lundi 19 novembre 2018

Produits contrefaits sur les plateformes de commerce en ligne : Et si les chinois n’étaient pas les seuls responsables?


Le dimanche 11 novembre 2018, à l’occasion de sa journée promotion, à l’image du « Black Friday » américain, le géant du e-commerce chinois Alibaba a été pointé du doigt dans un article de l’Agence France-Presse repris par plusieurs organes de presse au Québec[1], en raison de la prolifération des produits contrefaits sur sa plateforme.  Dans son article, le journaliste Ehret nous apprend que dans l’édition de l’an passé, ce sont 22 milliards de dollars de transactions qui ont été enregistrés en moins d’une demi-journée. Avec ses 634 millions d’utilisateurs actifs mensuels, cette plateforme reste l’une des plus importantes, sur le plan mondial, dans le domaine du commerce en ligne. Toutefois, elle est montrée du doigt pour sa passivité quant à la présence toujours croissante des produits contrefaits sur sa plateforme. Alibaba réfute cette accusation et assure avoir engagé 48 poursuites judiciaires en 2017 contre des vendeurs de contrefaçons sur son site.  De façon générale, les effets de la contrefaçon restent significatifs avec la perte de 434 000 emplois et 60 milliards d’euros (environ 90,5 Milliards de dollars canadiens) chaque année en Europe. 50 % des entreprises seraient victimes de ce fléau et elles dépenseraient 10% de leurs chiffres d’affaires pour l’endiguer. Malgré les sanctions américaines contre cette plateforme en la plaçant sur sa liste noire, certaines vérités restent tout de même implacables. Devons-nous   réfuter du revers de la main la responsabilité des entreprises victimes en rejetant toute la responsabilité sur la plateforme. La première réflexion qui vient à l’esprit est relative à la gloutonnerie qui anime les entreprises qui délocalisent dans le but de maximiser leurs profits en réduisant le coût de production.  Dans son enquête, Ehret a pu remarquer la difficulté que certains consommateurs avaient à distinguer les vrais produits des contrefaits. Il a même noté que certains « faux » produits étaient d’égale qualité que les originaux. Pourtant, les « faux » restent 5 fois moins chers que les « vrais ». Entre deux produits d’égale qualité, le consommateur sera, dans la majorité des cas, porté vers le moins cher, fusse – t – il le contrefait. Il est à prendre en compte le fait que les grandes entreprises ont plus de charges que les petites dont certaines évoluent souvent loin des réglementations, expliquant ainsi les différences de prix des produits et des prestations. Cependant, le même instinct qui guide les entrepreneurs est présent aussi chez le consommateur:  réduire ses dépenses, maximiser les profits. Il est à préciser que cela ne rend pas moins responsable la plateforme, qui, quelle que soit la nature du produit vendu (original ou contrefait), encaisse sa ristourne sur la transaction.
Par ailleurs, dans un article de l’équipe Dynamique Entrepreneuriale il est fait mention de la délocalisation comme l’un des facteurs importants de la contrefaçon. Pour elle, les réglementations en vigueur dans les pays de délocalisation ne permettent pas d’assurer la protection optimale de l’entreprise délocalisée des risques de contrefaçon.[2] S’il reste évident que les entreprises internationales présentes en Chine ne peuvent se targuer de maîtriser suffisamment l’environnement juridico-économique et social pour protéger leurs marques des contrefaçons, l’on ne saurait s’arrêter à cela pour justifier cette contrefaçon non plus. En effet, la délocalisation n’est plus seulement des usines de montage et d’assemblage. Et même rien que cela ne pourrait se faire sans une formation préalable des travailleurs locaux. La délocalisation rime dans une certaine mesure avec une externalisation des compétences et du savoir-faire. Implanter son entreprise dans un pays donné c’est y apporter sa technologie et les « secrets » de fabrication de son produit.  Se jeter mutuellement la responsabilité ne fera point avancer la résolution des problèmes découlant de la contrefaçon. Le renforcement des dispositifs juridiques comme la Chine s’apprête à le faire dès janvier 2019 pourrait-il donner de l’espoir aux PME dévastées par ce fléau qu’est la contrefaçon?

Par B.I. Jules YOU


[1]Ludovic Ehret, 2018. Alibaba La Chine, paradis en ligne de la contrefaçon, Agence France-Presse Publié le 11 novembre 2018. https://www.tvanouvelles.ca/2018/11/11/la-chine-paradis-en-ligne-de-la-contrefacon Consulté le 11 novembre 2018 à 13h 10.
[2]L'équipe Dynamique Entrepreneuriale, 2017. Inconvénients et avantages de la délocalisation, http://www.dynamique-mag.com/article/inconvenients-avantages-delocalisation.5538
Consulté le 19/11/2018


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