dimanche 4 novembre 2018

Dépôt d’une enquête en accréditation provinciale pour la SQDC



Depuis le 17 octobre 2018 la consommation de cannabis est devenue légale au Québec. Le gouvernement a donc ouvert 12 points de ventes qui portent le nom de Société Québécoise du Cannabis (SQDC) et qui sont une filiale de la SAQ. Plusieurs syndicats ont d’ores et déjà déposé des requêtes d’accréditation syndicale pour représenter les employés de ces succursales, magasin par magasin ou tous les magasins d’une fois. Parmi eux la Confédération des syndicats nationaux (CSN), le Syndicat Canadien de la fonction publique (SCFP) ainsi que le Syndicat des Travailleurs unis de l’alimentation et du commerce (TUAC) affiliée à la Fédération des travailleurs du Québec (FTQ).  Le président des TUAC-Québec, Antonio Filato a annoncé déplorer les méthodes de recrutement de la CSN, qui se présenterait en grand nombre aux portes des succursales pour tenter de faire signer leur carte d’adhésion. Il n’a fait aucun commentaire au sujet du SCFP. Quoi qu’il en soit, ce sera au tribunal administratif du travail de trancher. La CSN revendique une unité nationale pour le bien des travailleurs. Une seule et unique convention collective avec l’employeur serait préférable pour les employés. Le taux horaire est pour l’instant de 14 dollars de l’heure, qualifié d’insatisfaisant par les syndicats qui s’orientent plus vers un taux entre 18 et 20 dollars de l’heure. Ils revendiquent notamment l’aspect de mission sociale donnée à la SQDC.

La forte implication des divers syndicats pour la représentation des travailleurs de cette toute nouvelle filiale s’inscrit dans les transformations des marchés du travail et la précarisation croissante de l’emploi ces dernières années. En effet de l’État Keynésien à l’état néolibéral on a assisté à une triple rupture avec un état réduit, une entreprise flexibilisée et en réseau et des travailleurs précarisés sur les marchés périphériques du travail. Ce phénomène est induit d’une part par une dérèglementation et une flexibilisation des lois du travail, un glissement vers le temps partiel, les contrats à durée déterminée et la sous-traitance d’autre part et à l’appauvrissement des prestations associées à l’État providence. Le travail est aujourd’hui considéré comme une marchandise ce qui conduit à une dégradation des conditions de travail et d’emploi. On peut s’appuyer sur le modèle de centrifugation de l’emploi vers les marchés périphériques du travail de Durand pour comprendre cette nouvelle réalité.

Le combat mené depuis plusieurs mois par la SEMB-SAQ pour la signature d’une nouvelle convention collective illustre bien les enjeux liés aux nouvelles réalités des travailleurs. Dans ce cas les enjeux se concentrent autour des horaires et des questions financières et malgré des négociations intensives et de nombreuses journées de grèves, un consensus n’a pas encore été atteint. Reste à savoir si la signature d’une convention pour la SQDC s’avèrera aussi compliquée ou si les employés de la filiale de la SAQ tireront profit du conflit que cette dernière traverse aujourd’hui.

Marie-Wenn Neu


Références






Aucun commentaire:

Publier un commentaire