jeudi 16 octobre 2014

Assez !

Un Québécois sur 3 a déjà été confronté au suicide, et dans 28% des cas, il s’agissait d’un collègue. 16% des suicides se font sur le lieu de travail. Comme on peut le lire dans cet article tiré de www.lapresse.ca, le suicide est une réalité dans le monde du travail.


Malheureusement, les démarches des entreprises pour contrer ce phénomène sont largement insuffisantes. La prévention est quasiment inexistante, le principal moyen mis en place actuellement étant l’information. Lorsqu’un cas de suicide survient, l’entreprise offre un soutient psychologique aux employés pendant un ou deux jours, puis le quotidien de l’entreprise reprend. Par ailleurs, le sujet est tabou dans la plupart des lieux de travail. Seules une minorité d’employeurs est prête à en parler, ou à agir.

J-P Brun, spécialiste des questions de bien-être au travail, voit une montée de la détresse psychologique des employés. Il rappelle néanmoins que les gestionnaires ne sont pas censés, ni formés d’ailleurs, pour voir arriver ces suicides. Il conseille de mettre en place un réseau pour déceler les signes avant-coureurs et diriger les personnes à risque vers un soutient psychologique. Le fait de se suicider sur le lieu du travail, selon Brun, permet d’épargner la famille de la découverte du corps, et de montrer que le sentiment de malaise provenait de cet endroit. Un suicide au bureau crée un sentiment de culpabilité chez les employeurs ainsi que chez les collègues, et leur fait prendre conscience, toujours selon Brun, que la vie humaine est plus importante que le profit.

Alors que les conditions de travail se sont nettement améliorées depuis le 19ème siècle, notamment avec la diminution du temps de travail, des environnements plus sûrs et plus confortables, des salaires plus élevés, le suicide au travail est un problème actuel, qui n’a pas été diminué par ces changements. Mais n’oublions pas qu’avec le développement du capitalisme, qui pousse à produire toujours plus pour faire toujours plus de profit, la pression mise sur les travailleurs s’est accrue. Même si les conditions de travail sont matériellement plus confortables, elles sont psychologiquement plus difficiles.

« C’est bien beau les profits et la performance, mais il y a d’abord et avant tout la vie humaine », conclut Brun dans l’interview. Mais ce n’est pas ce qui est appliqué par les entreprises ! Au contraire, le profit est leur credo, au détriment du bien-être des employés. Ceux-ci sont des instruments pour faire plus d’argent. Leur état d’esprit à eux est malheureusement peu pris en compte par les employeurs. On leur en demande toujours plus, ils doivent être productifs, efficaces, à disposition souvent même après les heures de travail. C’est l’accumulation de ces facteurs qui peut causer un grand stress, voir même une détresse psychologique.

Et les employeurs, comme l’article le relève, prennent trop peu d’initiative pour améliorer cette situation. Mais pourquoi y a-t-il cette omerta ? Ce tabou autour du suicide ? Tout d’abord, le suicide n’est de manière générale pas un sujet facile à aborder, même dans d’autres milieux, comme la famille ou les amis. Mais dans le contexte de l’entreprise, en parler prend une dimension risquée pour les patrons. Il est plus confortable pour eux de ne pas en parler que de devoir faire face à une éventuelle remise en question. Le suicide est causé par une forte détresse psychologique. Or, si celle-ci provient du travail, cela indique que les conditions de travail ne sont pas supportables. Pour amener plus de confort aux employés, les moyens peuvent être variés : moins d’heures de travail, moins de responsabilités, soutient psychologiques… autant de mesures qui compliquent la vie de l’entreprise ! Et pour éviter ces problèmes-là, on se tait.

La dynamique capitaliste actuelle a énormément d’influence sur notre comportement et sur nos actions. Malheureusement, dans bien des cas, la croissance et le profit l’emportent sur le bien-être des travailleurs. La situation est alarmante. Dans cette course au profit, la vie des travailleurs est négligée à un tel point que certains d’entre eux préfèrent se l’enlever ! Il faut rester attentif à ne pas se laisser dépasser par la recherche du profit ou par la pression mise par l’employeur, et veiller à rester en bonne forme mentale avant tout. Le bien-être personnel passe avant la réussite économique de l’entreprise.

Camille Ory 

Image: http://www.psychologies.com


1 commentaire:

  1. Je te félicite Camille, car c'est un sujet qui est peu ou pas connu. En effet, les entreprises ne prennent pas assez d'initiative, en ce qui concerne la prévention du suicide ? Les programmes d'aide aux employés (PAE) et les nombreuses publicités à mettre l'emphase que la dépression est normal, mais il en reste encore un bout à faire.

    Merci Camille.

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