L’alternative des
Systèmes d’Echange Local (S.E.L) : une nouvelle forme d’action collective
Ce
mois de novembre met à l'honneur l'économie sociale et solidaire en France en
organisant une série d'évènements qui mettent l'accent sur les initiatives qui
existent partout dans le monde. C'est l'occasion pour le magazine mensuel
Alternatives Economiques de revenir sur ce phénomène qui se développe et qui
propose une alternative à notre économie capitaliste (1). Le mouvement
d'économie sociale et solidaire bien que récent, occupait en 2011 près de 15
millions de salariés soit 6,5% de la population active (2). Quant aux
coopératives, l'Alliance coopérative internationale estime qu'elles emploient
près de 100 millions de personnes dans le monde. L'économie sociale trouve sa
source dans les zones francophones principalement, comme la France et le Quebec
mais s'est aussi expérimentée dans les zones latines telle que l'Amérique du
Sud. Les organisations, quelles soient sous forme de coopératives ou d'associations,
permettent de repenser le rapport à l'emploi, à l'économie, à l'action
collective ainsi que la place du social et de la solidarité à l'heure où
l'attrait pour le profit domine et où les solidarités familiales s'effritent.
Il
est intéressant d'aborder ce sujet dans le cadre de ce cours et ce pour deux
raisons à savoir l'emploi et l'action collective. D'abord, parce que l'économie
sociale et solidaire donne la priorité à l'emploi et aux individus plutôt qu'à
l'accumulation du capital. Les coopératives font de la création d'emploi un de
leurs objectifs principaux tandis que les associations permettent aux individus
désaffiliés de retrouver une intégration sociale par l'activité économique.
Ensuite parce que le mouvement solidaire et social s'inscrit dans la lignée des
actions collectives mises en place pour lutter contre l'économie marchande.
Sur
ce même modèle d'initiative, on retrouve par exemple les Systèmes d'Echange
Local (S.E.L, français) aussi connus sous le terme L.E.T.S dans les pays anglo-saxons,
Local Exchange and Trading System qui se veulent être une alternative locale
aux pratiques économiques dominantes. Le principe des S.E.L est d'offrir à tous
la possibilité d'accéder à des biens matériels sans condition financière ainsi
que de remettre la solidarité à l'ordre du jour à travers des échanges non
marchands. Les S.E.L se différencient de l'économie sociale et solidaire
puisqu'ils ne se soumettent à aucun impératif économique (la création d'emploi
par exemple) et n'utilisent aucun instrument financier classique (usage d'une
unité de compte locale).
Mais
les S.E.L présentent ce même intérêt de traiter les problématiques de l'emploi
et de l'action collective. Au sein de cette organisation, le statut
professionnel ne compte plus, il n'y a pas de hiérarchisation des métiers mais
plutôt une mise à égalité de toutes les compétences dans l'idée d'une plus
grande coopération. Le service d'un mécanicien sera équivalent au service d'un
comptable, puisqu'une heure de l'un est égale à une heure de l'autre. En cela
l'ordre marchand est remis en cause, ce qui inscrit également les S.E.L dans
une action collective plutôt révolutionnaire. L'action collective était définie
par Olson comme une action de groupe commune et concertée ayant pour but
d'atteindre des objectifs communs, renforcée par des liens identitaires forts
assurant l'unité du groupe ainsi que par des obligations morales de solidarité
et de loyauté au groupe. Cette définition correspond tout à fait aux S.E.L,
dont la vocation est de lutter contre le système en place grâce à
l'expérimentation et à la mise en pratique d'un nouveau cadre d'échanges
non-marchands, appuyé par une monnaie locale unique détachée des règles
capitalistes. Les différents groupes, associations pour la plupart, participent
à la lutte au niveau local, dans l’espoir d’étendre un jour leur projet une
échelle plus globale.
En
proposant une alternative à l’économie actuelle, les adhérents aux S.E.L ont su
faire preuve d’imagination et d’organisation dans l’optique de créer un mode de
vie plus solidaire et plus égalitaire.
A
l’heure où l’économie et la création de lien social peuvent sembler
antagonistes, les S.E.L font de la combinaison des deux leur mission. Et, en se
basant sur une critique de l’argent, aujourd'hui recherché pour ce qu’il est et
non pour les échanges qu’il permet, ils en proposent une réhabilitation. Ce type
d’action collective englobe et régule l’activité de ses membres et tous, peu
importe leur statut professionnel, peuvent s’engager et participer dans l’optique
de créer un environnement tout simplement plus humain.
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