Dans un article publié le 21
septembre 2016 sur le site de Radio-Canada, il est dit que le 21 septembre
dernier (mercredi), des employés de l’hôtel Classique à Québec annonçaient une
grève générale illimitée. Cette action a pour but de protester contre les
mesures prises par leur employeur pour transférer « les services de
buanderie et d’entretien des chambres à un sous-contractant ». Ce dernier
est une entreprise qui aurait été créé quelques jours auparavant, peu après
l’annonce d’une grève de cinq jours le vendredi précédent par les employés
syndiqués de l’hôtel. S’agit-il d’une coïncidence? Ann Gingras, présidente du
conseil central de Québec de la CSN, suspecte qu’il s’agit possiblement d’une
tentative « pour contourner la loi anti-briseurs de grève ».
Ce genre de loi correspond à un
ensemble de dispositions qui visent assurer le bon déroulement d’une grève ou
du moins, à s’assurer qu’elle ne soit pas contournée et ce, notamment par les
employeurs. Le site du gouvernement du Québec explique : « Si vous
êtes en grève ou en lock-out, personne à part les cadres de l’établissement ne
peut remplir vos fonctions ou celles des autres salariés en conflit ». Le
site explique également qu’il est interdit à l’employeur d’engager un membre de
son personnel ou d’un autre employeur. Il semble donc possible qu’il s’agisse
d’une telle tentative de contournement comme le souligne Ann Gingras. Le
service juridique de la CSN serait en train d’analyser cette possibilité.
L’hôtel Classique n’est pas le seul
à avoir obtenu un mandat de grève de cinq jours. C’est aussi le cas de l’hôtel
Hilton, également dans la ville de Québec. Les employés de cet hôtel
revendiquent, quant à eux, « de meilleurs salaires dans les négociations
en cours pour le renouvellement de leur contrat de travail ». Ceux-ci
expriment aussi une appréhension de la surcharge de travail à laquelle ils sont
exposés. Plusieurs autres hôtels ont participé à une grève d’un jour le
septembre dernier.
Le recours à des sous-traitants
contribue à la précarisation du travail pour ceux-ci puisqu’il devient alors
difficile de se syndicaliser. Les sous-traitants dépendants de leurs employeurs
pour avoir un revenu. De plus, il ne leur pas aussi facile de négocier car leur
employeur n’aurait qu’à aller vers quelqu’un d’autre si la situation ne lui
plaît pas. D’un autre côté, ils ne sont pas nécessairement bénéficiaires de
protections. Dans un extrait de son texte Dépasser les anti-syndicalismes, construire les organisations du XXIe siècle,
Gabriel Nadeau-Dubois explique :
« Le discours idéologique
néolibéral, plus ou moins cohérent en fonction des acteurs et des situations, gravite autour de
l’idée selon laquelle la maximisation des libertés entrepreneuriales et la concurrence généralisée entre les
individus et les groupes dans des structures de marché tendent nécessairement à maximiser le bien-être
individuel et à récompenser les individus en fonction de leur mérite ».
(Nadeau-Dubois, 2014 : 250)
Cet extrait montre que l’idéologie
néolibérale tend à favoriser l’accord de libertés aux entreprises et soutient
qu’elle contribuera au « bien-être » des travailleurs et ouvriers,
mais dans la réalité, il n’en est pas forcément ainsi. En effet, dans le cas
des travailleurs sous-traitants, l’employeur pourrait avoir pour objectif de
recourir à un personnel extérieur (sous-traitants) plus flexible et qui ne
risque pas de l’embêter avec des revendications puisque celui-ci dépend
monétairement de l’employeur. Les travailleurs de l’hôtel sont eux aussi
désavantagés puisque leurs revendications sont contournées. Ce genre de
situation montre donc l’importance d’une réglementation rigoureuse pour éviter les abus et favoriser
de meilleures conditions de travail pour tous.
Samantha Duchesne
Sources:
-Informations sur la loi anti-briseurs de grèves au Québec (Gouvernement du Québec) :http://www4.gouv.qc.ca/FR/Portail/Citoyens/Evenements/travailleur-avec-salaire/Pages/dispositions-antibriseurs-greve.aspx
- Article de Radio-Canada: http://ici.radio-canada.ca/regions/quebec/2016/09/21/011-greve-generale-illimitee-employes-hotel-classique.shtml
GOUVERNEMENT
DU QUÉBEC, « Dispositions anti-briseurs de grève », 2016. En ligne au
http://www4.gouv.qc.ca/FR/Portail/Citoyens/Evenements/travailleur-avec-salaire/Pages/dispositions-antibriseurs-greve.aspx
consulté le 24 septembre 2016.
NADEAU-DUBOIS,
Gabriel. « Dépasser les anti-syndicalismes, construire les organisations
du XXIe siècle. Mobilisation et démocratie dans le mouvement syndical »,
dans, Renouveler le syndicalisme pour
changer le Québec, sous la direction de Crevier, Forcier et Trépanier,
Écosociétés, 2014, p.248-262.
RADIO-CANADA,
« Grève générale illimitée à l’hôtel Classique », 21 septembre
2016, http://ici.radio-canada.ca/regions/quebec/2016/09/21/011-greve-generale-illimitee-employes-hotel-classique.shtml
(Page consultée le 24 septembre 2016).
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