vendredi 23 novembre 2018

Ikea : Coupures massives


La grande chaîne IKEA se réorganise. En effet, elle veut supprimer 7500 emplois dans le monde d’ici 2020. La compagnie possède des magasins dans plus de 30 pays à travers le monde. Ces suppressions concernent les emplois qui sont dans le secteur administratif et la compagnie, via Ingka Holding qui est la maison mère d’Ikea, veut réorganiser son activité pour se concentrer sur le commerce en ligne. Elle veut aussi se concentrer davantage dans les centres villes, considérant que les individus ont de moins en moins d’automobiles et que les magasins situés dans des coins plus ruraux ne sont donc pas accessible. L’autre changement observé par l’entreprise est que de plus en plus de gens vivent dans de petits espaces. Elle veut donc répondre à ce « changement de mode de vie », IKEA veut donc, grâce à son développement technologique et l’ouverture de nouveaux points de vente dans les centres villes, recruter 11 500 personnes.
Le développement de la technologie a effectivement un énorme impact sur le travail et sur les tâches d’une compagnie. L’automatisation des tâches est un phénomène qui prend de l’expansion, particulièrement dans le secteur du commerce du détail. Les achats en ligne sont de plus en plus populaires.
Mais, bien que des postes seront créés, nous pouvons nous demander quels postes seront supprimés. Les employés qui seront coupés ne seront pas dirigés vers les nouveaux emplois créés. Quels postes seront supprimés? Nous pouvons nous imaginer que les emplois supprimés seront ceux dont le personnel est moins qualifié, qui sont les emplois visés par l’automatisation. Les tâches qui sont plus facilement remplaçable et aussi beaucoup plus rapides. C’est la suite logique de la mécanisation dont parlait Krakauer (et d’autres, évidemment). Dans les employés, Petite pause d’aération, on voit bien ce paysage se découper : « la rationnalisation est l’application de tous les moyens qu’offrent la technique et les méthodes d’organisation pour élever la productivité, pour augmenter la production des biens, en diminuer le coût et en améliorer la qualité ». (Krakauer, 1929) C’est exactement ce qui se produit dans le commerce de détail. Une étude démontre par exemple qu’une tâche qui nécessite 60 minutes pour un humain (des tâches d’emballage, de tri, de sélection, le transport, etc) n’en requiert que 15 pour un robot, ce qui correspond à énormément d’économies pour une compagnie. (Perrichot, 2018) Ce sont ces emplois de tâches d’emballage, de tri, de sélection et de transport qui seront supprimés, qui sont un secteur d’emplois qui est plus précaire. C’est dans cette optique que nous pouvons nous questionner sur l’ampleur d’une telle transformation. Oui, IKEA créera de nouveaux emplois, mais les personnes qui seront mises à pied n’en bénéficieront pas. On peut penser au texte de Barbara Ehrenreich qui nous parle de comment c’est difficile de tout recommencer lors d’un changement d’emploi, en insistant sur le fait qu’il n’existe pas de sous-emploi (Ehrenreich, 2004) et que chaque emploi  exige d’apprendre de nouvelles connaissances et de nouvelles techniques, peu importe la nature de l’emploi. Ces personnes mises à pied devront donc passer par tout ce processus de recherche d’emploi qui peut être pénible et précaire. De plus, considérant la tendance des entreprises à supprimer les postes qui peuvent être comblés par la mécanisation et par la technologie, ces personnes auront probablement plus de difficulté à trouver un emploi dans leur domaine. Nous devons donc nous questionner sur les politiques et les réorganisations des entreprises face à la rationalisation et aux nouvelles technologies qui prennent de l’expansion depuis les derniers siècles.
 Par Maya Weisman

Ehrenreich, Barbara. 2004. L’Amérique pauvre. Comment ne pas survivre en travaillant, Grasset, Paris. Pp. 293-335.

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