mercredi 19 novembre 2014

La Kafala ou l'esclavage des temps modernes

L'article "Le Qatar «traîne les pieds» sur les conditions de travail des migrants", parue dans Le Figaro, aborde le sujet très délicat et qui fait débat depuis plusieurs mois sur la coupe du monde de football au Qatar.  
L'organisation humanitaire Amnesty International remarque la lenteur des évolutions de la situation des travailleurs migrants employés au Qatar sur les chantiers de la Coupe du monde de football 2022. Il faut savoir que beaucoup d'immigrants, notamment issus de pays pauvres d'Asie, tels l'Inde, le Bangladesh, le Nepal, les Philippines, le Pakistan… viennent travailler sur ce chantier. Ces employés courent le risque d'une maltraitance et d'une grave exploitation au point que nous pouvons parler parfois de travaux forcés ou d'esclavagisme. Des critiques internationales ont vu le jour après des informations sur des accidents mortels sur les chantiers.
En mai, le Qatar s'est engagé à améliorer la sécurité au travail, le logement et les conditions salariales de la main d'oeuvre.
Cependant, « seule une
poignée de mesures ont été partiellement mises à l'œuvre » selon Sherif Elsayed-Ali. Selon la Confédération syndicale internationale, pas moins de 4.000 travailleurs migrants pourraient mourir dans des accidents d'ici 2022. M. Elsayed-Ali appelle à des mesures «concrètes» comme l'abolition du visa de sortie et «une enquête indépendante sur les causes des décès des travailleurs migrants.»
Plusieurs méthodes légalisées, comme la Kafala, vient renforcer cette exploitation des immigrants. C'est un principe de parrainage qui impose à tout travailleur étranger d'être « sponsorisé » par une entité qatarienne, soit par une entreprise, une association ou un citoyen local. Ainsi, pour quitter le pays, l'autorisation du parrain est indispensable. Parfois, ces immigrés sont aussi privés de leur passeports à leur arrivée au Qatar et ne sont donc pas libres d'aller et venir. La
société qatarie, très conservatrice, n’est pas encore prête à se réformer. «Un récent sondage a montré que 60% des nationaux veulent renforcer la Kafala.» De quoi garder la mainmise sur un système en totale contradiction avec les traités internationaux, dont le Qatar est pourtant signataire.

A l’origine, la kafala s’apparente à une tutelle ou à une délégation d’autorité parentale s'appliquant à des enfants mineurs abandonnés. Cette tutelle disparait avec la majorité de l’enfant. Dans les pays du golfe, ce système s'applique aux émigrés qui viennent travailler dans ces pays.
Cette procédure, dans les faits, vise à prévenir l'entrée sur le territoire de migrants sans papier à la recherche d'un emploi. Ces migrants obtiennent simplement un permis de travail délivré par leur pays d'origine par des agences d’embauches.
Cependant, cette méthode se retourne contre un grand nombre de travailleurs étrangers une fois en place comme nous avons pu le voir précédemment. Bien sûr, ces travailleurs n'ont droit à aucune activité à caractère syndical ou autre visant à défendre leurs droits.
Pour comprendre ce phénomène, il faut remonter au système de gouvernance notamment aux Emirats Arabe Unis et au Qatar. Au sommet de la pyramide, il y a un émir et sa famille qui ont tous les pouvoirs, la limite entre leurs biens et ceux de l'Etat est floue. En dehors des zones urbanisées, la terre appartient clairement à l'émir ; ce dernier organise donc son territoire comme il l'entend, ce qui explique des réalisations urbaines parfois pharaoniques traduisant sa toute-puissance. La population « de souche » est la seule à disposer d'une reconnaissance citoyenne accompagnée de droits et devoirs. Elle bénéficie donc des largesses de l'émir et de sa famille qui se traduit par de multiples avantages économiques et sociaux notamment l'adoption d'enfants, à savoir la Kafala ; tout travailleur étranger ainsi que toutes entreprises étrangères sont sous tutelles, comme un enfant. La Kafala permet donc aux citoyens d'avoir une certaine part des gains d'une entreprises implantée sur son sol, en possédant une majorité des parts capital ou en exerçant un pouvoir sur les travailleurs immigrés.
Ce système moyenâgeux et archaïque porte en lui toutes sortes de dérives. Face a de tel système nous pouvons parler d'esclavage des temps modernes !

Par ailleurs, l'obtention par le Qatar de la Coupe du monde 2022 fait aussi l'objet de soupçons de corruption et une polémique fait rage sur l'opportunité d'organiser le tournoi en été sous des chaleurs torrides.
En effet, le pays devra dépenser plusieurs centaines de millions d'euros pour refroidir le stade. Comment l'Etat peut-il dépenser autant d'argent dans ce type d'infrastructure alors que les droits fondamentaux des citoyens sont bafoués ? Plusieurs travailleurs n'ont pas d’accès aux soins médicaux, à des logements décents, à une protection salariale...
Ce pays possède des richesses incroyables, tel que le gaz, mais elles sont malheureusement détenues par quelques individus qui ne cessent de s'enrichir entraînant ainsi d’énormes disparités entre les plus riches et les plus pauvres.
Dans une économie capitaliste globalisée, où la compétition est le maître mot, il semblerait que tous les moyens soient possibles pour être le plus compétitif. Pour cela, les entrepreneurs n'hésitent pas a bafouer les droits de l'Homme.
Une question essentielle me vient à l'esprit : est ce que la FIFA, qui a accordé au Qatar l'organisation de la coupe du monde, ignorait que les stades allaient être réalisés par des travailleurs immigrés exploitaient par la Kafala ?

http://sport24.lefigaro.fr/le-scan-sport/buzz/2014/11/12/27002-20141112ARTFIG00126-le-qatar-traine-les-pieds-sur-les-conditions-de-travail-des-migrants.php



Tartas Laura. 

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