Depuis le 17 octobre 2018 la consommation de cannabis
est devenue légale au Québec. Le gouvernement a donc ouvert 12 points de ventes
qui portent le nom de Société Québécoise du Cannabis (SQDC) et qui sont une
filiale de la SAQ. Plusieurs syndicats ont d’ores et déjà déposé des requêtes
d’accréditation syndicale pour représenter les employés de ces succursales,
magasin par magasin ou tous les magasins d’une fois. Parmi eux la Confédération
des syndicats nationaux (CSN), le Syndicat Canadien de la fonction publique
(SCFP) ainsi que le Syndicat des Travailleurs unis de l’alimentation et du
commerce (TUAC) affiliée à la Fédération des travailleurs du Québec (FTQ). Le président des TUAC-Québec, Antonio Filato
a annoncé déplorer les méthodes de recrutement de la CSN, qui se présenterait
en grand nombre aux portes des succursales pour tenter de faire signer leur
carte d’adhésion. Il n’a fait aucun commentaire au sujet du SCFP. Quoi qu’il en
soit, ce sera au tribunal administratif du travail de trancher. La CSN
revendique une unité nationale pour le bien des travailleurs. Une seule et
unique convention collective avec l’employeur serait préférable pour les
employés. Le taux horaire est pour l’instant de 14 dollars de l’heure, qualifié
d’insatisfaisant par les syndicats qui s’orientent plus vers un taux entre 18
et 20 dollars de l’heure. Ils revendiquent notamment l’aspect de mission
sociale donnée à la SQDC.
La forte implication des divers syndicats pour la
représentation des travailleurs de cette toute nouvelle filiale s’inscrit dans
les transformations des marchés du travail et la précarisation croissante de
l’emploi ces dernières années. En effet de l’État Keynésien à l’état néolibéral
on a assisté à une triple rupture avec un état réduit, une entreprise
flexibilisée et en réseau et des travailleurs précarisés sur les marchés
périphériques du travail. Ce phénomène est induit d’une part par une
dérèglementation et une flexibilisation des lois du travail, un glissement vers
le temps partiel, les contrats à durée déterminée et la sous-traitance d’autre
part et à l’appauvrissement des prestations associées à l’État providence. Le
travail est aujourd’hui considéré comme une marchandise ce qui conduit à une
dégradation des conditions de travail et d’emploi. On peut s’appuyer sur le
modèle de centrifugation de l’emploi vers les marchés périphériques du travail
de Durand pour comprendre cette nouvelle réalité.
Le combat mené depuis plusieurs mois par la SEMB-SAQ
pour la signature d’une nouvelle convention collective illustre bien les enjeux
liés aux nouvelles réalités des travailleurs. Dans ce cas les enjeux se
concentrent autour des horaires et des questions financières et malgré des
négociations intensives et de nombreuses journées de grèves, un consensus n’a
pas encore été atteint. Reste à savoir si la signature d’une convention pour la
SQDC s’avèrera aussi compliquée ou si les employés de la filiale de la SAQ
tireront profit du conflit que cette dernière traverse aujourd’hui.
Marie-Wenn Neu
Références
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