mardi 11 novembre 2014

L’alternative des Systèmes d’Echange Local (S.E.L) : une nouvelle forme d’action collective

Ce mois de novembre met à l'honneur l'économie sociale et solidaire en France en organisant une série d'évènements qui mettent l'accent sur les initiatives qui existent partout dans le monde. C'est l'occasion pour le magazine mensuel Alternatives Economiques de revenir sur ce phénomène qui se développe et qui propose une alternative à notre économie capitaliste (1). Le mouvement d'économie sociale et solidaire bien que récent, occupait en 2011 près de 15 millions de salariés soit 6,5% de la population active (2). Quant aux coopératives, l'Alliance coopérative internationale estime qu'elles emploient près de 100 millions de personnes dans le monde. L'économie sociale trouve sa source dans les zones francophones principalement, comme la France et le Quebec mais s'est aussi expérimentée dans les zones latines telle que l'Amérique du Sud. Les organisations, quelles soient sous forme de coopératives ou d'associations, permettent de repenser le rapport à l'emploi, à l'économie, à l'action collective ainsi que la place du social et de la solidarité à l'heure où l'attrait pour le profit domine et où les solidarités familiales s'effritent.
Il est intéressant d'aborder ce sujet dans le cadre de ce cours et ce pour deux raisons à savoir l'emploi et l'action collective. D'abord, parce que l'économie sociale et solidaire donne la priorité à l'emploi et aux individus plutôt qu'à l'accumulation du capital. Les coopératives font de la création d'emploi un de leurs objectifs principaux tandis que les associations permettent aux individus désaffiliés de retrouver une intégration sociale par l'activité économique. Ensuite parce que le mouvement solidaire et social s'inscrit dans la lignée des actions collectives mises en place pour lutter contre l'économie marchande.
Sur ce même modèle d'initiative, on retrouve par exemple les Systèmes d'Echange Local (S.E.L, français) aussi connus sous le terme L.E.T.S dans les pays anglo-saxons, Local Exchange and Trading System qui se veulent être une alternative locale aux pratiques économiques dominantes. Le principe des S.E.L est d'offrir à tous la possibilité d'accéder à des biens matériels sans condition financière ainsi que de remettre la solidarité à l'ordre du jour à travers des échanges non marchands. Les S.E.L se différencient de l'économie sociale et solidaire puisqu'ils ne se soumettent à aucun impératif économique (la création d'emploi par exemple) et n'utilisent aucun instrument financier classique (usage d'une unité de compte locale). 
Mais les S.E.L présentent ce même intérêt de traiter les problématiques de l'emploi et de l'action collective. Au sein de cette organisation, le statut professionnel ne compte plus, il n'y a pas de hiérarchisation des métiers mais plutôt une mise à égalité de toutes les compétences dans l'idée d'une plus grande coopération. Le service d'un mécanicien sera équivalent au service d'un comptable, puisqu'une heure de l'un est égale à une heure de l'autre. En cela l'ordre marchand est remis en cause, ce qui inscrit également les S.E.L dans une action collective plutôt révolutionnaire. L'action collective était définie par Olson comme une action de groupe commune et concertée ayant pour but d'atteindre des objectifs communs, renforcée par des liens identitaires forts assurant l'unité du groupe ainsi que par des obligations morales de solidarité et de loyauté au groupe. Cette définition correspond tout à fait aux S.E.L, dont la vocation est de lutter contre le système en place grâce à l'expérimentation et à la mise en pratique d'un nouveau cadre d'échanges non-marchands, appuyé par une monnaie locale unique détachée des règles capitalistes. Les différents groupes, associations pour la plupart, participent à la lutte au niveau local, dans l’espoir d’étendre un jour leur projet une échelle plus globale.
En proposant une alternative à l’économie actuelle, les adhérents aux S.E.L ont su faire preuve d’imagination et d’organisation dans l’optique de créer un mode de vie plus solidaire et plus égalitaire.
A l’heure où l’économie et la création de lien social peuvent sembler antagonistes, les S.E.L font de la combinaison des deux leur mission. Et, en se basant sur une critique de l’argent, aujourd'hui recherché pour ce qu’il est et non pour les échanges qu’il permet, ils en proposent une réhabilitation. Ce type d’action collective englobe et régule l’activité de ses membres et tous, peu importe leur statut professionnel, peuvent s’engager et participer dans l’optique de créer un environnement tout simplement plus humain. 

Laurène Conte











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