Nestlé et partenaires
Douteux…
En août dernier, le groupe
agroalimentaire suisse Nestlé a fait l’objet de deux plaintes collectives déposées
par le tribunal fédéral du centre de la Californie pour atteintes aux droits
humains sur des chaines d’approvisionnement. En effet, il est reproché au géant
suisse de tolérer volontairement la pratique du travail forcé par l’un de ses
fournisseurs principaux en aliments pour animaux qui est basé en Thaïlande,
Thaï Union Frozen Products. Selon la première plainte déposée, Nestlé importe
de ce même fournisseur plus de douze mille tonnes d’aliments pour animaux à
base de fruits de mer, tout en étant pleinement conscient que ces aliments sont
produits dans des conditions de quasi esclavage. Dans les faits, les
travailleurs concernés, souvent venus de pays voisins aux conditions plus
précaires tel le Cambodge ou la Birmanie, sont vendus à des capitaines de
bateaux de pêche, qui exigent d'eux un travail irraisonnable et éprouvant à
raison de vingt heures par jour. Ils sont maintenus dans des situations de
servitude, touchent parfois un salaire dérisoire, et ne bénéficient d’aucune
protection sociale en tant que travailleurs. L’entreprise soutient toutefois
qu’elle
travaille avec les parties prenantes aux niveaux mondial et local pour
éliminer toute les possibilités de travail forcé dans sa chaîne
d’approvisionnement.
La deuxième plainte dénonce l’indifférence
de l’entreprise, et de deux autres groupes chocolatiers, face au recours au
travail forcé des enfants chez leurs fournisseurs de cacao basés en Côte
d’ivoire. Dans ce pays où « l’or brun » représente 22% du PIB et plus
de la moitié des emplois et revenus de la population, entre 300 000 et 1
millions d’enfants travaillent dans les plantations de cacao. Selon les
plaignants, ces jeunes travailleurs infortunés sont souvent contraints de
transporter des charges trop lourdes, menacés physiquement, exposés à des
substances toxiques, et même parfois vendus par des trafiquants qui les
enlèvent ou les achètent dans des pays voisins. L’absence de paie ne fait
qu’aggraver leur sort.
En réponse à ces accusations Nestlé affirme: « Le travail des enfants n’a pas sa
place dans notre chaîne de création de valeur. » Et en prônant une attitude «
proactive et axée sur le long terme » de tous les acteurs pour éradiquer
l’exploitation des enfants en Côte d’Ivoire. « Nous prenons des mesures pour
éliminer par étapes le travail des enfants. En examinant chaque cas, nous attaquons
le problème à sa racine ».
Alors que les conditions de travail
et les pratiques d’employeurs au sein de certaines entreprises, et dans les
chantiers de pays de la péninsule Arabique suscitent de plus en plus
l’indignation des associations humanitaires, le coût humain démesuré
supposément nécessaire à la production à grande échelle ne passe plus inaperçu
et défraie les chroniques. Le travail est devenu «le pivot des systèmes de
distribution des revenus, droits et protections» mais au coût de sacrifices
venant de celui qui en est le récipiendaire «privilégié». Une réflexion
s’impose, car le présent industriel nous éloigne de ce que nous avons de plus
humain…une grave perte de sens ce dessine !
Tous ces constats regrettables
concernant la sphère industrielle d’aujourd’hui renforce malheureusement la
thèse évolutionniste selon laquelle l’homme n’est qu’un être de production et
de performance, et nous ramène à deux de
trois conclusions vu en classe plus tôt cette session suite à la lecture d’un
texte de Castel portant sur la transformation du travail et de l’emploi. Tout
d’abord, la société salariale véritable qui s’est mise en place à partir de la
révolution industrielle n’est possible que dans une société moderne où la
sphère économique s’est autonomisée. Inévitablement, les grandes
multinationales profitent d’une autonomisation incomplète au sein des activités
industrielles étrangères pour alléger ses obligations envers le travailleur(le
rapport salarial) et se permettre des abus muets. Ensuite, «travailler» n’est
pas une réalité anthropologique mais plutôt historique, alors qu’au fil des transformations, peu importe ses conditions, l’homme a toujours été le pivot principal et
indispensable à une production et une distribution dont il est aussi le
consommateur primaire.
Famara Kujabi.
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