mercredi 14 octobre 2015

Traverses

Le 12 octobre 2015 les 150 officiers-ères mécaniciens et de navigation de la Société des traversiers du Québec (STQ) sont entrés-es en grève générale illimitée légale. Les traverses de Québec–Lévis et de Sorel–Saint-Ignace-de-Loyola sont depuis totalement interrompues, impliquant des difficultés pour les résidents-es qui doivent alors parfois faire des détours routiers pour se déplacer.

La grève a été initiée en réaction aux « pseudo-offres » du patronat, offres qui ne répondent en aucun point aux revendications des travailleurs-es. Alors que la convention collective est échue depuis la fin du mois de mars dernier, le syndicat n'a pas procédé à une gradation des moyens de pression, une telle éventualité étant considérée comme du « tataouinage » par le représentant des Métallos.

La tactique des membres du syndicat et donc « révolutionnaire », au sens où les moyens de pression adoptés ne font pas dans la demi-mesure et agissent directement sur l'économie en limitant la circulation fluviale et les gains qui y sont associés.

Pourtant, la démarche du syndicat n'est pas exempte de contradictions. En effet, si le recours immédiat à la grève tend à être associé à des pratiques militantes engagées, force est de constater que ce même militantisme n'est pas si présent au sein des instances décisionnelles du syndicat. Si le représentant des Métallos martèle que la grève a été adoptée à 80%, il demeure apparemment impossible de savoir combien de membres sur la totalité est présente. L'absence de quorum dans les statuts et règlements (et la justification de cette absence comme étant conséquente des difficultés rencontrées par le passé) questionne justement le degré d'implication des membres. Le nombre restreint des grévistes ayant participé au piquetage lors du premier jour de grève va dans le même sens.


La situation actuelle des travailleurs-euses de la STQ illustre la complexité des mouvements syndicaux et les tensions qui les traversent. Un mouvement radical peut-il se faire sans l'approbation générale des membres? La fragilité du mouvement actuel – illustrée à travers les contestations que certains-es travailleurs-euses ont eux mêmes fait parvenir aux journalistes – porte à questionner l'ampleur que pourront éventuellement prendre les mobilisations, notamment en cas de décret spécial. Au tel cas, le noyau du du syndicat arrivera-t-il a rallier ses membres afin de faire valoir leurs intérêts auprès de l'employeur? Les tensions qui traversent le syndicat laissent donc penser que l'issue du conflit ne peut être devinée à partir des pratiques syndicales les plus médiatisées, et que seule la prise en compte de la pluralité des pratiques pourra donner des indices sur la suite des activités et de leurs réelles fonctions.

++++++
http://www.lapresse.ca/le-soleil/actualites/transports/201510/13/01-4909113-une-greve-sans-grevistes-a-la-traverse-quebec-levis.php?utm_categorieinterne=trafficdrivers&utm_contenuinterne=cyberpresse_vous_suggere_4909709_article_POS5
http://www.lapresse.ca/le-soleil/actualites/transports/201510/13/01-4909564-greve-sur-les-traversiers-les-deux-clans-saccusent-de-mauvaise-foi.php?utm_categorieinterne=trafficdrivers&utm_contenuinterne=cyberpresse_vous_suggere_4909709_article_POS2
http://plus.lapresse.ca/screens/ec4350c2-17a2-4967-bfe9-154fc44b9b85%7Cp3ejUdFiba8t.html

+++++

Paquet, R. Gosselin, E. et J-F Tremblay. Mai 2002. « Une synthèse des grandes théories du syndicalisme », document de recherche 02-01, CRIMT, UQAH. Pp. 1-28
Gagnon, Mona-José. 1991. « Le syndicalisme : du mode d’appréhension à l’objet sociologique », Sociologie et sociétés, vol. XXIII, no.2. Pp. 79-95.

Aucun commentaire:

Publier un commentaire