vendredi 7 novembre 2014

Bonjour Maladie!



Les conditions du travail, à partir du 19e siècle, ont connu une tournure importante. Les environnements de travail sont devenus beaucoup plus confortables et agréables, les salaires sont  devenus plus élevés, sans compter d’autres changements comme le temps du travail qui est plus ou moins diminué, etc. Malgré ces transformations massives qui ont permis d’amélioration les conditions de travail, le stress des salariés ne cesse d’augmenter. Cela est, en partie, causé par la pression de plus en plus grandissante des employeurs dans le but d’augmenter la production afin d’avoir plus de profit. Les transformations matérielles du travail n’ont donc pas, en effet, pu atténuer les problèmes psychologiques. Si les problèmes concernant les conditions de travail semblent réglés, ceux qui sont psychologiques, eux, sont loin de l’être.


Le stress au travail ne fait qu'augmenter au point de devenir un problème de société et de santé publique. Bien que tout le monde ne soit pas concerné au même degré, la sensation du mal être au travail, notamment le stress, l’anxiété ou la dépression, touche toutes les catégories professionnelles quelque soit l’agréabilité de l’environnement dans lequel l’on travail. « On peut être cadre ou employé, disposer d’un environnement agréable de travail, et vivre très mal sa condition de salarié, enfermé dans un stress […] »[1]. Nous avons vu à quel point les conditions de travail se sont nettement améliorées durant le siècle dernier, du point de vue de la pénibilité physique de la plupart des métiers. En effet avec la tertiarisation et la naissance de nouvelles technologies on est passé de l’homme usine à l’homo computérus (l’homme assis sur une chaise et concentré sur un écran). Cette nouvelle conception du travail de l’homme peut, dans certaines mesures, être nocive pour la santé des travailleurs. « […] La vie de bureau, telle qu’elle est pratiquée à grande échelle aujourd’hui, peut dans certaines conditions devenir oppressives pour la santé physique et mentale des salariés. »[2].


Le stress au travail est un phénomène très présent et inquiétant dans la vie des travailleurs. Ce débat concernant le mal-être en milieu professionnel a visiblement plongé les pouvoirs publics dans un certain embarras. En effet, malgré les rapports et les mesures lancées par ces pouvoirs publics, les prises de décisions, les alertes, etc., le niveau de stress des actifs ne cesse d'augmenter. Le stress en générale, et plus particulièrement, le stress au travail qui reste constant, constitue un phénomène dangereux dans la mesure où il peut être la cause de nombreuses maladies. Ce stress est causé par les délais, les restructurations, les emplois du temps surchargés, la compétition, la pression relationnelle et/ou psychologique, les conflits de pouvoir, la précarité, les harcèlements sexuelles, le manque de repos, etc. Ces sources de stress sont des situations qu'il n'est pas toujours possible d'éviter ou d'éliminer, des situations qui sont constamment, voire inévitablement rencontrées dans un travail.


A chaque fois que nous nous retrouvons face à une situation nouvelles qui exige un effort d'adaptation et que nous devons l’affronter, nous sommes stressés. Afin de préparer le corps à l'action, c’est à dire à faire face aux menaces, l’organisme produit des réactions nerveuses et hormonales. Les fonctions cardiaque et respiratoire sont stimulées et l'oxygénation du cerveau est intensifiée. Lorsque la pression est très forte, la mécanique se dérègle et se déclenche subitement, de façon inattendue, sur un simple appel impropice, une remarque désagréable. Récurrent et incontrôlé, le stress détruit à court et à long terme. Il altère la fonction cardiaque, fait monter la pression artérielle, contracte les muscles et affaiblit les défenses immunitaires. Il augmente, de ce fait, le risque d'infarctus, provoque des maladies musculo-squelettiques, favorise les invasions microbiennes ainsi que le développement des tumeurs. Il est également source d’ulcères, il aggrave les allergies et altère le fonctionnement de la mémoire de façon à faire, prématurément, vieillir le cerveau. Ce n’est pas tout: il engendre aussi de la fatigue chronique, de l’anxiété, de la dépression, et même des gestes désespérés comme, par exemple, le suicide. Cette réaction qui est source de nombreux dysfonctionnements physiques des individus, a également, de quoi perturber le fonctionnement des entreprises. Et cela se fait à travers la sérieuse perturbation de l'efficacité de ces employés. « Le stress serait à l'origine de 50 à 60 % de l'ensemble des journées perdues. Et son coût social, selon l'Institut national de recherche et de sécurité (INRS), est évalué entre 830 millions et 1,656 milliard d'euros par an. »[3]

Il existe, quand même, des moyens permettant aux salariés de réduire ou de bien géré cette réaction naturelle de notre organisme, destinée à nous adapter aux menaces et aux contraintes de notre environnement. Des stratégies tant individuelles, que du coté de l’entreprise, sont mises en œuvre pour contrer le stress. Sur le plan individuel, le travailleur renforce sa résistance au stress en faisant des exercices physiques, en ayant une alimentation équilibrée et en respectant ses heures de sommeil. Les méthodes de relaxation, qui associent détente physique, état de concentration et exercices de respiration, comme la technique de Jacobson, le yoga, la méditation de pleine conscience, etc., sont également de bonnes stratégies. D’autres méthodes mises en œuvre par certaines entreprises, pour la gestion du stress, semblent faire la preuve de leur efficacité dans le bien-être et la performance au travail. Il s’agit des méthodes qui consistent à donner aux salariés les moyens de se réaliser dans leur mission professionnelle. Ils essayent en diversifiant les tâches, en les faisant participer aux décisions, en donnant du sens à leur travail; en mettant en place des initiatives qui ont pour effet d'augmenter l'estime de soi, de motiver et d'encourager l'envie de progresser dans leur savoir-faire. Bon nombre d'entreprises cherchent à améliorer les conditions de vie de leurs salariés, en mettant à leur disposition des salles de sport, cafétérias et autres séances de massage. Sans oublier les entretiens avec le directeur des ressources humaines et même des numéros verts garantissant l'anonymat pour dévoiler malaises et drames. Les pouvoirs publics qui s’inquiètent beaucoup pour ce phénomène ne restent pas, aussi, bouche B. En effet selon l’article, il a été mis en place, en 2009, un plan d'urgence sur la prévention du stress pour les grandes entreprises. En plus de cela, un rapport du Conseil économique, social et environnemental (CESE) plaidait pour que la prévention des risques psychosociaux devienne un enjeu majeur de la santé publique.

Cependant, selon le Dr français Patrick Légeron, il vaut mieux prévenir que guérir. Pour lui, le bon remède n'est pas de, tout simplement, traiter les symptômes en accompagnant les personnes qui vont déjà mal, mais de prévenir le mal-être. Et ce mal-être proviendrait, selon l’article, de la surcharge de travail, de la pression hiérarchique, de l'organisation du travail et des restructurations, les entreprises devant sans cesse évoluer et s'adapter. Les salariés sont contraints de remplir des objectifs de performance, mais n'ont que peu d'autonomie pour y parvenir. Et, avec les nouveaux modes d'organisation du travail, les relations sociales sont devenues plus tendues.



Sahairatou Ousseini A.

[1] Durand, Jean Pierre. 2004. « Introduction » et « Fragmentation des marchés du travail et mobilisation des salariés », dans la chaine invisible, travailler aujourd’hui : flux tendu et servitude volontaire, Editions du Seuil, Paris. P.11
[2] Pierre-Henri, D’Argenson, « Souffrance au travail : ce qui a changé », 2010, p.106.

Aucun commentaire:

Publier un commentaire