lundi 19 septembre 2016

L’affaire d’Uber a Québec – l’entente inattendue

Uber est-il légal à Québec ?! Une devinette que peu de personnes peuvent résoudre.  Des milliers de travailleurs-ses, et leurs familles, dans les services du transport par taxi au Québec, manquent toujours de clarifications compréhensives et transparentes.

Peu après minuit, la veille du 8 septembre 2016, le gouvernement du Québec et la compagnie Uber ont déclaré qu’une entente préliminaire a été achevée,  afin de légaliser les opérations d’Uber au Québec. Cet accord des dernières minutes entre les deux parties montre qu’ils ont, délibérément, décidé d’éviter un cul de sac pour leur négociation bilatérale. Ils la trouvent comme une opportunité pour développer une feuille de route pour la légalisation complète des opérations d’Uber à Québec tout en respectant la loi 100 qui est entrée en vigueur le même jour.  Cette loi qui « modifie l’encadrement des services de transport par taxi au Québec [1]» a été adoptée en juin dernier avec une sanction qui n’entre en vigueur que début septembre.

Plus d’une semaine après la signature de l’entente avec Uber,  les québécois-es en général et les chauffeurs-es de Taxi et d’Uber cherchent une explication détaillée, transparente et objective  de l’entente et de son impact sur l’industrie.   

Le texte de l’entente, comme publié par le gouvernement, révèle que l’accord est temporaire, pour une année renouvelable sous l’accord du ministre du Transport, de la Mobilité durable et de l’Electrification des transports, et vise à établir les fondations d’un projet pilote dont les piliers principales sont les suivants[2] :
  •            UBER entreprends le processus formel, nécessaire, pour s’enregistrer en tant qu’un « intermédiaire en service de transport par taxi ».
  •           Les services du transport en taxi fournis à travers Uber seront réglés sous un système de redevances  progressif  proportionnel aux heures d’opérations de la compagnie (0.90$ par course pour les premières 50,000 heures d’opérations par semaines et 1.10$ pour les heures entre 50.001 et 100 milles heures et 1.26$ pour chaque course qui s’effectue entre 100,001 et 150 milles heures d’opérations par semaine). De plus, s’ajoute 0.07$ comme montant fixe par chaque course en tant que frais d’assurance.   
  •    Les partenaires- chauffeurs d’Uber doivent être titulaires d’un permis de conduire de classe 4c ET ont 3 mois pour finaliser toutes les démarches nécessaires pour l’obtenir. 
  •     La tarification d’Uber sera toujours flexible et peut être augmentée d’un facteur 1.5 au maximum. 
  • Le gouvernement autorise  Uber à fournir ses propres formations aux « partenaires-chauffeur ».
Cette entente bilatérale a imposé une nouvelle réalité dans l’industrie du taxi tout en excluant les travailleurs engagés dans les services de transport en taxi. Ainsi, le gouvernement du Québec a signé un accord officiel qui admet la classification des travailleurs – partenaires chauffeurs – comme adoptés par Uber. On sait peu sur la légalité de cette classification.  L’accord  oblige Uber à verser les redevances mais ne précise pas qui va prendre la responsabilité pour payer ces montants. Même pour les  l’allocation de ces fonds n’est pas détaillée et manquent, toujours, d’une explication transparente. Cela représente une grande ambiguïté aux chauffeurs engagés avec Uber.

En plus, Uber a accepté de se conformer avec les requises fiscal ; mais l’accord ne dit rien sur le mécanisme de la collections. Est-ce qu’ils sont les clients qui vont la payé ? Les chauffeurs ? Ou Uber ? Finalement, la compagnie a préservé son droit aux opérations illimitées au Québec et va continuer sa politique de tarification flexible lors des « forces majeures ». Ce dernier restent un terme qui est toujours mal explique et pose beaucoup de doutes sur les régulations de protection des consommateurs. 

A l’exception d’Alexandre Taillefer[3], propriétaire de Téo Taxi, Taxi Hochelaga et Taxi Diamond, qui a exprimé son support  à l’entente et l’a défendue dans les média, tout en l’identifiant comme une opportunité pour développer l’industrie de taxi et rendre égale la compétition avec Uber ; les majeurs parties engagés dans les services du taxi ont contesté l’entente. Les chauffeurs de taxi, les propriétaires et les   intermédiaires ont formé un front commun pour défendre  leurs intérêts et demander au gouvernement de retirer l’entente[4].  Le 16 septembre, des représentants de ce front ont présenté une demande officielle d’injonction de l’entente[5] signée par le juge Michel Deziel, de la Cour Supérieure, va l’étudier et rendre sa décision le Mardi prochain[6].      

Cependant, Uber continue à opérer dans un vacuum  légal ; l’entente n’est pas encore entrée en vigueur et seuls ses partenaires chauffeurs continuent de travailler sans aucune protection, ni représentation collective.   

A suivre,

Par Rabih JAMIL

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