lundi 25 novembre 2013

Un choix entre économie et écologie

L’OMC doit rendre une décision, fortement attendue, en ce qui concerne l’importation de produits, viande et fourrure entre autres, provenant du phoque. Le Canada et la Norvège contestent l'interdiction de l'Union européenne, imposée en 2010, de l’importation de ces produits. Selon l’article de Sue Bailey, en se basant sur l’opinion des chasseurs des Maritimes et ceux des communautés Inuits, un tel embargo constitue une discrimination injustifiée à l'endroit des produits du phoque du Canada. La décision rendue par l'OMC devrait «déterminer si le bien-être des animaux est bel et bien un enjeu moral pour le public et si cela justifie ou non des restrictions commerciales.(1)» D’un côté se range les chasseurs commerciaux, qui affirment « qu'il s'agit d'une façon humaine et durable de faire des profits tout en contrôlant la population de phoques(1)» et de l’autre côté ceux qui soutiennent qu'il s'agit d'une «boucherie» cruelle qui n’est en aucun cas nécessaire.

Par contre, l’interdiction mise en place par l’Union européenne ne vise pas la chasse inuit ou d'autres communautés autochtones et les chasses effectuées avec l’objectif de contrôler les populations de phoques et protéger les bancs de poissons. Le président d'Unuit Tapiriit Kanatami, Terry Audla, soulève un argument intéressant en ce qui a trait à la stratégie de l’Union européenne : «Ils se basent sur la moralité publique et quand vous faites ça, vous vous exposez au risque que toutes les autres industries soient elles aussi bannies. Qui peut dire ce qui est plus cruel? L'agriculture industrielle? L'industrie du porc, du bœuf, de la volaille? Qui détermine les limites?(1)»
Selon le groupe Seal and Sealing Network, «les conclusions préliminaires de ce rapport indiquent que l'embargo de l'UE viole les règlements de l'OMC en discriminant injustement les produits du phoque du Canada et de la Norvège et ceux de l'Europe et d'autres pays.» Par contre, l'interdiction pourrait être justifiée en vertu d'une exception visant à protéger la «moralité publique». Ceci dit, la porte- parole du ministère des Affaires étrangères ramène la position du Canada, soit que l’embargo de L’UE viole les règlements de l’OMC.

Pour ma part, mon opinion est partagée, car les deux partis ont des arguments valides. D’abord, selon Terry Finn, vice-président approvisionnement au Canada chez Sanimax, près de 10 millions de volailles sont abattues chaque semaine au Québec. De l’autre côté, la commission européenne révèle qu’autour de 90 000 phoques sont chassés chaque année. Donc, il serait possible de se référer à l’industrie du porc, du bœuf et de la volaille comme le mentionne Terry Audla et d’en conclure que celle-ci est largement plus importante, alors pourquoi réagir autant en ce qui concerne la chasse aux phoques? Ce moratoire pourrait mettre un frein à l’économie relevant de la chasse, en plus de brimer les droits de chasses des pays affectés. Par exemple, l’interdiction réduit les activités des chasseurs commerciaux, selon Ottawa, 6 000 Canadiens pratiquent cette chasse, qui devait leur rapporter environ 10 millions de dollars, selon les chiffres du gouvernement, dont 25 % venant de leurs ventes en Europe(2).
Aussi, comme les chasseurs des Maritimes et ceux des communautés Inuits le mentionnent dans l’article : «un tel embargo constitue une discrimination injustifiée à l'endroit des produits du phoque du Canada.(1)»

Par contre, les phoques, contrairement à la volaille, ne sont pas principalement utilisés afin de combler des besoins primaires. C’est-à-dire que les phoques sont avant tout tués pour leur peau, utilisée par l’industrie de la mode pour en faire de la fourrure. On entend aussi souvent parler du fait qu’ils sont utilisés pour fabriquer des produits de cosmétique et de beauté, ces produits combleraient plutôt des besoins secondaires. De ce point de vue, la chasse aux phoques n’est pas justifiable, car le fait d’abattre un animal pour en retirer du luxe n’est en rien un comportement moral selon moi, la fourrure et le maquillage ne sont pas des nécessités.
Enfin, ce conflit nous amène nécessairement à faire un choix entre économie et écologie.

Valérie Lamontagne

Liens:

(1) BAILEY, Sue, «Phoques: l'OMC doit trancher sur l'interdiction de l'UE», La Presse Canadienne, publiée le 24 novembre 2013, consultée le 24 novembre 2013, (en ligne),http://affaires.lapresse.ca/dossiers/litiges-economiques/201311/24/01-4714081-phoques-lomc-doit-trancher-sur-linterdiction-de-lue.php

(2) Le monde, «L'embargo sur les produits dérivés du phoque restera en vigueur, avec des exceptions», (en ligne), publié le20 août 2010, consulté le 24 octobre 2013 http://www.lemonde.fr/planete/article/2010/08/20/l-embargo-sur-les-produits-derives-du-phoque-pourrait-etre-suspendu_1400809_3244.html

http://affaires.lapresse.ca/dossiers/litiges-economiques/201311/24/01-4714081-phoques-lomc-doit-trancher-sur-linterdiction-de-lue.php

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