vendredi 16 décembre 2016

Le capitalisme s'essouffle. Et si on passait à autre chose?

Les nombreux textes et penseurs que nous avons étudiés nous donnent une compréhension détaillée des mécanismes qui régissent le fonctionnement du capitalisme depuis son apparition à sa forme moderne d'aujourd'hui. Cette compréhension est essentielle à quiconque souhaite faire changer les choses. Elle permet de porter un regard philosophique sur la société dans laquelle nous vivons aujourd'hui. Elle permet de pointer du doigt ce qui ne va pas et d'expliquer pourquoi cela ne fonctionne pas ou plus. Les textes de John Maynard Keynes ("Perspectives économiques pour nos petits-enfants") [1],  David Graeber ("On the Phenomenon of Bullshit Jobs")[2] et André Gorz ("Crise mondiale, décroissance et sortie du capitalisme") [3] rentrent dans cette catégorie de littérature qui porte un oeil sur l'avenir.

Un excellent article parut dans Le Devoir le 25 Novembre dernier [4] résume parfaitement ma façon de voir les choses. En résumé, l'article explique que le capitalisme repose sur trois grands dénominateurs communs: la propriété privée des moyens de production, le libre marché et la compétition entre acteurs économiques. Ce sont ces trois éléments qui, pour les économistes capitalistes, mis ensemble permettent d'atteindre une maximisation du progrès des sociétés. Cette idée est tellement ancrée dans notre génération qu'il semble difficile d'imaginer les choses autrement. Afin de le protéger de toute critique, le capitalisme nous a été vendu comme 'naturel' pour l'homme. Cependant, comme l'article l'explique parfaitement, cette thèse est réfutée par de nombreux intellectuels. C'est le cas notamment de Karl Polanyi (1886-1964) qui explique que l’économie était auparavant « encastrée » dans les relations sociales, limitant par le fait même l’expansion de ses logiques. Max Webber (1864-1920) explique également que en rendant caducs les schèmes sociaux et théologiques antérieurs où la poursuite du profit était contraire aux idéaux de salut et de charité, l’éthique protestante favorisa le grand déploiement des logiques utilitaristes et instrumentales [4]. Autant d'arguments qui contredisent cette notion de capitalisme comme 'naturel'.

Aujourd'hui, notre satisfaction en tant que travailleur se résume a être le plus productif possible. Le terme productif utilisé dans un concept capitaliste, signifie la valorisation du capital ou plus simplement la création de profit. L'aspect technique, culturelle et sociale du travail n'existe plus et ce manque est alors remplacé par la consommation et l'acquisition de biens qui semblent indispensables et représentent des symboles d'avancée sociale. 

Ce modèle a montré des signes de faiblesses et semble désormais avoir atteint ses limites. L'essoufflement financier a irrésistiblement provoqué un essoufflement social.  Le capitalisme nous vend une croissance infinie dans un monde qui ne dispose pas de ressources illimitées. Cette réalité, associée à l'accroissement des inégalités sociales et du nombre de gens en situation précaire, nous rapproche (je l'espère) d'un changement social majeur.

"Décolonisons notre esprit et recommençons à aimer, à rêver, à philosopher, parce que même un palais est sans cela cruellement insipide… Surtout lorsqu’on en connaît le prix." [4]



Bibliographie

[1] Keynes, J.M. 1931. "Perspectives économiques pour nos petits-enfants". Essais de persuasions, disponible sur le site des Classiques des sciences sociales, pp170-178.

[2] Graeber, David. Août 2013. "On the Phenomenon of Bullshit Jobs", Strike Magazine, UK. Pp.1-5.

[3] Gorz, André. 2007. "Crise mondiale, décroissance et sortie du capitalisme", Entropia: revue d'étude théorique et politique de la décroissance, Paragon/vs, Lyon. Pp. 37-49.

[4] http://www.ledevoir.com/societe/le-devoir-de-philo/485667/devoir-de-philo-le-capitalisme-deconstruire-son-emprise-pour-reconstruire-le-sens?utm_campaign=Autopost&utm_medium=Social&utm_source=Facebook#link_time=1480289507

  



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