mercredi 19 novembre 2014

La déprime à l'Est, le bonheur à l'Ouest?

De plus en plus de jeunes travailleurs québécois s'exilent

La migration des jeunes constitue un phénomène de prédilection de l'étude sociologique et économique de la jeunesse. De plus, le Québec observe traditionnellement un mouvement migratoire important des régions vers les villes. Celui-ci est important pour plusieurs raisons différentes allant de la superficie de la province à la concentration de l'activité économique des secteurs tertiaires et académique autour des villes. Si ce flux migratoire à l'intérieur de la province est bien connu du public et des spécialistes, il est beaucoup plus obscur lorsqu'il se passe à la grandeur du Canada. Or, il advient que l'Institut Fraser constate que de plus en plus de jeunes de l'Est du pays, surtout du Québec, décident de s'exiler vers l'ouest. Il est important de préciser que ces jeunes sont des travailleurs et non des étudiants. Ce texte se charge de présenter le contenu de cette étude en plus d'y poser quelques critiques.

Selon les données de l'étude, un grand nombre de travailleurs âgés entre 25 et 34 ans quitte en effet les provinces de l'Est. Il est question de 27 451 jeunes en Ontario, le plus haut score, et de 24 355 jeunes québécois. Derrière les enjeux de cette migration nouvelle, Mark Milke, le chercheur de l'Institut Fraser responsable de l'étude, identifie une double situation : l'Est possèdent de moins bonnes perspectives économiques qu'autrefois alors que l'Ouest est perçu comme une « occasion » par les jeunes travailleurs migrants. Évidemment, l'Institut Fraser, étant fortement située à droite économiquement, tisse un lien avec l'exploitation des ressources naturelles nettement plus libéralisées dans l'Ouest que dans l'Est, en citant le cas des gaz de schiste au Québec et du moratoire sur son exploitation comme une opportunité économique manquée par l'Est. Toutefois, il faut critiquer ces visions de droite avec une approche axée sur la sécurité et l'avenir, deux concepts trop souvent écartés par la droite. De ce fait, l'exploitation n'est ni sans risque, ni sans conséquence lorsqu'elle n'est pas bien encadrée, que ce soit pour les travailleurs ou les populations. De plus, les progrès technologiques constants dans le domaine de l'énergie laisse présumer que l'exploitation des gaz pourra être réalisé de façon nettement plus propre et sécuritaire qu'actuellement. Laissé ces poches de gaz reposées loin de l'utilisation humaine permet également de laissé un héritage aux ressources futures, lesquelles verront cette ressource croire en rareté ainsi qu'en valeur.

Toute analyse socioéconomique médiatisée ne serait complète sans une quelconque présence des taux de chômage. Les statistiques montrent que l'Alberta possède le plus faible taux (4,2%) chez les populations âgés entre 25 et 34 ans et que le Québec (7,3%) et l'Ontario (7,1%) se retrouvent dans une situation moins enviable par presque trois points, bien que leur rang canadien ne soit pas indiqué dans l'article. Sans réellement fournir d'appuis qualitatifs ou quantitatifs, Mark Milke lie cette situation aux perspectives économiques : «Aujourd'hui, n'importe quel jeune canadien qui désire avoir un emploi à temps plein avec un revenu intermédiaire ou supérieur à la moyenne a plus de chances d'atteindre cet objectif dans l'Ouest du pays». C'est une représentation de la réalité qui fait de plus en plus écho chez les jeunes, malgré l'absence d'études sur leurs conditions une fois arrivés dans l'ouest canadien. Il est ainsi de plus en plus fréquent de voir des jeunes quitter leur province, ne serait-ce que pendant une saison, afin de profiter des salaires plus élevés dans les provinces de l'Ouest. De ce fait, il y a une nette disparité entre les salaires moyens des travailleurs Albertains (52 207$) et de leurs homologues Québécois et Ontariens (37 106$ et 40 838$ respectivement). De plus, les investissements privés sont de plus en plus populaires dans l'Ouest alors que le Québec peine à atteindre la moitié de ce que reçoit l'Alberta.

En somme, une interprétation économique de droite du mouvement migratoire constate ce que l'on sait déjà : les capitaux circulent plus librement en Alberta et cette situation attire les populations de l'Est. Toutefois, la déréglementation des ressources n'apparaît pas comme une solution adéquate et encore moins finale à cette « désertion ». Il importe de questionner les perspectives qu'offrent l'Est pour la jeunesse travailleuse plutôt que de chercher à épouser les contours du contexte de l'ouest.

http://affaires.lapresse.ca/economie/macro-economie/201411/18/01-4820145-de-plus-en-plus-de-jeunes-travailleurs-quebecois-sexilent.php?utm_categorieinterne=trafficdrivers&utm_contenuinterne=lapresseaffaires_LA5_nouvelles_98718_accueil_POS21





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