lundi 19 novembre 2018

Travail égal, salaire égal : le phénomène des agences de placement


Les agences de placement dans le milieu de la santé permettent à plusieurs entreprises de couvrir les postes vacants lors de manque de personnel. C’est le cas surtout des infirmières et les préposées aux bénéficiaires qui partagent leurs quarts de travail à travers les résidences et cliniques privées. Cependant, les bénéfices que peuvent retirer les employées engagées directement à l’entreprise excluent les employées provenant des agences malgré qu’elles fassent le même travail et disposent du même temps pour l’effectuer. On note, parmi les plaintes enregistrées, un salaire inégal et une qualité de vie réduite par les horaires instables et le voyagement aux différents points de service.  Les deux individus qui sont mentionnés dans le texte croient fermement que les solutions se retrouvent au niveau du syndicat, soit la FTQ dans leur cas. Le syndicat doit mettre en marche des processus pour non-seulement reconnaître les inégalités de salaires, mais aussi pour les égaliser considérant que des négociations sont en cours pour déterminer les modalités de la prochaine convention collective. Une autre revendication des individus interviewés pour cet article est d’inclure les jeunes dans le processus de revendication. Plusieurs jeunes veulent s’informer, s’impliquer et apporter leurs idées à la table de discussion. Par exemple, en intégrant les propos des jeunes à travers le Comité des jeunes de la FTQ, ils ont réussi à transformer la question du salaire minimum à 15$ en revendication majeure dans la plateforme de ce syndicat.

Le profil d’un travailleur vivant dans la précarité ressemble aux individus mentionnés dans cette article : on parle de travailleuses qui ont des emplois atypiques comme celles dans les agences de placement. Celles-ci sont sous-payées pour le même travail que celles engagées directement par l’entreprise et n’ont pas d’horaire stable ou d’endroit de travail fixe. En n’étant pas une employée véritable de l’entreprise, elles n’ont ni accès à la mobilisation collective ou aux syndicats, ni aux assurances que procure l’entreprise pour celles-ci, ce qui contribue d’autant plus à la précarité de ces travailleuses (Carole Yerochewski, 2014 repris par Yannick Noiseux). Comme on peut le constater, les femmes sont celles qui sont le plus représentées dans la catégorie du travail à temps partiel, qui elle augmente de façon fulgurante.
Ceci étant dit, l’état pourrait intervenir pour mettre fin ou encadrer plus radicalement les agences de placement, mais il adopte un rôle passif vis-à-vis cette problématique. On pourrait quasiment supposer que l’état, en ne se prononçant pas sur cet enjeu, l’accepte et le reproduit. C’est au rôle du syndicat qui représente ces travailleuses d’apporter les revendications et le faire valoir aux yeux de l’état. Une autre partie de la solution à la problématique des agences de placement pourrait aussi se trouver au niveau de l’entreprise. Comme Immegryde le mentionne : « Je ne crois pas à la pénurie de main-d’œuvre, je crois aux meilleures conditions de travail ». Les employeurs doivent offrir des meilleures conditions de travail pour conserver leurs employés. De cette façon, ils n’auraient pas à avoir recours aux agences de placement pour compenser pour le manque de personnel. Inversement, puisque même les résidences privées pour personnes âgées sont des entreprises et s’inscrivent dans une logique capitaliste, les directeurs de celles-ci savent que malgré les conditions de travail sont mauvaises et que les employées décident de partir, il y aura toujours d’autres personnes qui seront en mesure de travailler dans ces conditions grâce aux agences de placement. C’est une sorte de cercle vicieux qui enrichit les entreprises et précarise les employés, un système habilité par l’état.
Un autre aspect qui ressort de cet article, malgré qu’il ne soit pas mentionné, est la valorisation du travail infirmier ou justement, la sous-valorisation de ce travail. Les emplois dans le domaine des soins, dont les femmes occupent en majorité, sont moindrement rémunérés (Hirata, Helena, 2003 repris par Yannick Noiseux). De plus, on s’aperçoit que lorsqu’il y a plus d’hommes qui entrent dans un domaine majoritairement féminin, les conditions ont tendance à s’améliorer, comme si l’augmentation d’employés masculins et leur intérêt au domaine ajoute de la valeur au travail qui s’y effectuait déjà. La question pourrait se poser : la sous-traitance est-elle « permise » parce qu’elle affecte des emplois majoritairement occupés par des femmes?

https://www.ledevoir.com/economie/540833/travail-egal-salaire-egal

Références :
Noiseux, Y. Transformations des marchés du travail et précarisation (Power Point slides) repéré sur Studium
Noiseux, Y. Discriminations et inégalités sur les marchés du travail (Power Point slides) repéré sur Studium

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