Les problèmes de
santé liés au travail constituent encore et toujours un phénomène qui suscite
de nombreux débats. Encore aujourd’hui, au 21e siècle, la protection
et la sécurité au travail semblent être négligé dans certains secteurs de
travail. L’article suivant nous offre la preuve. http://www.bastamag.net/Comment-Areva-laisse-mourir-ses
Vaste pays d’Afrique
de l’ouest, le Niger est riche en or, en fer, en charbon, en uranium et en
pétrole. Quant à Areva, c’est
une multinationale française du secteur de l’énergie, qui œuvre dans les
métiers du nucléaire. Ses activités sont historiquement liées à l'énergie
nucléaire dont l’extraction de l’uranium, et elle s'est plus récemment ouverte
aux énergies renouvelables. La société Areva
Niger est une filiale d'Areva qui opère dans le domaine de l'industrie
minière. Elle regroupe ses filiales et coentreprises avec ce pays très riche en
Uranium. Cette immense entreprise joue le rôle de deuxième employeur du pays
après l’État, avec 2600 employés dont 98% sont de nationalité nigérienne[1],
et exploite 2 mines au Niger (la société des mines de l’Aïr (SOMAÏR) et la compagnie minière d’Akouta (COMINAK)).
Le travail de ces
centaines de mineurs d’uranium nigériens, qui ont passé 20 voire 30 années de
leur vie à extraire de l’uranium pour Areva, fournit l’électricité aux
français. C’est aujourd’hui dans l’indifférence que souffrent et meurent ces
mineurs, souvent victimes des effets de radiation. Combien de temps le leader
français du nucléaire continuera-t-il à les ignorer? Les Français, dont une
large part de l’électricité est produite grâce au minerai nigérien, qui
alimente un tiers des 58 réacteurs nucléaires, doivent-ils se réjouir de
l’attention portée par Areva à la santé de ses salariés?
Dans la nouvelle
conception du travail, et dans la plupart des secteurs d’activités, la
protection et la sécurité au travail sont devenues primordiales. Cette
affirmation ne semble pas s’appliquer chez les employés nigériens de l’Areva.
Ces employés, comme il est démontré dans l’article, affirment ne pas connaître
cette protection et cette sécurité du monde du travail. Même si Areva dit le
contraire, et affirme leur offrir cette protection, les employés disent qu’elle
prend trop peu d’initiatives pour améliorer cette situation. Selon eux, elle ne
fournit aucun effort pour prévenir leurs maladies professionnelles ou les
assurer pour les guérir. Bien que Areva affirme avoir intégré la sécurité comme
composante de son métier et mis en place une politique de prévention depuis son
implantation au Niger[2],
les travailleurs de cette grande usine prouvent que non!
Les mineurs d’uranium sont exposés à des radiations ionisantes tant par
irradiation externe qu’interne. Ils sont exposés à ces radiations dans les
carrières d’uranium, les mines souterraines, les usines d’extraction de
l’uranium, mais aussi à leur domicile et en ville. Loin d’être purs, l’eau,
l’alimentation et l’air qui circulent à Arlit, région dans laquelle se trouvent
les deux mines exploitées par Areva, contiennent des gaz radioactifs. En effet, depuis la
naissance de cette exploitation, 35 millions de tonnes de déchets radioactifs
(selon l’article) sont accumulés à l’air libre dans cette zone. Au gré du vent,
le gaz radon et ses dérivés s’en échappent. D’après l’ingénieur en physique
nucléaire, toutes ces substances sont classées
cancérigènes pour l’homme[3].
Malheureusement les démarches de l’État Nigérien ou d’Areva pour réduire les
maladies liées à l’exposition aux radiations, sont largement insuffisantes. La
prévention contre toutes ces maladies est presque inexistante. Loin d’être au
cœur du continuum cœur/périphérie, de Jean-Pierre Durand, à cause de leur
manque de sécurité d’emploi, les ouvriers de cette immense entreprise se
situeront, à mon avis, dans la première zone périphérique; car c’est dans cette
partie que se trouvent les salariés qui ne possèdent pas encore la garantie de
l’emploi.
Les maladies liées à
la radiation ne se manifestent pas sur place, mais des années plus tard. La
plupart des temps, ces maladies surviennent après la retraite. Or seuls les
mineurs en activités peuvent recevoir une prise en charge sanitaire de l’État
nigérien. Bien qu’ils souffrent, les anciens travailleurs des mines d’uranium
ne sont pas couverts. Les familles ou amis de ces travailleurs affirment que
les miniers décédés sont tous morts de cancers, de problèmes de reins, de foie, etc. Les survivants sont presque tous
atteints de paralysie, d’insuffisance rénale ou de troubles pulmonaires.
La plupart des mineurs d’Arlit et d’Akokan qui ont travaillé entre les années
1970 et 1990 pour le compte d’Areva ne sont plus là pour témoigner. Un cadre du
nom de Cissé Amadou décrit que, ceux qui
ont pris leur retraite en début des années 1990 n’ont pas tenu deux ans. Ils
sont tous morts. Il ajoute ensuite que c’était comme une « épidémie ».
Cependant, 45
années après l’ouverture de sa première mine, Areva a bien créé un comité de
santé et de sécurité au travail. On a donc, suite à la création de ce nouveau
comité, rendu obligatoire le port de gants et de masques de protection pour
tous les travailleurs miniers. Avec le décès du cadre français de la COMINAK, Serge
Venel, suite à un cancer, Areva a été jugée coupable de « faute inexcusable »,
par la justice française. Les travailleurs miniers qui souffrent, ou qui ont
souffert des mêmes pathologies que celle qui a emporté Serge Venel, sont très
nombreux. Si la justice française dédommage la veuve de serge, il y a des milliers
de personnes au Niger qui méritent, aussi, des dédommagements.
Le groupe nucléaire
s'engageait à respecter les règlements en vigueur dans le pays et à loger les
employés nigériens dans des conditions d'hygiène qui seraient conformes à la
législation locale. Dans le chapitre dédié à la protection de l'environnement, Areva
s’est engager à examiner et à contrôler régulièrement la qualité des sols, des
eaux et de l'air dans le périmètre de la mine et dans les alentours. Elle s'est
également engager à préserver la santé et la sécurité des populations qui
vivent à proximité. Cependant, il n’y a pas de référence précise aux conditions
de travail des salariés.
Bien que la société civile nigérienne souhaite que
ces conventions soient discutées au parlement, pour que les questions
d'environnement et de prévention des maladies soient abordée, elles (les
conventions) sont, encore aujourd’hui, toujours élaborées à huis clos.
Sahairatou Ousseini A.
[3] IARC [Centre international de recherche sur
le cancer] dès 1988
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