dimanche 4 novembre 2018

L'intégration des immigrants au marché du travail : Progrès récents mais défis qui persistent.


En 2016, l'Institut du Québec (IdQ) publiait un rapport dans lequel ils explicitent les enjeux majeurs reliés à la rétention des immigrants et à leur intégration sur le marché du travail et, ultimement, à la société. Dans ce rapport, <<les conclusions étaient sans équivoque: malgré un niveau de scolarisation plus élevé qu'ailleurs, le taux de chômage s'avérait considérablement plus important à Montréal>>. Deux ans plus tard, en septembre dernier, l'IdQ effectuait une mise à jour et une clarification des données visant à démontrer les progrès réalisés sur le plan de l'immigration et de l'intégration des immigrants au marché du travail. 

Selon les données recueillies, le Québec aurait accueilli 52 388 immigrants permanents en 2017 dont près de 76% se sont installés à Montréal et 42% connaissent le français. Nous avons aussi observé des progrès réels sur le taux de chômage des immigrants, passant de 13% en 2015 à 8.7% en 2017, mais aussi sur le taux d'emploi, c'est-à-dire la proportion des immigrants qui travaillent, soit 77.8% en 2017 comprativement à 72.1% en 2007. La raison principale qui explique ces progrès et l'admission d'un plus grand nombre d'immigrants depuis les dernières années sont le vieillissement de la population, qui entraînera des besoins de main-d'oeuvre dans tous les secteurs de l'économie et dans plusieurs régions. Selon Emploi-Québec, près du tiers des travailleurs devront être remplacés d'ici 2024. De plus, le nombre de travailleurs potentiels diminue graduellement mais significativement.  L'IdQ prévoit que ce phénomène se poursuivra et s'intensifiera jusqu'en 2026. Parallèlement, le groupe des personnes âgées de 25 à 54 ans (la population active) nées au Canada décline davantage au Québec qu'en Ontario. C'est donc ici que s'avère encore plus prioritaire, selon l'IdQ, le défi d'intégration des immigrants au marché du travail en étant, de sucroît, intimement lié à son potentiel de croissance économique. 

Bien que ce discours, totalement économique et instrumental, sur l'immigration ne soit pas camouflé derrière un faux discours d'accueil et d'intégration réel des immigrants à la société, je ne peux que m'interroger sur la viabilité d'une telle forme d'intégration purement économique des immigrants. Certes ce rapport de l'IdQ nous montre des progrès tangibles au niveau de l'intégration au marché du travail et des indicateurs économiques mais il reste des défis et des barrières à l'insertion au travail qui persistent toujours. Notamment au niveau de la discrimination au travail, de la précarité des emplois disponibles pour les immigrants, de l'absence de réseaux sociaux forts au sein des immigrants, de la non-reconnaissance de l'expériences et des diplômes étrangers ainsi que, le plus important selon moi, les défis de l'intégration de ces immigrants, non seulement au niveau du marché du travail, mais au niveau social. Ne devrions-nous pas commencer à considérer l'immigration en fonction de l'intérêt des immigrants, de leur bien-être social, mental et physique, plutôt que de penser l'immigration purement en fonction de nos intérêts et de nos besoins ?

Jérémie Grandbois

[1]Mise à jour et clarification des données sur l’immigration et le marché du travail: La situation s’améliore, mais certains défis persistent, Institut du Québec, 2017, p. 24 https://www.institutduquebec.ca/docs/default-source/default-document-library/201809miseaupointimmigrationc354454ac9186762bc5eff00000592ac.pdf?sfvrsn=0

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