lundi 26 octobre 2015

Nestlé et partenaires Douteux…
En août dernier, le groupe agroalimentaire suisse Nestlé a fait l’objet de deux plaintes collectives déposées par le tribunal fédéral du centre de la Californie pour atteintes aux droits humains sur des chaines d’approvisionnement. En effet, il est reproché au géant suisse de tolérer volontairement la pratique du travail forcé par l’un de ses fournisseurs principaux en aliments pour animaux qui est basé en Thaïlande, Thaï Union Frozen Products. Selon la première plainte déposée, Nestlé importe de ce même fournisseur plus de douze mille tonnes d’aliments pour animaux à base de fruits de mer, tout en étant pleinement conscient que ces aliments sont produits dans des conditions de quasi esclavage. Dans les faits, les travailleurs concernés, souvent venus de pays voisins aux conditions plus précaires tel le Cambodge ou la Birmanie, sont vendus à des capitaines de bateaux de pêche, qui exigent d'eux un travail irraisonnable et éprouvant à raison de vingt heures par jour. Ils sont maintenus dans des situations de servitude, touchent parfois un salaire dérisoire, et ne bénéficient d’aucune protection sociale en tant que travailleurs. L’entreprise soutient toutefois  qu’elle  travaille avec les parties prenantes aux niveaux mondial et local pour éliminer toute les possibilités de travail forcé dans sa chaîne d’approvisionnement.
La deuxième plainte dénonce l’indifférence de l’entreprise, et de deux autres groupes chocolatiers, face au recours au travail forcé des enfants chez leurs fournisseurs de cacao basés en Côte d’ivoire. Dans ce pays où « l’or brun » représente 22% du PIB et plus de la moitié des emplois et revenus de la population, entre 300 000 et 1 millions d’enfants travaillent dans les plantations de cacao. Selon les plaignants, ces jeunes travailleurs infortunés sont souvent contraints de transporter des charges trop lourdes, menacés physiquement, exposés à des substances toxiques, et même parfois vendus par des trafiquants qui les enlèvent ou les achètent dans des pays voisins. L’absence de paie ne fait qu’aggraver leur sort.
En réponse à ces accusations Nestlé  affirme: « Le travail des enfants n’a pas sa place dans notre chaîne de création de valeur. » Et en prônant une attitude « proactive et axée sur le long terme » de tous les acteurs pour éradiquer l’exploitation des enfants en Côte d’Ivoire. « Nous prenons des mesures pour éliminer par étapes le travail des enfants. En examinant chaque cas, nous attaquons le problème à sa racine ».
Alors que les conditions de travail et les pratiques d’employeurs au sein de certaines entreprises, et dans les chantiers de pays de la péninsule Arabique suscitent de plus en plus l’indignation des associations humanitaires, le coût humain démesuré supposément nécessaire à la production à grande échelle ne passe plus inaperçu et défraie les chroniques. Le travail est devenu «le pivot des systèmes de distribution des revenus, droits et protections» mais au coût de sacrifices venant de celui qui en est le récipiendaire «privilégié». Une réflexion s’impose, car le présent industriel nous éloigne de ce que nous avons de plus humain…une grave perte de sens ce dessine !
Tous ces constats regrettables concernant la sphère industrielle d’aujourd’hui renforce malheureusement la thèse évolutionniste selon laquelle l’homme n’est qu’un être de production et de performance, et nous ramène à  deux de trois conclusions vu en classe plus tôt cette session suite à la lecture d’un texte de Castel portant sur la transformation du travail et de l’emploi. Tout d’abord, la société salariale véritable qui s’est mise en place à partir de la révolution industrielle n’est possible que dans une société moderne où la sphère économique s’est autonomisée. Inévitablement, les grandes multinationales profitent d’une autonomisation incomplète au sein des activités industrielles étrangères pour alléger ses obligations envers le travailleur(le rapport salarial) et se permettre des abus muets. Ensuite, «travailler» n’est pas une réalité anthropologique mais plutôt historique, alors qu’au fil des transformations, peu importe ses conditions, l’homme a toujours été le pivot principal et indispensable à une production et une distribution dont il est aussi le consommateur primaire.  
Famara Kujabi.


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