La
Presse canadienne [1] ainsi que le journal Libération [2] rapportaient, en date du 14
septembre 2013, une manifestation monstre à Varsovie, en Pologne, contre les
mesures d’austérité à l’endroit des ouvriers, imposées par le gouvernement en
place. Il s’agissait de la clôture d’une série de quatre manifestations
majeures s’étant déroulées cette semaine, qui a regroupé à son point culminant entre
100 000 et 150 000 travailleurs et syndicats. Une manifestation semblable,
mais de moindre envergure, avait réuni environ 40 000 travailleurs pour
les mêmes raisons, en septembre 2012.
Des
autobus en provenance de partout au pays ont fait se réunir un cortège composé
principalement d’ouvriers, dont des mineurs, des sidérurgistes et des ouvriers
de chantiers navals. Les trois principales centrales syndicales polonaises étaient
à la tête du mouvement.
Le
mécontentement général est dirigé contre la politique économique et sociale de
la Plateforme civique (PO), gouvernement de Donald Tusk. Tusk y est accusé d’agir à l'encontre les intérêts des salariés et d’ignorer les revendications populaires. Ces
derniers dénoncent la précarité de l’emploi ainsi qu’une loi, passée récemment,
autorisant un temps de travail extensible. Ils demandent également un retour de
l’âge de la retraite à 65 ans pour les hommes et 60 ans pour les femmes et une
hausse du salaire minimum, sous la menace d’une grève générale.
Les
mesures d’austérité se voient appliquées de façon de plus en plus commune et
sévère en contexte international, pourtant il semble que la Pologne, poids lourd économique en Europe centrale, y soit
contrainte sans nécessité. En effet, la situation économique polonaise marquait
une amélioration continue depuis la fin du régime communiste, il y a de cela
une vingtaine d’années. C’est au premier trimestre de cette année que le pays a
frôlé la récession et l’arrivée au pouvoir du gouvernement Tusk est ici mise en
cause et perd rapidement sa popularité, au profit du parti conservateur (PiS).
Les manifestants espèrent renverser le PO, rien de moins.
Une
situation telle qu’on ne les compte plus, cette lutte de la classe ouvrière
pour de meilleures conditions reflète l’histoire du salariat depuis les débuts
de l’ère industrielle, confrontant de façon perpétuelle l’idéologie capitaliste
au profit du poids de la masse salariée.
Il
est pertinent de soulever la question de la légitimité des mesures
austères, appliquées par Tusk [3] et ayant plongé la Pologne, qui jusqu’en 2011 affichait une croissance économique irréprochable, dans une récession, mais appliquées aussi par plusieurs gouvernements européens
et américains, tout particulièrement depuis la crise financière de 2008.
En
effet, comme l’ont soulevé plusieurs économistes [4], de telles mesures
aggraveraient les déséquilibres budgétaires en freinant la baisse des déficits,
plutôt que de les rétablir. Vue, donc, son inefficacité expliquée et démontrée
à plusieurs reprises, et vues les conséquences néfastes de telles mesures pour
le peuple, notamment l’accroissement de l’écart entre les plus riches et les
plus démunis, il semble on ne peut plus légitime de questionner l’insistance du
gouvernement polonais, entre autres, à poursuivre dans sa lignée de
prédilection et à refuser de revenir sur sa décision de serrer la ceinture aux
Polonais, après un échec indiscutable.
Marie-Élaine Dontigny Morin
[1] http://affaires.lapresse.ca/economie/international/201309/14/01-4689349-pologne-100-000-participants-a-la-manifestation-contre-le-gouvernement.php . Consulté le 17 septembre 2013.
[2] http://www.liberation.fr/monde/2013/09/14/pologne-manifestation-attendue-a-varsovie-contre-le-gouvernement_931919 . Consulté le 17 septembre 2013.
[3] http://fr.euronews.com/2011/11/18/pologne-donald-tusk-veut-preparer-le-pays-a-resister-a-la-crise/ . Consulté le 17 septembre 2013.
[4] http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2012/10/19/20002-20121019ARTFIG00318-l-austerite-en-europe-contestee-par-des-economistes.php . Consulté le 17 septembre 2013.
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