mardi 26 novembre 2013

Le capitalisme est sauvage et c'est une nouvelle choquante qui ne semble pas surprendre outre mesure les organismes qui combattent les formes modernes de l'esclavagisme. Cette nouvelle réveille brutalement les Britanniques de leur lune de miel avec ce système qui démontre encore tout sa splendeur et sa sauvagerie. Londres est ébranlé nous dit-on. Occasionnellement il sort ce genre de nouvelles que les médias traitent souvent comme des faits divers sans se poser de questions sur les réelles portés des pratiques et ce qui a pu permettre ce genre de traitement inhumain envers des êtres humains. Ce pays fortement développé découvre la face cachée du capitalisme, c'est-à-dire le travail forcé. En effet, dans cet article du journal français Le Monde on titrait « À Londres, la presse face à l'horreur del'esclavage ». Il fallait bien que des exemples concrets dans nos pays développés se manifestent et que les médias s'emparent de l'affaire pour se rendre compte que le travail forcé est une réalité qui se veut insistante et globale. Que ce soit au Qatar, à Dubaï, en Grande-Bretagne, aux États-Unis ou au Québec l'esclavagisme moderne existe et il se déploie au sein du travail atypique comme le travail de domestique. Il est difficile de combattre ce genre de travail forcé puisqu'il fait appel à une main d'œuvre migrante dépouillée de ses droits fondamentaux et sans repère.   

Il était rapporter que le journal britannique Daily telegraph «se déclare tout aussi choqué par les sévices et la privation de liberté qu'ont subis ces femmes ces trois dernières décennies que par"le fait qu'elles n'aient pas pu, dans la Grande-Bretagne des XXe et XXIe siècles,obtenir de l'aide », comme si par un heureux hasard la Grande-Bretagne, un des catalysateur historiquement parlant du système capitaliste, était à l'abris de ce type de phénomènes alors que les usines sont remplies de travailleurs qui souffrent le martyre pour subvenir à leurs besoins primaires, et ce, en toute légalité. Ce qu'on appelle à l'ère contemporaine l'esclavagisme moderne est souvent appelé « servitude volontaire » en référence directe ou indirecte à un terme utilisé par Étienne de La Boétie[1] au 16ième siècle. Il est permis de se poser la question sur l'ignorance volontaire lorsqu'on constate la surprise générale des médias face à ce fait divers, pas si divers, qui en dit long sur le sens que le travail prend dans cette ère sauvage du capitalisme.

Lorsqu'on observe ce genre de phénomène, il devient impératif de se questionner sur le traitement subi par ceux qui exercent le travail de domestique et ce qui permet ce genre de choses. Puisque c'est cela que cette nouvelle met en lumière. Il ne s'agit pas d'expliquer le phénomène comme étant un cas isolé de pratiques pathologiques se manifestant chez un couple qui semble légèrement disjoncter. Il serait intéressant d'étendre l'analyse et aller voir ailleurs. Ce genre de traitement est plus rependu en occident et dans les pays développés que ce que les médias britanniques semblent laisser paraître. En effet, le travail de domestique est d'une ampleur considérable. Il est difficile à encadrer puisque comme le fait remarquer le directeur de l'organisation Anti-Slavery International Aidan McQuade « les trois nationalités de ces femmes sont la preuve que "l'esclavage concerne tous les pays" ».Il est donc fragmenté et n'a pas de nation unique. Il n'est pas homogène. L'esclavage se pratique parfois au 21ième en toute légalité. La société de travail est omnibulée par le plein emploi qu'elle tend à oublier que celui-ci prend des formes monstrueusement inhumaines. La forme néolibérale du capitalisme n'aide certainement pas la cause des travailleurs. On doit se poser alors la question sur la façon de s'organiser afin de combattre les formes pathologiques du travail. Le travail n'est-il pas porteur de pathologie en soi dans le cadre actuel de nos sociétés ultras avancées? Bref, tant de questions qui surgissent à travers ce fait divers qui passera certainement aux oubliettes quelques jours seulement après la parution de l'article, mais les travailleurs migrants et autres continueront de souffrir au quotidien en attendant un nouvel événement qui portera les projecteurs sur leurs conditions laborieuses... 

Adis Simidzija          



[1] Étienne de la Boétie, 2002, « Discours sur la sérvitude volontaire, ou, le Contr'un », Paris, Payot, 82 pages. 

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