mardi 20 octobre 2015

Droit du travail pour le travailleur indépendant.

 « Le droit de l’activité ne doit pas se limiter au salariat » est un article paru dans le Monde par François Hurel le 19 octobre 2015 dont il m’a paru intéressant de s’attarder vu le contexte actuel. Le fondateur de l’Union des Autoentrepreneurs, (auteur de cet article) émet l’idée, ou sinon pour lui, la nécessité de refonder un nouveau droit de l’activité en France ; celui-ci ne s’appliquant aujourd’hui qu’au travail salarié et non au travail indépendant. L’idée d’un changement réel et catégorique plutôt que de simples transformations et réformes se fait beaucoup entendre de nos jours. Pour que les choses changent, ne vaudrait-il mieux pas s’adapter à la nouvelle réalité du travail moderne, plutôt que d’essayer en vain de l’accommoder aux anciennes configurations misent en place ? En effet, Mr Hurel met en avant ici l’avenir du travail indépendant. L’activité de nos jours, ce n’est pas seulement le salariat, c’est aussi le travail indépendant. Seulement, ce dernier n’est pas pris en compte dans le droit de l’activité.
Le travail salarié s’est mis en place à partir de la révolution industrielle au sein d’un contexte moderne dans laquelle la sphère économique prime. De nombreux philosophes, sociologues, économistes ont pensé au rapport salarial et ce que cela apporterait à la société moderne. Locke le voyait émancipateur ; pour Smith, il était facteur de production ; quant à Marx, il le disait aliénant et dominant. Quoi qu’il en soit, le rapport salarial finit par être fortement intégré dans la société moderne, et dans nos valeurs personnelles. En effet, au XXème siècle, il devient le pivot du système de distribution des revenus, des droits et des protections. La réalité d’aujourd’hui, c’est que, bien que le salariat soit toujours central, « le chômage », la « précarisation de certains statuts » caractérisent ces limites selon l’auteur. Réformer une nouvelle fois le droit du travail, complexifierait et alourdirait d’autant plus l’activité salariale. De plus, il qualifie le droit de l’activité d’ « illisible » et d’ « anxiogène ». Dans cette critique forte du salariat, il défend à tout prix le travail indépendant. De nos jours, les gens rechercheraient plus d’autonomie, mais le manque de protection sociale pour les actifs indépendants les empêcherait de se lancer, condamnant alors cette liberté.
Cette protection est, comme on a vu, le pivot même du rapport salarial. C’est l’Etat providence qui a permis cette avancée. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, on commence à évoquer l’idée d’un Etat dont le but ne serait pas seulement d’assurer l’ordre, la loi et la sécurité, mais qui veillerait aussi à redistribuer les richesses des plus riche vers les plus pauvres. C’est l’économie dirigée de Keynes : l’emploi est alors vu comme variable indépendante que l’on cherche à contrôler politiquement, notamment grâce au droit du travail qui assure les trois piliers fondamentaux : l’assurance-maladie, la retraite et le chômage. Pour laisser une chance au travailleur indépendant, qui, aujourd’hui, peut apporter beaucoup à la société selon l’auteur, il est important qu’il ait accès à cette même protection. Malheureusement, c’est loin d’être le cas : ils n’ont ni accès à la retraite, ni au chômage. Il semble alors assez logique dans ces conditions, surtout en temps de crise, que le travailleur se penche davantage vers le travail salarié à la recherche d’un CDI (Contrat à Duré Indéterminé) qui lui garantit la sécurité d’emploi au dépens même d’une garanti de l’activité économique selon François Hurel. Le choix entre le CDI et l’auto-entreprenariat n’est pas un choix équitable. C’est contre ce manque d’équité entre le statut du salarié et le statut de l’indépendant que l’union des auto-entrepreneurs lutte. Ils réclament donc un nouveau droit du travail qui placerait ces deux statuts sur le même pied d’égalité.
            Dans cet article, François Hurel émet une idée novatrice qui pour lui serait la solution au problème de chômage structurel de masse que la France connaît aujourd’hui. En refondant un droit de l’activité qui permettrait au travailleur indépendant d’accéder à la même sécurité d’emploi que garantit le droit du travail aujourd’hui à l’actif salarié, on donnerait une réelle chance à « l’innovation » et « l’initiative individuelle ». C’est sur ces deux processus qu’on peut compter pour redresser la croissance et se sortir de la crise.

Sources : http://www.lemonde.fr/idees/article/2015/10/19/le-droit-de-l-activite-ne-doit-pas-se-limiter-au-salariat_4792192_3232.html


Adèle Ghiringhelli

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