
les conditions de travail semblent réglés, ceux qui sont psychologiques, eux,
sont loin de l’être.
Le
stress au travail ne fait qu'augmenter au point de devenir un problème de
société et de santé publique. Bien
que tout le monde ne soit pas concerné au même degré, la sensation du mal être
au travail, notamment le stress, l’anxiété ou la dépression, touche toutes les
catégories professionnelles quelque soit l’agréabilité de l’environnement dans
lequel l’on travail. « On peut
être cadre ou employé, disposer d’un environnement agréable de travail, et
vivre très mal sa condition de salarié, enfermé dans un stress […] »[1]. Nous
avons vu à quel point les conditions de travail se sont nettement améliorées
durant le siècle dernier, du point de vue de la pénibilité physique de la
plupart des métiers. En effet avec la tertiarisation et la naissance de
nouvelles technologies on est passé de l’homme usine à l’homo computérus (l’homme assis sur une chaise et concentré sur un
écran). Cette nouvelle conception du travail de l’homme peut, dans certaines
mesures, être nocive pour la santé des travailleurs. « […] La vie de
bureau, telle qu’elle est pratiquée à grande échelle aujourd’hui, peut dans
certaines conditions devenir oppressives pour la santé physique et mentale des
salariés. »[2].
Le stress au travail est un
phénomène très présent et inquiétant dans la vie des travailleurs. Ce débat
concernant le mal-être en milieu professionnel a visiblement plongé les
pouvoirs publics dans un certain embarras. En effet, malgré les rapports et les
mesures lancées par ces pouvoirs publics, les prises de décisions, les alertes,
etc., le niveau de stress des actifs ne cesse d'augmenter. Le stress en
générale, et plus particulièrement, le stress au travail qui reste constant,
constitue un phénomène dangereux dans la mesure où il peut être la cause de
nombreuses maladies. Ce stress est causé par les délais, les restructurations,
les emplois du temps surchargés, la compétition, la pression relationnelle
et/ou psychologique, les conflits de pouvoir, la précarité, les
harcèlements sexuelles, le manque de repos, etc. Ces sources de stress sont des
situations qu'il n'est pas toujours possible d'éviter ou d'éliminer, des
situations qui sont constamment, voire inévitablement rencontrées dans un
travail.
A chaque fois que nous nous
retrouvons face à une situation nouvelles qui exige un effort d'adaptation et
que nous devons l’affronter, nous sommes stressés. Afin de préparer le corps à
l'action, c’est à dire à faire face aux menaces, l’organisme produit des
réactions nerveuses et hormonales. Les fonctions cardiaque et respiratoire sont
stimulées et l'oxygénation du cerveau est intensifiée. Lorsque la pression est
très forte, la mécanique se dérègle et se déclenche subitement, de façon
inattendue, sur un simple appel impropice, une remarque désagréable. Récurrent
et incontrôlé, le stress détruit à court et à long terme. Il altère la fonction
cardiaque, fait monter la pression artérielle, contracte les muscles et
affaiblit les défenses immunitaires. Il augmente, de ce fait, le risque
d'infarctus, provoque des maladies musculo-squelettiques, favorise les
invasions microbiennes ainsi que le développement des tumeurs. Il est également
source d’ulcères, il aggrave les allergies et altère le fonctionnement de la
mémoire de façon à faire, prématurément, vieillir le cerveau. Ce n’est pas
tout: il engendre aussi de la fatigue chronique, de l’anxiété, de la dépression,
et même des gestes désespérés comme, par exemple, le suicide. Cette réaction
qui est source de nombreux dysfonctionnements physiques des individus, a
également, de quoi perturber le fonctionnement des entreprises. Et cela se fait
à travers la sérieuse perturbation de l'efficacité de ces employés. « Le stress
serait à l'origine de 50 à 60 % de l'ensemble des journées perdues. Et son
coût social, selon l'Institut national de recherche et de sécurité (INRS), est
évalué entre 830 millions et 1,656 milliard d'euros par an. »[3]
Il existe, quand même,
des moyens permettant aux salariés de réduire ou de bien géré cette réaction
naturelle de notre organisme, destinée à nous adapter aux menaces et aux
contraintes de notre environnement. Des stratégies tant individuelles, que du
coté de l’entreprise, sont mises en œuvre pour contrer le stress. Sur le plan
individuel, le travailleur renforce sa résistance au stress en faisant des exercices
physiques, en ayant une alimentation équilibrée et en respectant ses heures de
sommeil. Les méthodes de relaxation, qui associent détente physique, état de
concentration et exercices de respiration, comme la technique de Jacobson, le
yoga, la méditation de pleine conscience, etc., sont également de bonnes
stratégies. D’autres méthodes mises en œuvre par certaines entreprises, pour la
gestion du stress, semblent faire la preuve de leur efficacité dans le
bien-être et la performance au travail. Il s’agit des méthodes qui consistent à
donner aux salariés les moyens de se réaliser dans leur mission
professionnelle. Ils essayent en diversifiant les tâches, en les faisant
participer aux décisions, en donnant du sens à leur travail; en mettant en
place des initiatives qui ont pour effet d'augmenter l'estime de soi, de
motiver et d'encourager l'envie de progresser dans leur savoir-faire. Bon
nombre d'entreprises cherchent à améliorer les conditions de vie de leurs
salariés, en mettant à leur disposition des salles de sport, cafétérias et
autres séances de massage. Sans oublier les entretiens avec le directeur des
ressources humaines et même des numéros verts garantissant l'anonymat pour
dévoiler malaises et drames. Les pouvoirs publics qui s’inquiètent beaucoup
pour ce phénomène ne restent pas, aussi, bouche B. En effet selon l’article, il
a été mis en place, en 2009, un plan d'urgence sur la prévention du stress pour
les grandes entreprises. En plus de cela, un rapport du Conseil économique,
social et environnemental (CESE) plaidait pour que la prévention des risques
psychosociaux devienne un enjeu majeur de la santé publique.
Cependant, selon le
Dr français Patrick Légeron, il vaut mieux prévenir que guérir. Pour lui, le
bon remède n'est pas de, tout simplement, traiter les symptômes en accompagnant
les personnes qui vont déjà mal, mais de prévenir le mal-être. Et ce mal-être
proviendrait, selon l’article, de la surcharge de travail, de la pression
hiérarchique, de l'organisation du travail et des restructurations, les
entreprises devant sans cesse évoluer et s'adapter. Les salariés sont
contraints de remplir des objectifs de performance, mais n'ont que peu
d'autonomie pour y parvenir. Et, avec les nouveaux modes d'organisation du travail,
les relations sociales sont devenues plus tendues.
Sahairatou Ousseini A.
[1] Durand, Jean
Pierre. 2004. « Introduction » et « Fragmentation des marchés du
travail et mobilisation des salariés », dans la chaine invisible,
travailler aujourd’hui : flux tendu et servitude volontaire, Editions du
Seuil, Paris. P.11
[2] Pierre-Henri,
D’Argenson, « Souffrance au travail : ce qui a changé », 2010,
p.106.
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