mercredi 30 novembre 2016

Google face à la génération Y

Dans un article intitulé « Pourquoi tant d’employés quittent-ils Google ? » du Magazine web Les affaires, nous apprenons que le « géant » Google a un très fort  taux de roulement du personnel[1]. Pourtant Google fait rêver beaucoup de jeunes diplômés et fut nommé par le magazine Fortune comme l’un des « employeurs de rêve »(1). L’entreprise est connue pour  aménager des infrastructures pour augmenter le bien être des employés avec, entre autres l’accès à des gyms , et des repas bios(1).
Alors pourquoi Google a t-il un si grand « turnover »(6) d’employés ? Pour le journaliste Olivier Schoucker la réponse est dans l’âge des employés de la firme(1). L’âge médian des salariés est de 29 ans, donc pour la moitié des employés, Google est donc l’un de leurs premiers employeurs car certains d’entre eux sortent tout juste de l’université avec peu d’expérience de travail(1).  
Mais qui sont ces jeunes salariés ? Ces employés font partie de la « génération Y »(1). Elle comprend les personnes nées entre 1978 et 1994(2). Elle est souvent désignée par l’expression « digital native »[2]. Dans le monde du travail, cette génération se caractérise par le fait que ses membres ne développent pas d’attachement particulier à leur patron ou pour leur hiérarchie(1) .L’une des raisons en serait la « disparition de la famille patriarcale »(1) et le fait qu’ils tissent peu de lien envers l’entreprise(1).
Cette génération Y fonctionne différemment des autres générations. Les générations antérieures, sous la coupe managériale tayloriste travaillaient avec la peur d’être mises au chômage  si elles ne respectaient pas les délais de productions[3].  Dans le cas de l’entreprise Google, cette peur semble beaucoup moins prégnante puisque ce sont  les salariés qui décident de partir d’eux même si les conditions de travail ne leur plaisent pas(1).
Chez Google le roulement des employés est aussi important du fait que ses salariés sont diplômés de grandes universités voire même surqualifiés[4], ce qui entraîne une perte de productivité[5], mais aussi une perte de motivation puisqu’il est difficile de progresser(4).
 Cette surqualification aurait pour conséquence de ne pas leur permettre de juger leur valeur au travail au sein de l’entreprise : « difficile ensuite de mesurer sa valeur quand tout le monde est le meilleur »(4).Les salariés dénoncent aussi une omniprésence de l’entreprise dans leur vie avec des mails envoyés tard dans la nuit(4). Une autre donnée est mise en valeur dans l’article du magazine les affaires , c’est l’augmentation du nombre d’employés de Google qui est passé entre 2007 et 2013 de 9 500 employés à 28 000, ce qui signifie que la firme est en perpétuel recrutement(1).

Au total, un laisser-aller dans le management des équipes, une omniprésence de l’entreprise dans la vie des employés et une surqualification des salariés… À long terme, j’ai le sentiment que le risque pour Google est de perdre des « talents »(1), mais aussi de voir sa productivité et la qualité de ses produits diminuer. Car la génération Y est réputée pour « papillonner »(1) d’entreprise en entreprise. La question cruciale devient donc : pourquoi la politique managériale de Google ne prend pas assez en compte les besoins de la nouvelle génération ? La division verticale(3) du travail, présent dans le management fordiste(3), tend à diminuer fortement car les employés ne sont pas attachés aux liens hiérarchiques(1).  Sans oublier que les membres de cette nouvelle génération n’hésitent pas à changer d’entreprise si les conditions de travail ne les satisfont pas(1). D’autant, et je pense que c’est peut-être le plus important, que l’idéal des membres de cette génération Y est surtout  de créer leur propre entreprise(1). Je pense que l’ironie du sort est qu’en laissant partir des « génies » Google crée ses propres concurrents qui n’hésiteront pas a lancer des projets les plus novateurs possibles. Chaque salarié qui quitte l’entreprise est une menace pour le « géant américain »(4).




Mathilde Cros




[1] Schmouker, O. (30/07/2013). Pourquoi tant d’employé quittent-ils Google?. Les affaires blogue. Repéré à http://www.lesaffaires.com/blogues/olivier-schmouker/pourquoi-tant-d-employes-quittent-ils-google/560050/4/
[2] Pouget, J. (11/10/2008). Définition génération Y. La génération Y. Repéré à http://lagenerationy.com/generation-y-definition/
[3] Noiseux, Y. (Automne 2016). SOL2015- Notes de cours 3. Les sociologies du travail de l’après-guerre. Repéré sur studium.
[4] Thuillier, T. (02/10/2015). Quand les salarier de Google balancent. L’express Entreprise. Repéré à http://lentreprise.lexpress.fr/rh-management/management/travailler-chez-google-n-a-pas-que-des-avantages_1721795.html
[5] Granger, S. (08/04/2014). La surqualification est-elle un problème ?. Site internet Jobboom. Repéré à : http://www.jobboom.com/carriere/la-surqualification-est-elle-un-probleme/
(6) Turnover, Larousse,http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/turnover/80298

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