McDonald émergea aux prémices des années
1930, alors que l’Amérique scrutait l’horizon du fameux mode de vie américain,
connu aussi sous le nom d’ « American
way of life ». Cet emblème de la restauration rapide acquit rapidement
sa réputation de multinationale. En 2001, on compte 395 000 employé.es et 27 000
établissements à travers 121 pays, dont 913 se situent en France, comptant
37 500 salarié.es et où environ 3 000 emplois se créer chaque année.
Confinées dans cette chaîne de production classique du taylorisme, rapidité,
efficacité, performance sont exigées des employé.es (Benvenuti, 2006 :39).
Or, alors que l’ombre du McDonald projette cette image du néolibéralisme,
l’entreprise naît sous une tout autre facette à Marseille et plus précisément, dans
le quartier de Saint-Barthélemy.
L’article « Les quartiers nord de Marseille se battent pour garder leur McDo »
illustre ainsi l’importance de cette multinationale et les enjeux qui vacillent
autour de celle-ci, dans ce quartier bien précis. Alors que celui-ci allait
céder à une autre chaîne de restauration (asiatique halal), la population du
quartier ainsi que les salarié.es se sont mobilisés afin de garder le McDonald.
Pourquoi chercher à vouloir défendre une
entreprise où « le conditionnement des salariés s’inscrit dans un
mécanisme d’aliénation » (Benvenuti, 2006 :48) ? Où les femmes
employées (perçues en grande majorité dans ce McDo) (Benvenuti, 2006 :48),
subissent les conséquences de « la libéralisation du commerce et
l’intensification de la concurrence internationale » (Hirata,
2003 :14) ? Et où il est exigé une flexibilité face à leur contrat de
travail; faire plus d’heures au risque d’occuper les postes les plus
« ingrats » durant les horaires les plus « pénibles »
(Benvenuti, 2006 :47) ?
Luc Leroux déconstruit les prénotions
qu’on la majorité des personnes par rapport au géant de la restauration rapide.
En reprenant Émile Durkheim et « De
la division du travail social » rédigé en 1893, on observe ce
phénomène qui posa l’élément central de l’œuvre, à savoir cette nouvelle
solidarité qui se fond entre les mécanismes de l’époque contemporaine. Une
cohésion sociale et une interdépendance – voire une nécessité – se forment entre
les employé.es d’un même milieu. « Aux heures de pointe, l’ensemble des
salariés doit fonctionner comme un corps de ballet à la chorégraphie impeccable. »
(Benvenuti, 2006 :47). Pour pouvoir accomplir avec soin les tâches
prescrites dans leur contrat de travail, les salarié.es nécessitent leurs
pairs.
Le journaliste façonne ainsi son article
sur l’importance du McDonald servant de « vecteur social » pour les
habitant.es. Ce McDo, est à la fois le lieu par excellence pour les familles
qui souhaitent se détendre et manger à des prix « abordables » et à
la fois, il servira d’« alternative au métier de « chouf » -
guetteur pour les trafiquants de drogue au pied des cités » (Leroux,
2018), pour les jeunes du quartier. Certain.es d’entre eux et elles se retrouvent
sur les planchers de ce fast-food dans le cadre d’une libération
conditionnelle. « Le restaurant a
pris l’habitude d’être en contact avec les juges d’application des peines et il
n’est pas rare qu’on adapte les horaires de travail à ceux imposés par le
bracelet électronique. » (Leroux, 2018). Il sert alors d’outil de
réinsertion dans la société.
C’est ainsi que malgré le stress, les
exigences de performance, un salaire tout aussi déplorable que les conditions
de travail, offert par le McDonald, le quartier de Saint-Barthélemy se mobilise
pour préserver cet établissement, devenant le cœur de la cohésion sociale des
lieux.
Par Marilie Ross
Bibliographie
BENVENUTI, Jean-Claude,
2006. « Les salariés de McDonald’s », Pierre Cours-Salies et al., pp.39-52.
DURKHEIM, Émile, 1893. De la division du travail social. PUF,
416p.
HIRATA,
Helena. 2003. « Pour
qui sonne le glas? Mondialisation et division sexuelle du travail », dans
J. Bisilliat (dir), Regard des femmes sur
la globalisation, Karthala, Paris, pp.11-26.
LEROUX,
Luc. « Les quartiers du
nord de Marseille se battent pour garder leur McDo », Le Monde, 18 août 2018. https://www.lemonde.fr/societe/article/2018/08/18/les-quartiers-nord-de-marseille-se-battent-pour-garder-leur-mcdo_5343723_3224.html
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