« Over »-judiciarisation
des conflits de travail ou simplement le bon respect de la loi et l’ordre? Les
exemples de conflits de travail où l’on voit la justice venir imposer les
règles du jeu ne manquent pas. Vous pouvez consulter ce lien pour un exemple
récent http://www.journaldemontreal.com/2016/10/20/greve-illegale--le-syndicat-des-cols-bleus-coupable-doutrage-au-tribunal
(c’est ironique que j’aille préféré le Journal de Montréal :P).
Pas loin d’un an
après une journée de grève tenue le 8 décembre 2015, le syndicat des cols bleus
de Montréal est reconnu d’outrage au tribunal en ayant organisé une grève
« illégale » en allant à
l’encontre de l’ordonnance que le syndicat avait reçue ordonnant de se
présenter au travail. Maintenant, les conséquences de cette grève sont de
50 000$ pour les dirigeants ou simplement une peine de prison. Me semble
que ça coûte cher maintenant de défier l’ordre… Nos collègues dirigeant le
SÉSUM sont justement dans une situation semblable. Quel bordel!
Et on va dire
après que c’est de leur faute, qu’ils n’ont qu’à respecter la loi comme tout le
monde. On oublie souvent que les lois sont décidées par des gens, qu’elles ne
vont pas de soi. Nous pouvons faire l’exercice de trouver durant les dernières
années le nombre de fois qu’un gouvernement a joué un rôle dans l’affaiblissement
des collectifs de travail et dans la précarisation d’une masse salariale. Cela
se fait par la modification des lois existantes, par la création de nouvelles
ou par la création de programmes ciblant une classe de travailleur les
soustrayant aux lois existantes. Le rôle actif joué par les gouvernements dans
les conflits de travail (favorisant le patronat) et dans la précarisation des
travailleurs et travailleuses est devenu monnaie courante.
J’ai commencé
l’article en parlant de judiciarisation et maintenant je parle du rôle
législatif du gouvernement. Certains me diront que c’est deux niveaux
complètement différends, car la constitution canadienne prône une séparation
des pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire. Bullshit! Il n’y a pas pire erreur.
Je peux affirmer que le Premier Ministre du Canada (lorsque son gouvernement
est majoritaire) possède plus de pouvoir à l’intérieur des frontières de son
pays que le président des États-Unis en a dans le sien. Cette fameuse
« séparation des pouvoirs » au Canada implique que l’exécutif est
choisi parmi le législatif et que le judiciaire est nommé par l’exécutif. On ne
peut plus se le cacher, le conflit social est un jeu où le gouvernement est
juge et parti. Il est facile pour les gouvernements de faire pencher la balance
d’un côté ou de l’autre d’un conflit, sauf qu’il essaie tout de même d’éviter le
plus possible les controverses en usant de ruse et de subtilité.
Les cas de
judiciarisation des conflits de travail posent beaucoup de questions quant au
syndicalisme et à la mobilisation des travailleurs dans le 21e
siècle. Est-ce encore possible pour les syndicats de défendre les intérêts de
leurs membres? Est-ce qu’une transformation des règles du jeu nécessite
également une transformation du syndicalisme? Le discours classique du syndicat
du type « ne pas abandonner devant son patron » a-t-il sa place dans
l’ère de la flexibilité? Beaucoup de questions qui, je l’espère, attiseront les
débats publics dans les prochaines années. D’ici là, on lâche pas…
Maxime
Flibotte
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