« It’s not a pyramid… it’s a
dimaryp ! »[1]
On
connaît presque tous, de près ou de loin, une personne qui à un certain moment
arrive avec une idée magique, une solution pour faire de l’argent facile et
embrasser le rêve américain. Non ce n’est pas de la vente pyramidale, c’est de
la vente multiniveau ou marketing relationnel ou marketing à paliers multiples
ou vente en réseau par cooptation ou vente par réseau coopté[2]. Tous
ces termes ont été créés pour distinguer et marquer l’énorme différence[3] entre
cette manière de faire du commerce et le modèle de la vente pyramidale. Cette
distinction profonde entre la vente multiniveau et la vente pyramidale est basé
sur le principe que « […] les profits réalisés par les participants se
rattachent au recrutement de nouveaux membres plutôt qu’à la vente de
produits […] »[4]. En
d’autres termes, la vente multiniveau se distingue par le fait que les
distributeurs doivent impérativement acheter et vendre des produits avant de
pouvoir légalement recruter des nouveaux membres.
Cette
manière de faire du commerce s’inscrit dans une logique que l’on pourrait
qualifier de flexibilisation totale du marché de l’emploi. L’employeur, que
l’on ne peut pas vraiment caractériser d’employeur puisqu’il ne paye pas
réellement ses employés, remet l’entière responsabilité de la distribution et
de la vente de ses produits à ses subordonnés. L’explication qui est souvent
amenée par ces marchands de produits divers, est que l’entreprise n’investit
pas d’argent dans le marketing « traditionnel » et utilise cet argent
pour leur rémunération. L’idée est que la personne qui se subordonne à une
autre lui amène un certain montant. Cette personne doit acheter et vendre les
produits de l’entreprise et si elle veut faire plus d’argent (ou simplement
gagner de l’argent pour vivre), elle doit recruter des distributeurs qui seront
sous elle dans le fameux « multiniveau ». Cette idée qui semble en
apparence fonctionnelle du « je dois trouver 6 personnes et ces 6
personnes doivent en trouver 6 autres et ainsi de suite » est en fait un
subterfuge assez monumental. Avec un simple calcul mathématique on réalise que
cette logique ne peut fonctionner que sur 13 paliers, pourquoi? Parce qu’au 13e
palier on atteint plus que la population mondiale.
Cette
manière de faire du commerce vise la fidélisation d’une clientèle
consommatrice qui vend les produits qu’elle consomme. Qu’arrive-t-il si elle ne
consomme pas et ne peut revendre les produits qu’elle a achèté? Elle accumule.
Lorsque les produits sont périssables? Elle s’endette.[5] [6] [7] [8] D’ailleurs,
si elle consomme trop de certains produits elle peut s’intoxiquer. Plusieurs
cas d’empoisonnement[9] et de
lésions au foie[10]
ont été observés suite à la consommation des produits Herbalife.
De plus,
ces escroqueries sont basées sur un modèle managérial qui fait un peu penser à
celui de Wal-Mart[11]; les
clients/consommateurs/vendeurs/distributeurs vont à des rencontres où des gens
qui ont réussi à « faire de l’argent » sont exposés comme des modèles
à suivre et servent en quelque sorte de carotte au bout du bâton qui motive les
troupes. Ce sont des rencontres un peu sectaires où des « pitchs » de
vente et des « speechs » motivateurs, qui font penser aux paroles
pouvant provenir d’un gourou, sont théâtralisés et mis en scène d’une manière
spectaculaire. De la musique, des effets spéciaux, des personnalités publiques,
etc., tout pour vendre le rêve américain. Malheureusement, aussi alléchantes
que ces « opportunités » puissent paraîtres, ce n’est qu’une autre
manière d’exploiter des travailleurs qui souvent ont été préalablement
marginalisés dans le marché de l’emploi fragmenté.
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