mercredi 15 octobre 2014

Conflit entourant le projet de loi 3

Des employés municipaux ont manifesté à l'hôtel de ville de... (PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, LA PRESSE)
http://www.lapresse.ca/actualites/montreal/201408/29/01-4795648-saccage-a-lhotel-de-ville-44-employes-accuses.php
et
http://ici.radio-canada.ca/regions/montreal/2014/10/09/008-saccage-hotel-de-ville-nouvelle-accusation.shtml

Suite au conflit étudiant de 2012, les paramètres de la lutte sociales ont été modifiés. La mobilisation organisée menant vers des démonstrations de puissance et de solidarité a pavé la voie à une exposition médiatique sans précédent. Ces transformations de l'action collective, ou à tout le moins l'ampleur de ce mouvement, n'est pas sans conséquence sur les luttes syndicales du moment. À une période où les politiques d'austérité se succèdent en vue d'amoindrir les dépenses étatiques, le projet de loi n° 3 « Loi favorisant la santé financière et la pérennité des régimes de retrait à prestations déterminées du secteur municipal » arrive avec la subtilité d'une bombe dans la cours municipale. Ce projet visant une restructuration à la baisse des régimes de retraite a soulevé la grogne des employés municipaux qui multiplient les actions de mobilisations, certaines étant plus radicales que d'autre. L'article analysé pour la présente entrée dans le blogue est en lien avec les événements du 18 août dernier durant lesquels des manifestants se sont introduits dans l'hôtel de ville de Montréal et y ont commis diverses actions illégales, allant de l'attroupement illégal jusqu'au méfait, en passant par les voies de faits. La partie suivant le court résumé de l'article se penchera sur l'organisation syndicale et les moyens utilisés par les employés municipaux lors de ces événements.

Ainsi, cet article du jeudi 9 octobre annonce que des accusations supplémentaires sont déposées contre treize nouveaux employés municipaux, y compris onze pompiers. Il est ainsi question maintenant d'un total de cinquante-sept personnes accusées. L'ironie de cette situation est que les policiers ayant procédant à l'enquête, grandement critiqués pour leur inaction lors des actions du 18 août dernier, sont également interpellés par le projet restructurant les régimes de retraites. Il n'y aurait aucun policier d'accusé dans le dossier, seulement un employé civil du Service de Police de la Ville Montréal. Le maire de la ville, Denis Coderre, était présent sur les lieux lors du débordement du 18 août et a choisit de ne pas porter plainte personnellement, mais a quand même critiqué le travail de la police et les débordements des employés municipaux.

Les événements du 18 août entrent dans une catégorie plutôt singulière d'action collective. Il n'est pas question d'une lutte entre travailleurs et employeurs pour une amélioration des conditions de travail, mais plutôt pour une amélioration (ou une conservation des acquis, selon les employés municipaux) des conditions de retraite. À une ère au Québec où une grande partie de la population active de la génération des boomers approche de la retraite, chaque année des employés municipaux accèdent à d'avantageux régimes gouvernementaux et ceux étant encore actif à l'heure actuelle se retrouvent dans une situation d’iniquité vis-à-vis leurs prédécesseurs. Les forces en présences sont ainsi les employés municipaux et l'administration gouvernementale et les forces de législations des pensions de retraite. En regardant les différentes théories du syndicalisme de la seconde vague telles qu'identifiées par Renaud Paquet, Jean-François Tremblay et Éric Gosselin, un courant semble coïncider avec les actions du 18 août dernier, malgré quelques manques. Il n'est évidemment pas question d'une perspective unitariste, en le sens que celle-ci : « nie les différences fondamentales d'intérêts entre les travailleurs et les entreprises, entre les détenteurs de capitaux et les producteurs. » (Tremblay, Paquet, Gosselin, 2002, p. 21) On est ici en présence d'un clash où les deux partis se disent ouverts à négocier sur les conditions des régimes de retraite et non pas dans une entrave de la production capitaliste économique. La lutte entre les employés municipaux et l'État est plutôt du ressort d'un système pluraliste à l'intérieur duquel : « les buts ultimes des syndicats sont d’améliorer le sort des travailleurs au sein de la société capitaliste dont ils acceptent pleinement les inégalités et les structures de pouvoir. » (Tremblay, Paquet, Gosselin, 2002, p. 21). On est ici en présence de deux groupes sociaux bien définis, et celui des travailleurs cherchent l'amélioration, ou à tout le moins la préservation, des conditions de retraite établies préalablement. Malgré l'hétérogénéité des employés municipaux, il n'en reste pas moins que ceux-ci font front commun et cherche avant tout une reconnaissance de leurs droits communs. Ils cherchent à négocier collectivement pour profiter de la force de leur nombre et ne veulent conséquemment pas ce scindés en sous-groupes, démarche qui leur ferait perdre de la puissance. Cependant, l'approche radicale ou d'économie politique critique semble s'apposer davantage aux événements du 18 août étant donné que : « Le pouvoir syndical sera exercé dans un cadre conflictuel et sera déterminé par la densité syndicale, le niveau interne d'organisation syndicale, les possibilités de mobilisation et les ressources syndicales. Quant au conflit et aux tensions, ils découleront directement de la nature de la relation d'emploi... » (Tremblay, Paquet, Gosselin, 2002, p. 24)

On peut ainsi voir dans le saccage de l'hôtel de ville qu'il y a bel et bien eu une mobilisation des ressources syndicales en vue du conflit opposant les deux partis et que les enjeux monétaires sont au centre de cet affrontement. Cet enjeu permet aux groupes concernés la négociation collective, par laquelle un compromis est possible et plus aisément trouvé que dans des enjeux de contrôle ou de pouvoir. (Tremblay, Paquet, Gosselin, 2002, p. 25) Néanmoins, ces courants théoriques et leur application au contexte des conflits entourant le projet de loi 3 ne tiennent pas en compte d'un troisième acteur : les médias par lesquels passent l'influence de l'opinion publique, qui semble pencher de plus en plus du côté étatique.

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