mardi 12 novembre 2013

Un marché pour les gouverner tous

Cette semaine s’instaure le deuxième tour de négociation à Bruxelles sur l’accord de libre-échange entre les États-Unis et l’Union Européenne. Ces rencontres visent la création du plus gros marché mondiale, soit couvrant plus de 46% du PIB mondial. On retrouve en marge des négociations du même ordre entre le Canada et l’Union Européenne.

Les discussions tournent surtout autour de l’assouplissement des régulations environnementales et alimentaires européennes afin de favoriser la vente de produit sous des conditions unifiées. Ce genre d’accommodement permettrait à des compagnies comme Monsanto de poursuivre en justice plusieurs gouvernements européens qui interdissent actuellement l’utilisation d’organismes génétiquement modifiés. Les supposés bénéfices d’une telle entente sont principalement axés sur les gains liés à l’abolition des barrières tarifaires et de norme de sécurité, par exemple dans le secteur de l’automobile où une voiture testée aux États-Unis n’aurait plus besoin de faire le test en Europe. 

Cela suppose que tous les états du traité seront soumis aux mêmes conditions, empêchant l’intervention directe des gouvernements sur leurs économies, particulièrement en matière de réglementation environnementale, mais aussi sur les normes du travail. Bien que celle-ci ne soit pas directement un enjeu des négociations, les disparités régionales en termes de protection des travailleurs profiteront aux entreprises qui jouissent d’un marché global.  L’intégration du travail, de la terre et l’argent au marché et maintenant l’intégration des marchés transatlantiques participent au renforcement de la séparation entre l’état et le marché. La production de richesse par la vente est augmentée le retrait de barrière tarifaire (ce qui finançait l’état) au profit d’une plus grande part de la plus-value appropriée par les entreprises. Ces surplus ensuite versés aux actionnaires accentuent l’appropriation du capital par le secteur financier qui pousse le monde dans une logique de consommation/production de plus en plus profonde, en plus d’affaiblir les leviers de l'état.

L’intégration des marchés n’est pas sans impact sur la flexibilisation du travail, où un plus grand marché implique plus de compétition, plus de pression sur l’organisation du travail et donc plus d’exigence pour le travailleur. Il est difficile de concevoir dans cette optique le renouvellement syndical sans l’apport de l’état qui se trouve maintenant les mains liées devant un traité international. Celui-ci se déresponsabilise d’une certaine façon de son devoir de protection des citoyens (travailleur et consommateur), les laissant seuls devant les corporations de plus en plus mondialisée et avide de profits.

Par Ali Romdhani

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