De plus en plus de jeunes travailleurs québécois s'exilent
La migration des jeunes constitue un
phénomène de prédilection de l'étude sociologique et économique
de la jeunesse. De plus, le Québec observe traditionnellement un
mouvement migratoire important des régions vers les villes. Celui-ci
est important pour plusieurs raisons différentes allant de la
superficie de la province à la concentration de l'activité
économique des secteurs tertiaires et académique autour des villes.
Si ce flux migratoire à l'intérieur de la province est bien connu
du public et des spécialistes, il est beaucoup plus obscur lorsqu'il
se passe à la grandeur du Canada. Or, il advient que l'Institut
Fraser constate que de plus en plus de jeunes de l'Est du pays,
surtout du Québec, décident de s'exiler vers l'ouest. Il est
important de préciser que ces jeunes sont des travailleurs et non
des étudiants. Ce texte se charge de présenter le contenu de cette
étude en plus d'y poser quelques critiques.
Selon les données de l'étude, un
grand nombre de travailleurs âgés entre 25 et 34 ans quitte en
effet les provinces de l'Est. Il est question de 27 451 jeunes en
Ontario, le plus haut score, et de 24 355 jeunes québécois.
Derrière les enjeux de cette migration nouvelle, Mark Milke, le
chercheur de l'Institut Fraser responsable de l'étude, identifie une
double situation : l'Est possèdent de moins bonnes perspectives
économiques qu'autrefois alors que l'Ouest est perçu comme une
« occasion » par les jeunes travailleurs migrants.
Évidemment, l'Institut Fraser, étant fortement située à droite
économiquement, tisse un lien avec l'exploitation des ressources
naturelles nettement plus libéralisées dans l'Ouest que dans l'Est,
en citant le cas des gaz de schiste au Québec et du moratoire sur
son exploitation comme une opportunité économique manquée par
l'Est. Toutefois, il faut critiquer ces visions de droite avec une
approche axée sur la sécurité et l'avenir, deux concepts trop
souvent écartés par la droite. De ce fait, l'exploitation n'est ni
sans risque, ni sans conséquence lorsqu'elle n'est pas bien
encadrée, que ce soit pour les travailleurs ou les populations. De
plus, les progrès technologiques constants dans le domaine de
l'énergie laisse présumer que l'exploitation des gaz pourra être
réalisé de façon nettement plus propre et sécuritaire
qu'actuellement. Laissé ces poches de gaz reposées loin de
l'utilisation humaine permet également de laissé un héritage aux
ressources futures, lesquelles verront cette ressource croire en
rareté ainsi qu'en valeur.
Toute analyse socioéconomique
médiatisée ne serait complète sans une quelconque présence des
taux de chômage. Les statistiques montrent que l'Alberta possède le
plus faible taux (4,2%) chez les populations âgés entre 25 et 34
ans et que le Québec (7,3%) et l'Ontario (7,1%) se retrouvent dans
une situation moins enviable par presque trois points, bien que leur
rang canadien ne soit pas indiqué dans l'article. Sans réellement
fournir d'appuis qualitatifs ou quantitatifs, Mark Milke lie cette
situation aux perspectives économiques : «Aujourd'hui,
n'importe quel jeune canadien qui désire avoir un emploi à temps
plein avec un revenu intermédiaire ou supérieur à la moyenne a
plus de chances d'atteindre cet objectif dans l'Ouest du pays».
C'est une représentation de la réalité qui fait de plus en plus
écho chez les jeunes, malgré l'absence d'études sur leurs
conditions une fois arrivés dans l'ouest canadien. Il est ainsi de
plus en plus fréquent de voir des jeunes quitter leur province, ne
serait-ce que pendant une saison, afin de profiter des salaires plus
élevés dans les provinces de l'Ouest. De ce fait, il y a une nette
disparité entre les salaires moyens des travailleurs Albertains (52
207$) et de leurs homologues Québécois et Ontariens (37 106$ et 40
838$ respectivement). De plus, les investissements privés sont de
plus en plus populaires dans l'Ouest alors que le Québec peine à
atteindre la moitié de ce que reçoit l'Alberta.
En somme, une interprétation
économique de droite du mouvement migratoire constate ce que l'on
sait déjà : les capitaux circulent plus librement en Alberta
et cette situation attire les populations de l'Est. Toutefois, la
déréglementation des ressources n'apparaît pas comme une solution
adéquate et encore moins finale à cette « désertion ».
Il importe de questionner les perspectives qu'offrent l'Est pour la
jeunesse travailleuse plutôt que de chercher à épouser les
contours du contexte de l'ouest.
http://affaires.lapresse.ca/economie/macro-economie/201411/18/01-4820145-de-plus-en-plus-de-jeunes-travailleurs-quebecois-sexilent.php?utm_categorieinterne=trafficdrivers&utm_contenuinterne=lapresseaffaires_LA5_nouvelles_98718_accueil_POS21
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