lundi 17 novembre 2014

On arrive mais on ne sais pas où se garer



La décision de partir pour une terre inconnue n'est pas toujours la plus facile. Pour la plupart, c'est une décision où on laisse derrière plusieurs choses qui ont de la signification pour la personne en question. Le travail, les amis, l’école. Ce sont des facteurs qui peuvent influencer telle décision. On n’est pas obligé de partir mais les opportunités dans terres inconnues sont si attrayantes, qu’on est prêt à tourner la page et prendre un nouveau départ. L’opportunité suscite d’attentes comme l’obtention d’un meilleur emploi, trouver de la compagnie, poursuivre des études. Bref, on s’attend à trouver une vie meilleure qui accroîtra nos chances de succès. Le Canada est un tel pays. Reconnu par sa position privilégiée dans le G-20, réunion qui vient tout récemment de se passer dans l’Australie, et le G-8, le Canada est une sorte de terre promise. Avec telle position enviable, ce n’est pas une surprise donc que le Canada reçoit des milliers des immigrants chaque année. Cela a été la position du gouvernement depuis la fondation de la confédération en 1867. Bien sûr, il y a eu des différentes priorités et patrons d’établissement mais l’objectif a été toujours le même : le peuplement de la confédération. 

Surtout, ces priorités ont amené les anciens gouvernements et dirigeants à dessiner des politiques que, selon leurs administrations, peuvent non seulement améliorer la qualité de vie mais bâtir une société plus diverse. Cela a été le cas notamment pendant les quarante dernières années où les  gouvernements ont y contribué. On commença par Pierre Elliott Trudeau qui dans les années 1970 est décidé d’ouvrir les portes de la nation et laisser entrer des immigrants provenant des régions antérieurement pas ciblées comme l’Amérique latine et l’Afrique. Cette ouverture a été institutionnalisée avec la Charte canadienne des droits et libertés et est encore une fondation, si on veut, de la société canadienne. Ce n’est pas bizarre de trouver dans un restaurant des gens provenant de différents pays avec différentes cultures, religions et coutumes.  En tant que nation multiculturelle, le Canada a fait des avances.

Cependant, en tant que nation égalitaire il reste beaucoup à faire. Surtout, en matière d’emploi. Lorsqu’on compare les salaires et professions des immigrants, tant récents qu’établis, avec ceux qui sont nés ici, les disparités son énormes. Dans un article paru au site web rabble, on remarque comme cette différence ne cesse d’accroitre. Récemment, M. Chris Alexander, Ministre de citoyenneté et de l’immigration, a déclaré s’engager vers une politique de high-calibre, lequel suggère que la situation va en bas. En d’autres mots,  le gouvernement continue à recevoir des immigrants mais ne dit pas qu’est-ce qu’ils vont faire une fois arrivés. Le ministère, comme exemple, vient de célébrer la publication d’un de ses publi-reportages dont on fait allusion à la situation des chauffeurs de taxi. Provenant en sa majorité de l’Inde et du Pakistan, ledit reportage inclue des informations que pour plusieurs pourrait signifier un changement de carrière même si n’est pas choisie. Bienvenu au monde du cab-driving, où les médecins et autres professionnels bien élevés vont terminer par conduire sur la Saint-Denis tant samedis que dimanches. 

Dans un sens, le rapport ressemble quelques caractéristiques de la centrifugation de l’emploi, mais vers le marché interne.  Tel que stipule par le ministère, un grand nombre de chauffeurs ont un niveau de scolarité élevée avec au moins un diplôme de secondaire. Avec un ton un peu naïf et quelques statistiques pour renforcer la confidence, le rapport produit des types idéaux de  l’industrie. Des immigrants, plusieurs d’eux professionnels, et qui habitent dans une région métropolitaine de recensement, sont venus pour conduire des taxis. C’est un exemple d’un gouvernement qui met la main pour amener des professionnels et les sous-employer. En se profitant de la docilité d’une main d’œuvre récemment arrivée, le gouvernement confirme ses intentions en tant que commanditaire officiel de la précarité de l’emploi. Des employés hautement qualifiés, sans avantages sociaux, avec des bas salaires et où l’organisation collective est déficiente semble bien s’adapter aux priorités du gouvernement. C’est un modèle dont la précarisation fait partie de ce projet conservateur de multiculturalisme dont le American dream nous permet de rêver mais une fois réveillés c’est sûr que le vent va souffler. 


Sources
Syed, Fatima. 2014. « Canada : the land of jobless immigrants ». Rabble. En ligne. Novembre. http://rabble.ca/news/2014/11/canada-land-jobless-immigrants



Citoyenneté et immigration Canada. 2014.  Qui conduit un taxi au Canada ?. 17 pages. En ligne. http://www.cic.gc.ca/francais/pdf/recherche-stats/taxi.pdf


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