vendredi 7 novembre 2014

Ils sont tous morts!!!



Les problèmes de santé liés au travail constituent encore et toujours un phénomène qui suscite de nombreux débats. Encore aujourd’hui, au 21e siècle, la protection et la sécurité au travail semblent être négligé dans certains secteurs de travail. L’article suivant nous offre la preuve. http://www.bastamag.net/Comment-Areva-laisse-mourir-ses
Vaste pays d’Afrique de l’ouest, le Niger est riche en or, en fer, en charbon, en uranium et en pétrole. Quant à Areva, c’est une multinationale française du secteur de l’énergie, qui œuvre dans les métiers du nucléaire. Ses activités sont historiquement liées à l'énergie nucléaire dont l’extraction de l’uranium, et elle s'est plus récemment ouverte aux énergies renouvelables. La société Areva Niger est une filiale d'Areva qui opère dans le domaine de l'industrie minière. Elle regroupe ses filiales et coentreprises avec ce pays très riche en Uranium. Cette immense entreprise joue le rôle de deuxième employeur du pays après l’État, avec 2600 employés dont 98% sont de nationalité nigérienne[1], et exploite 2 mines au Niger (la société des mines de l’Aïr (SOMAÏR) et la compagnie minière d’Akouta (COMINAK)).
Le travail de ces centaines de mineurs d’uranium nigériens, qui ont passé 20 voire 30 années de leur vie à extraire de l’uranium pour Areva, fournit l’électricité aux français. C’est aujourd’hui dans l’indifférence que souffrent et meurent ces mineurs, souvent victimes des effets de radiation. Combien de temps le leader français du nucléaire continuera-t-il à les ignorer? Les Français, dont une large part de l’électricité est produite grâce au minerai nigérien, qui alimente un tiers des 58 réacteurs nucléaires, doivent-ils se réjouir de l’attention portée par Areva à la santé de ses salariés?
Dans la nouvelle conception du travail, et dans la plupart des secteurs d’activités, la protection et la sécurité au travail sont devenues primordiales. Cette affirmation ne semble pas s’appliquer chez les employés nigériens de l’Areva. Ces employés, comme il est démontré dans l’article, affirment ne pas connaître cette protection et cette sécurité du monde du travail. Même si Areva dit le contraire, et affirme leur offrir cette protection, les employés disent qu’elle prend trop peu d’initiatives pour améliorer cette situation. Selon eux, elle ne fournit aucun effort pour prévenir leurs maladies professionnelles ou les assurer pour les guérir. Bien que Areva affirme avoir intégré la sécurité comme composante de son métier et mis en place une politique de prévention depuis son implantation au Niger[2], les travailleurs de cette grande usine prouvent que non!
Les mineurs d’uranium sont exposés à des radiations ionisantes tant par irradiation externe qu’interne. Ils sont exposés à ces radiations dans les carrières d’uranium, les mines souterraines, les usines d’extraction de l’uranium, mais aussi à leur domicile et en ville. Loin d’être purs, l’eau, l’alimentation et l’air qui circulent à Arlit, région dans laquelle se trouvent les deux mines exploitées par Areva, contiennent des gaz radioactifs. En effet, depuis la naissance de cette exploitation, 35 millions de tonnes de déchets radioactifs (selon l’article) sont accumulés à l’air libre dans cette zone. Au gré du vent, le gaz radon et ses dérivés s’en échappent. D’après l’ingénieur en physique nucléaire, toutes ces substances sont classées cancérigènes pour l’homme[3]. Malheureusement les démarches de l’État Nigérien ou d’Areva pour réduire les maladies liées à l’exposition aux radiations, sont largement insuffisantes. La prévention contre toutes ces maladies est presque inexistante. Loin d’être au cœur du continuum cœur/périphérie, de Jean-Pierre Durand, à cause de leur manque de sécurité d’emploi, les ouvriers de cette immense entreprise se situeront, à mon avis, dans la première zone périphérique; car c’est dans cette partie que se trouvent les salariés qui ne possèdent pas encore la garantie de l’emploi.
Les maladies liées à la radiation ne se manifestent pas sur place, mais des années plus tard. La plupart des temps, ces maladies surviennent après la retraite. Or seuls les mineurs en activités peuvent recevoir une prise en charge sanitaire de l’État nigérien. Bien qu’ils souffrent, les anciens travailleurs des mines d’uranium ne sont pas couverts. Les familles ou amis de ces travailleurs affirment que les miniers décédés sont tous morts de cancers, de problèmes de reins, de foie, etc. Les survivants sont presque tous atteints de paralysie, d’insuffisance rénale ou de troubles pulmonaires. La plupart des mineurs d’Arlit et d’Akokan qui ont travaillé entre les années 1970 et 1990 pour le compte d’Areva ne sont plus là pour témoigner. Un cadre du nom de Cissé Amadou décrit que, ceux qui ont pris leur retraite en début des années 1990 n’ont pas tenu deux ans. Ils sont tous morts. Il ajoute ensuite que c’était comme une « épidémie ».
Cependant, 45 années après l’ouverture de sa première mine, Areva a bien créé un comité de santé et de sécurité au travail. On a donc, suite à la création de ce nouveau comité, rendu obligatoire le port de gants et de masques de protection pour tous les travailleurs miniers. Avec le décès du cadre français de la COMINAK, Serge Venel, suite à un cancer, Areva a été jugée coupable de « faute inexcusable », par la justice française. Les travailleurs miniers qui souffrent, ou qui ont souffert des mêmes pathologies que celle qui a emporté Serge Venel, sont très nombreux. Si la justice française dédommage la veuve de serge, il y a des milliers de personnes au Niger qui méritent, aussi, des dédommagements.
Le groupe nucléaire s'engageait à respecter les règlements en vigueur dans le pays et à loger les employés nigériens dans des conditions d'hygiène qui seraient conformes à la législation locale. Dans le chapitre dédié à la protection de l'environnement, Areva s’est engager à examiner et à contrôler régulièrement la qualité des sols, des eaux et de l'air dans le périmètre de la mine et dans les alentours. Elle s'est également engager à préserver la santé et la sécurité des populations qui vivent à proximité. Cependant, il n’y a pas de référence précise aux conditions de travail des salariés.

Bien que la société civile nigérienne souhaite que ces conventions soient discutées au parlement, pour que les questions d'environnement et de prévention des maladies soient abordée, elles (les conventions) sont, encore aujourd’hui, toujours élaborées à huis clos.
Sahairatou Ousseini A.

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