mardi 20 octobre 2015

Le syndicalisme d’aujourd’hui, un bel anachronisme !


En 2013, on dénombre 1 381 400 travailleurs salariés québécois couverts par une convention collective et de ce  nombre, 1 268 800 ou 92% sont membres d’un syndicat. Le taux de  couverture syndicale (ou présence syndicale), qui exprime la proportion de salariés couverts par une convention collective, se chiffre à 39,5% selon statistique Québec. Cette année les conventions collectives sont arrivées à échéance le 31 mars 2015. Selon les prescrits du Code du travail, les négociations entre le gouvernement et les organisations syndicales prennent place 180 jours avant l'échéance des conventions collectives des employés des secteurs public et parapublic. Rien d’étonnant donc que depuis au moins le début de printemps 2015,  il ne se passe pas un jour où les syndicats concernés (santé, transport, la police, etc.) ne prennent position pour défendre leurs intérêts. Ils utilisent toutes sortes de pressions pour faire passer leurs exigences et résister aux réformes gouvernementales, pour résister en fin de compte à cette vague austère, dont les profits qu’elle doit supposément engendrés, selon certains observateurs, devraient finir dans les  poches les plus nantis et mis à l’abri dans les paradis fiscaux. Régine Laurent présidente de la Fédération des Infirmières du Québec (FIQ) est contente d’annoncer que le bras de fer avec le gouvernement est sur le point de porter ses fruits puisque de réelles discussions sont en cours. C’est sans doute une excellente nouvelle pour les infirmières. En effet, depuis quelques mois la (FIQ) militent pour avoir de meilleures conditions de travail pour les infirmières du réseau de soins. Dans l’article publié dans le Journal de Montréal en date du 11 octobre 2015 par Régys Caron, une situation a particulièrement retenu mon  attention. Parmi les 78 108 membres du personnel en soins infirmiers, 41 408 sont employés à temps partiel. C’est un peu plus d’une infirmière sur deux. Alors que les spécialistes considèrent que le ratio devrait être 3 infirmières travaillant à temps partiel pour 7 infirmières travaillant à temps plein. Les personnes travaillant à temps partiel sont délibérément maintenues dans des conditions précaires de travail par l’administration et les gestionnaires qui veulent sauver de l’argent. Les employés à temps partiel ne se sont pas intégrés comme employés à temps plein parce que cela coûterait beaucoup trop cher au système. C’est cynique, disons-nous. Une infirmière qui travaille à temps partiel est maintenue dans une situation de  pauvreté et voit sa marge de manœuvre réduite. Il n’est intéressant pour personne de ne pas pouvoir préparer son emploi du temps à l’avance, de devoir laisser un dîner de famille pour rejoindre tout de suite le boulot, de ne pas savoir quoi faire pour faire garder son enfant à la dernière minute parce que l’on doit rentrer au travail sur le champ. C’est un bel exemple de déni du facteur humain dans l’unique but d’accumuler des profits. Les travaux d’Elton Mayo n’auront donc pas servi à améliorer le sort des employés dans le capitalisme avancé où seul le profit justifie les moyens.  Pas étonnant donc de voir les infirmières constamment se plaindre de leurs conditions de travail. Ceux qui travaillent à temps plein se voient offrir les heures supplémentaires. Elles acceptent dans bien des cas peut-être à cause de l’attraction du gain ou parce qu’elles n’ont pas le choix. En bout ligne, elles en sortent brulées. Pris entre des infirmières insatisfaites de leurs conditions de travail qui ne sont pas contentes d’être là et des infirmières surmenées, c’est le patient qui paie la facture. Et cela ne dérange pas l’administration et les gestionnaires qui peuvent récolter les profits et les primes de gestion.
Tout compte fait, pouvoir compter sur une instance pour pouvoir faire pression sur les acteurs et forcer des décisions est un bel exemple de démocratie dans lequel les syndicats jouent un rôle de contre-pouvoir. Dans un contexte de gouvernement majoritaire,  c’est bien de savoir qu’il y a des groupes qui peuvent encore tenir tête. Mais ce type de syndicalisme calqué sur les corps de métier laisse à quai la majorité des salariés et ce n’est pas banal. Le syndicalisme d’aujourd’hui se dessine sous nos yeux tel un anachronisme. Il a très peu évolué avec le temps et les multiples changements opérés sur le marché de travail. On ne pas dire non plus qu’il est efficace puisque les problèmes d’aujourd’hui sont recensés depuis un bon moment déjà. Les infirmières ne devraient pas se contenter d’une augmentation de salaire à chaque fois parce que cela ne résout pas leurs problèmes. Pour faire des avancées significatives, il nous semble que cela passe par l’application du ratio 7/3. Le facteur humain doit-être pris en compte pour le bien du système,  des employés et des patients. Le temps des réformes en profondeur de cette entité historique, vitale et stratégique qu’est le syndicat est peut-être arrivé. Il faut le réinventer. Cela prend de la volonté, du courage et de l’imagination. Ce n’est pas gagné d’avance.
http://www.journaldemontreal.com/2015/10/11/plus-de-50--des-infirmieres-travaillent-a-temps-partiel
 Donrock Pierre Alexis

Aucun commentaire:

Publier un commentaire