Le
12 octobre 2015 les 150 officiers-ères mécaniciens et de navigation
de la Société des traversiers du Québec (STQ) sont entrés-es en
grève générale illimitée légale. Les traverses de
Québec–Lévis et de Sorel–Saint-Ignace-de-Loyola sont
depuis totalement interrompues, impliquant des difficultés pour les
résidents-es
qui doivent alors parfois faire des détours routiers pour se
déplacer.
La
grève a été initiée
en réaction aux « pseudo-offres » du patronat, offres
qui ne répondent en aucun point aux revendications
des travailleurs-es. Alors
que la convention collective est échue depuis la fin du mois de mars
dernier, le syndicat
n'a pas
procédé à une gradation des moyens de pression, une
telle éventualité étant considérée comme du « tataouinage »
par le représentant des Métallos.
La
tactique des membres
du syndicat
et donc « révolutionnaire », au sens où les moyens de
pression adoptés ne font pas dans la demi-mesure et agissent
directement sur l'économie en limitant la circulation fluviale et
les gains qui y sont associés.
Pourtant,
la démarche du syndicat n'est pas exempte de contradictions. En
effet, si le recours immédiat à la grève tend à être associé à
des pratiques militantes engagées, force est de constater que ce
même militantisme n'est pas si présent au sein des instances
décisionnelles du syndicat. Si le représentant des Métallos
martèle que la grève a été adoptée à 80%, il demeure
apparemment impossible de savoir combien de membres sur la totalité
est présente. L'absence de quorum dans les statuts et règlements
(et la justification de cette absence comme étant conséquente des
difficultés rencontrées par le passé) questionne justement le
degré d'implication des membres. Le
nombre restreint
des grévistes
ayant
participé au
piquetage lors
du
premier jour de grève va dans le même sens.
La
situation actuelle des travailleurs-euses
de la STQ illustre la complexité des mouvements syndicaux et les
tensions qui les traversent. Un mouvement radical peut-il se faire
sans l'approbation générale des membres? La fragilité du mouvement
actuel – illustrée à travers les contestations que certains-es
travailleurs-euses
ont eux mêmes fait parvenir aux journalistes – porte à
questionner l'ampleur que pourront éventuellement prendre les
mobilisations, notamment en cas de décret spécial. Au tel cas, le
noyau du du syndicat arrivera-t-il a rallier ses membres afin de
faire valoir leurs
intérêts auprès de l'employeur? Les
tensions qui traversent le syndicat laissent donc penser que l'issue
du conflit ne peut être devinée à partir des pratiques syndicales
les plus médiatisées, et que seule la prise en compte de la
pluralité des pratiques pourra donner des indices sur la suite des
activités et de leurs réelles fonctions.
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http://www.lapresse.ca/le-soleil/actualites/transports/201510/13/01-4909113-une-greve-sans-grevistes-a-la-traverse-quebec-levis.php?utm_categorieinterne=trafficdrivers&utm_contenuinterne=cyberpresse_vous_suggere_4909709_article_POS5
http://www.lapresse.ca/le-soleil/actualites/transports/201510/13/01-4909564-greve-sur-les-traversiers-les-deux-clans-saccusent-de-mauvaise-foi.php?utm_categorieinterne=trafficdrivers&utm_contenuinterne=cyberpresse_vous_suggere_4909709_article_POS2
http://plus.lapresse.ca/screens/ec4350c2-17a2-4967-bfe9-154fc44b9b85%7Cp3ejUdFiba8t.html
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Paquet, R. Gosselin, E. et J-F Tremblay. Mai 2002. « Une synthèse des grandes théories du
syndicalisme », document de recherche 02-01, CRIMT, UQAH. Pp. 1-28
Gagnon, Mona-José. 1991. « Le syndicalisme : du mode d’appréhension à l’objet sociologique »,
Sociologie et sociétés, vol. XXIII, no.2. Pp. 79-95.
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