En 2013, on
dénombre 1 381 400 travailleurs salariés québécois couverts par une convention
collective et de ce nombre, 1 268 800 ou 92% sont membres d’un syndicat. Le taux de couverture syndicale (ou présence
syndicale), qui exprime la proportion de salariés couverts par une convention
collective, se chiffre à 39,5% selon statistique Québec. Cette année les conventions collectives sont arrivées à échéance le 31
mars 2015. Selon les prescrits du Code du travail, les négociations entre le
gouvernement et les organisations syndicales prennent place 180 jours avant
l'échéance des conventions collectives des employés des secteurs public et
parapublic. Rien d’étonnant donc que depuis au moins le début de printemps 2015,
il ne se passe pas un jour où les
syndicats concernés (santé, transport, la police, etc.) ne prennent position
pour défendre leurs intérêts. Ils utilisent toutes sortes de pressions pour
faire passer leurs exigences et résister aux réformes gouvernementales, pour
résister en fin de compte à cette vague austère, dont les profits qu’elle doit
supposément engendrés, selon certains observateurs, devraient finir dans les poches les plus nantis et mis à l’abri dans
les paradis fiscaux. Régine Laurent présidente de la Fédération des Infirmières
du Québec (FIQ) est contente d’annoncer que le bras de fer avec le gouvernement
est sur le point de porter ses fruits puisque de réelles discussions sont en
cours. C’est sans doute une excellente nouvelle pour les infirmières. En effet,
depuis quelques mois la (FIQ) militent pour avoir de meilleures conditions de
travail pour les infirmières du réseau de soins. Dans l’article publié dans le Journal
de Montréal en date du 11 octobre 2015 par Régys Caron, une situation a
particulièrement retenu mon attention. Parmi
les 78 108 membres du personnel en soins infirmiers, 41 408 sont employés à
temps partiel. C’est un peu plus d’une infirmière sur deux. Alors que les
spécialistes considèrent que le ratio devrait être 3 infirmières travaillant à
temps partiel pour 7 infirmières travaillant à temps plein. Les personnes
travaillant à temps partiel sont délibérément maintenues dans des conditions
précaires de travail par l’administration et les gestionnaires qui veulent
sauver de l’argent. Les employés à temps partiel ne se sont pas intégrés comme
employés à temps plein parce que cela coûterait beaucoup trop cher au système.
C’est cynique, disons-nous. Une infirmière qui travaille à temps partiel est
maintenue dans une situation de pauvreté
et voit sa marge de manœuvre réduite. Il n’est intéressant pour personne de ne
pas pouvoir préparer son emploi du temps à l’avance, de devoir laisser un dîner
de famille pour rejoindre tout de suite le boulot, de ne pas savoir quoi faire
pour faire garder son enfant à la dernière minute parce que l’on doit rentrer
au travail sur le champ. C’est un bel exemple de déni du facteur humain dans
l’unique but d’accumuler des profits. Les travaux d’Elton Mayo n’auront donc
pas servi à améliorer le sort des employés dans le capitalisme avancé où seul
le profit justifie les moyens. Pas
étonnant donc de voir les infirmières constamment se plaindre de leurs
conditions de travail. Ceux qui travaillent à temps plein se voient offrir les
heures supplémentaires. Elles acceptent dans bien des cas peut-être à cause de
l’attraction du gain ou parce qu’elles n’ont pas le choix. En bout ligne, elles
en sortent brulées. Pris entre des infirmières insatisfaites de leurs
conditions de travail qui ne sont pas contentes d’être là et des infirmières surmenées,
c’est le patient qui paie la facture. Et cela ne dérange pas l’administration
et les gestionnaires qui peuvent récolter les profits et les primes de gestion.
Tout
compte fait, pouvoir compter sur une instance pour pouvoir faire pression sur
les acteurs et forcer des décisions est un bel exemple de démocratie dans
lequel les syndicats jouent un rôle de contre-pouvoir. Dans un contexte de
gouvernement majoritaire, c’est bien de
savoir qu’il y a des groupes qui peuvent encore tenir tête. Mais ce type de
syndicalisme calqué sur les corps de métier laisse à quai la majorité des
salariés et ce n’est pas banal. Le syndicalisme d’aujourd’hui se dessine sous
nos yeux tel un anachronisme. Il a très peu évolué avec le temps et les multiples
changements opérés sur le marché de travail. On ne pas dire non plus qu’il est
efficace puisque les problèmes d’aujourd’hui sont recensés depuis un bon moment
déjà. Les infirmières ne devraient pas se contenter d’une augmentation de
salaire à chaque fois parce que cela ne résout pas leurs problèmes. Pour faire
des avancées significatives, il nous semble que cela passe par l’application du
ratio 7/3. Le facteur humain doit-être pris en compte pour le bien du système, des employés et des patients. Le temps des
réformes en profondeur de cette entité historique, vitale et stratégique qu’est
le syndicat est peut-être arrivé. Il faut le réinventer. Cela prend de la
volonté, du courage et de l’imagination. Ce n’est pas gagné d’avance.
http://www.journaldemontreal.com/2015/10/11/plus-de-50--des-infirmieres-travaillent-a-temps-partiel
Donrock Pierre Alexis
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