Le
dimanche 11 novembre 2018, à l’occasion de sa journée promotion, à l’image du «
Black Friday » américain, le géant du e-commerce chinois Alibaba a été pointé
du doigt dans un article de l’Agence France-Presse repris par plusieurs organes
de presse au Québec[1],
en raison de la prolifération des produits contrefaits sur sa plateforme. Dans son article, le journaliste Ehret nous
apprend que dans l’édition de l’an passé, ce sont 22 milliards de dollars de
transactions qui ont été enregistrés en moins d’une demi-journée. Avec ses 634
millions d’utilisateurs actifs mensuels, cette plateforme reste l’une des plus
importantes, sur le plan mondial, dans le domaine du commerce en ligne. Toutefois,
elle est montrée du doigt pour sa passivité quant à la présence toujours
croissante des produits contrefaits sur sa plateforme. Alibaba réfute cette
accusation et assure avoir engagé 48 poursuites judiciaires en 2017 contre des
vendeurs de contrefaçons sur son site. De
façon générale, les effets de la contrefaçon restent significatifs avec la
perte de 434 000 emplois et 60 milliards d’euros (environ 90,5 Milliards
de dollars canadiens) chaque année en Europe. 50 % des entreprises seraient
victimes de ce fléau et elles dépenseraient 10% de leurs chiffres d’affaires
pour l’endiguer. Malgré les sanctions américaines contre cette plateforme en la
plaçant sur sa liste noire, certaines vérités restent tout de même implacables.
Devons-nous réfuter du revers de la main la responsabilité
des entreprises victimes en rejetant toute la responsabilité sur la plateforme.
La première réflexion qui vient à l’esprit est relative à la gloutonnerie qui
anime les entreprises qui délocalisent dans le but de maximiser leurs profits
en réduisant le coût de production. Dans
son enquête, Ehret a pu remarquer la difficulté que certains consommateurs
avaient à distinguer les vrais produits des contrefaits. Il a même noté que certains
« faux » produits étaient d’égale qualité que les originaux. Pourtant, les « faux
» restent 5 fois moins chers que les « vrais ». Entre deux produits d’égale
qualité, le consommateur sera, dans la majorité des cas, porté vers le moins
cher, fusse – t – il le contrefait. Il est à prendre en compte le fait que les grandes
entreprises ont plus de charges que les petites dont certaines évoluent souvent
loin des réglementations, expliquant ainsi les différences de prix des produits
et des prestations. Cependant, le même instinct qui guide les entrepreneurs est
présent aussi chez le consommateur: réduire
ses dépenses, maximiser les profits. Il est à préciser que cela ne rend pas
moins responsable la plateforme, qui, quelle que soit la nature du produit
vendu (original ou contrefait), encaisse sa ristourne sur la transaction.
Par
ailleurs, dans un article de l’équipe Dynamique Entrepreneuriale il est fait
mention de la délocalisation comme l’un des facteurs importants de la contrefaçon.
Pour elle, les réglementations en vigueur dans les pays de délocalisation ne
permettent pas d’assurer la protection optimale de l’entreprise délocalisée des
risques de contrefaçon.[2] S’il reste évident que les
entreprises internationales présentes en Chine ne peuvent se targuer de
maîtriser suffisamment l’environnement juridico-économique et social pour
protéger leurs marques des contrefaçons, l’on ne saurait s’arrêter à cela pour
justifier cette contrefaçon non plus. En effet, la délocalisation n’est plus
seulement des usines de montage et d’assemblage. Et même rien que cela ne
pourrait se faire sans une formation préalable des travailleurs locaux. La
délocalisation rime dans une certaine mesure avec une externalisation des
compétences et du savoir-faire. Implanter son entreprise dans un pays donné c’est
y apporter sa technologie et les « secrets » de fabrication de son produit. Se jeter mutuellement la responsabilité ne
fera point avancer la résolution des problèmes découlant de la contrefaçon. Le
renforcement des dispositifs juridiques comme la Chine s’apprête à le faire
dès janvier 2019 pourrait-il donner de l’espoir aux PME dévastées par ce fléau
qu’est la contrefaçon?
Par
B.I. Jules YOU
[1]Ludovic
Ehret, 2018. Alibaba La Chine, paradis en ligne de la contrefaçon, Agence
France-Presse Publié le 11 novembre 2018. https://www.tvanouvelles.ca/2018/11/11/la-chine-paradis-en-ligne-de-la-contrefacon
Consulté le 11 novembre 2018 à 13h 10.
[2]L'équipe
Dynamique Entrepreneuriale, 2017. Inconvénients et avantages de la délocalisation,
http://www.dynamique-mag.com/article/inconvenients-avantages-delocalisation.5538
Consulté le 19/11/2018
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