La
grande chaîne IKEA se réorganise. En effet, elle veut supprimer 7500 emplois
dans le monde d’ici 2020. La compagnie possède des magasins dans plus de 30
pays à travers le monde. Ces suppressions concernent les emplois qui sont dans
le secteur administratif et la compagnie, via Ingka Holding qui est la maison
mère d’Ikea, veut réorganiser son activité pour se concentrer sur le commerce
en ligne. Elle veut aussi se concentrer davantage dans les centres villes,
considérant que les individus ont de moins en moins d’automobiles et que les
magasins situés dans des coins plus ruraux ne sont donc pas accessible. L’autre
changement observé par l’entreprise est que de plus en plus de gens vivent dans
de petits espaces. Elle veut donc répondre à ce « changement de mode de
vie », IKEA veut donc, grâce à son développement technologique et
l’ouverture de nouveaux points de vente dans les centres villes, recruter
11 500 personnes.
Le
développement de la technologie a effectivement un énorme impact sur le travail
et sur les tâches d’une compagnie. L’automatisation des tâches est un phénomène
qui prend de l’expansion, particulièrement dans le secteur du commerce du
détail. Les achats en ligne sont de plus en plus populaires.
Mais,
bien que des postes seront créés, nous pouvons nous demander quels postes
seront supprimés. Les employés qui seront coupés ne seront pas dirigés vers les
nouveaux emplois créés. Quels postes seront supprimés? Nous pouvons nous
imaginer que les emplois supprimés seront ceux dont le personnel est moins
qualifié, qui sont les emplois visés par l’automatisation. Les tâches qui sont
plus facilement remplaçable et aussi beaucoup plus rapides. C’est la suite
logique de la mécanisation dont parlait Krakauer (et d’autres, évidemment).
Dans les employés, Petite pause d’aération, on voit bien ce paysage se
découper : « la rationnalisation est l’application de tous les moyens
qu’offrent la technique et les méthodes d’organisation pour élever la
productivité, pour augmenter la production des biens, en diminuer le coût et en
améliorer la qualité ». (Krakauer, 1929) C’est exactement ce qui se
produit dans le commerce de détail. Une étude démontre par exemple qu’une tâche
qui nécessite 60 minutes pour un humain (des tâches d’emballage, de tri, de sélection,
le transport, etc) n’en requiert que 15 pour un robot, ce qui correspond à
énormément d’économies pour une compagnie. (Perrichot, 2018) Ce sont ces
emplois de tâches d’emballage, de tri, de sélection et de transport qui seront
supprimés, qui sont un secteur d’emplois qui est plus précaire. C’est dans
cette optique que nous pouvons nous questionner sur l’ampleur d’une telle
transformation. Oui, IKEA créera de nouveaux emplois, mais les personnes qui
seront mises à pied n’en bénéficieront pas. On peut penser au texte de Barbara
Ehrenreich qui nous parle de comment c’est difficile de tout recommencer lors
d’un changement d’emploi, en insistant sur le fait qu’il n’existe pas de
sous-emploi (Ehrenreich, 2004) et que chaque emploi exige d’apprendre de nouvelles connaissances
et de nouvelles techniques, peu importe la nature de l’emploi. Ces personnes
mises à pied devront donc passer par tout ce processus de recherche d’emploi
qui peut être pénible et précaire. De plus, considérant la tendance des
entreprises à supprimer les postes qui peuvent être comblés par la mécanisation
et par la technologie, ces personnes auront probablement plus de difficulté à
trouver un emploi dans leur domaine. Nous devons donc nous questionner sur les
politiques et les réorganisations des entreprises face à la rationalisation et
aux nouvelles technologies qui prennent de l’expansion depuis les derniers
siècles.
Ehrenreich, Barbara. 2004. L’Amérique pauvre. Comment ne pas
survivre en travaillant, Grasset, Paris. Pp. 293-335.
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