J’ai été bien heureux de tomber
sur une copie de l’Ultimatum (journal de l’ASSÉ) de septembre 2016. J’invite
les intéressés à aller s’en procurer une au local de l’ACSSUM. Le thème de
cette édition est la précarité étudiante. Quatre articles sur huit portent sur
ce sujet.
Pour un journal représentant
l’Association pour une Solidarité Syndicale Étudiante (ASSÉ), on ne doit pas
trop s’étonner de retrouver les thèmes précarité et étudiant dans
ses pages, mais quand est-il des autres journaux? Je vous invite à faire le
test d’inscrire le mot précarité sur Google et de chercher les articles
d’actualité. Beaucoup d’articles seront répertoriés, principalement pour ce qui
est des médias de France. Il m’a été très difficile de trouver avec Google des
articles concernant le Québec.
J’ai alors décidé d’aller
chercher sur le site internet de trois importants médias au Québec (le mot
« importants » est ici compris en termes de nombres de lecteurs) :
Le Journal de Montréal, La Presse et Le Devoir. Quoique l’on puisse s’attendre à ce que ce dernier donne
plus de résultats que les deux premiers, ce n’est pas le cas. Deux conclusions
importantes : 1) les articles concernant la précarité au Québec sont très
rares dans les médias québécois et 2) le peu d’articles concernant la précarité
ne l’aborde pas du tout de la même façon que les médias français.
Est-ce que cela signifie que la
précarité est plus importante en France qu’au Québec? On pourrait débattre
longtemps sur ce sujet. Cependant, ma réponse est que la précarité n’est pas
plus importante en France. Il peut y avoir plusieurs raisons qui font que les
médias français abordent davantage la précarité que leurs homologues québécois.
Peut-être est-ce parce que la société française a reconnu la précarité comme un
problème social ou, au contraire, parce que la société québécoise se refuse
d’assembler les pièces du puzzle afin de mieux cerner ce phénomène.
Une autre hypothèse pourrait être
que le phénomène est connu au Québec et qu’il y a des preuves suffisantes pour
reconnaître la précarité comme problème social. Les médias n’en parlent tout
simplement pas. Dans son film Elvis
Gratton XXX : La Vengeance d’Elvis Wong, Pierre Falardeau propose
une critique radicale des médias. Dans ce film, le Directeur de l’information
de l’empire médiatique « Gratton média » apprend à Bob Gratton que
les médias ont un pouvoir sur l’information : « Si on n’en parle pas,
c’est que ça n’existe pas. »
Si on se base sur ma théorie,
tout ce qui manque pour faire exister la précarité au Québec, c’est d’en parler
dans les grands médias. Si des recherches ont été produites sur la situation de
la précarité au Québec et que d’autres sont en routes, j’ai bien peur que ce
concept aille du mal à sortir du monde universitaire et syndical surtout que
les grands médias sont réticents à en parler.
Il y a cependant un autre acteur
qui pourrait aider à faire reconnaître la précarité et c’est le gouvernement.
Il n’est pas nécessaire de démontrer qu’un gouvernement peut facilement faire
apparaître un phénomène et en faire disparaître un autre.
Pour ce qui est de la
reconnaissance d’une précarité croissance, je ne me fierai pas sur notre
gouvernement pour le faire. En plus d’avoir joué un rôle actif dans la
précarisation d’une multitude de gens, le premier ministre actuel avait
déclaré, lorsqu’il était accusé de diriger un gouvernement prônant l’austérité,
que « L’austérité est une vue de l’esprit ».
Il ne faut pas oublier qu’il y a
un autre truc que l’on peut utiliser pour calmer l’élan d’un phénomène qui
prend trop d’ampleur : « si on en parle trop, changeons son sens pour que
le mot ne désigne plus la chose! »
Maxime
Flibotte
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