vendredi 1 novembre 2013

Réflexion sur l'avenir du syndicalisme au Québec


La confiance envers les centrales syndicales semble avoir la vie de plus en plus dure, ces derniers temps. En effet, avec tous les scandales, les irrégularités et les liens mafieux entretenus par la FTQ qui ont été relevés dans le cadre des audiences de la Commission Charbonneau, la confiance s’effrite avec raison. Toutes les accusations lancées envers l’actuel président de la FTQ, Michel Arsenault ainsi que les insatisfactions internes qui ne cessent d’être révélées au grand jour ne font que ternir la réputation de ce syndicat, et plus largement du syndicalisme en général. L’on apprenait hier dans les journaux que la présidence de ce syndicat sera bientôt renouvelée lors du prochain congrès de la FTQ, mais surtout que Michel Arsenault aurait de la compétition puisque le Syndicat canadien de la fonction publique, rattaché à la FTQ, lui opposera un candidat. Alors que les espoirs étaient très minces de voir une nouvelle tête élue, malgré la grogne interne concernant l’actuel président (Le Devoir, octobre 2013), l’annonce de cette candidature vient au moins apporter un peu de concurrence et une véritable lutte démocratique. À savoir si une simple lutte de pouvoir pourra parvenir à retrouver la confiance des membres envers leurs dirigeants nationaux, il n’y a pas grand espoir, mais l’issu de ce vote pourrait être éloquent.
À la lumière de ces scandales auxquels qui nous sont quotidiennement exposés depuis plus d’un an, il serait peut-être pertinent de remettre en cause plusieurs aspects du syndicalisme aujourd’hui. Outre le fait de sa transformation évidente de par l’évolution du travail et les nouveaux défis que cela pose pour les travailleurs, son organisation en centrales regroupant des milliers de membres à travers la province aurait peut-être avantage à être repensée. La direction nationale de ces centrales semble plutôt lointaine et bien peu accessible pour les travailleurs rattachés et on peut se demander si un vote interne pour le nouveau président sera efficace et représentatif étant donné le détachement des membres du syndicat. De plus, avec les récentes révélations concernant les dernières élections internes pour ce poste, on ne peut qu’être méfiant quant à la transparence des candidats et à la fiabilité des résultats.
Toutes ces informations mettent à mal, non seulement la FTQ elle-même, puisqu’elle est la principale fautive dans cette affaire, mais l’ensemble du mouvement syndical québécois. Le défi que pose cette mise à mal est de reconquérir la confiance des travailleurs qui ne voient plus les syndicats que comme des grosses machines lucratives et politisées. Christian Brunelle, en faisait déjà état dans un article de la revue Relations industrielles publié en 2002, lorsqu’il mentionnait la perte de confiance des jeunes envers les principaux syndicats (Brunelle, 2002 : 282-285). Il mentionnait que plusieurs associations de travailleurs parallèles aux syndicats déjà en place avaient ainsi fait leur apparition due à l’insatisfaction des jeunes par rapport à leur représentation au sein du syndicat. Il s’agit de mesures concrètes qui ont été prises à ce moment afin de clairement contester cette absence de représentativité dont ils se sont sentis victimes. Les syndicats avaient alors accepté de collaborer avec le gouvernement et d’imposer des mesures peu favorables à leurs jeunes membres (Brunelle, 2002 : 285), ces derniers ont riposté en parallèle.
Des mesures aussi draconiennes seraient-elles aujourd’hui nécessaires afin de retrouver la confiance des travailleurs? Possiblement, mais inciter des gens qui sont blasés par leur syndicat actuel à en créer un nouveau ne semble pas être un chemin aisé, pas plus que de les convaincre que leur centrale syndicale se préoccupe réellement de leur sort. Dans une société aux prises avec un individualisme grandissant, la tâche est lourde de convaincre des milliers de travailleurs qu’il est plus à leur avantage de rester unis que de décrocher et tenter des négociations individuelles. Il faudra les convaincre que de faire le ménage dans une si grosse organisation peut être possible, et cela probablement pas uniquement en changeant sa tête dirigeante, mais ce peut être un début. Ces élections qui se tiendrons lors du prochain congrès de la FTQ sont donc à suivre attentivement, en espérant que d’autres aspects pratiques du problème seront également abordés lors de cette grande réunion puisque les défis sont nombreux pour préserver les acquis syndicaux actuels.

1 commentaire:

  1. Bon, la nouvelle d'aujourd'hui change un peu la donne dans mon blogue puisque Michel Arsenault a annoncé qu'il ne se représentera pas à la Présidence au prochain congrès. Cela amène donc une assurance de nouveau sang à la barre de la FTQ, mais ma réflexion reste la même.
    http://www.lapresse.ca/actualites/201311/04/01-4707080-michel-arsenault-quitte-la-ftq.php

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