mercredi 18 septembre 2013

Pologne : les mesures de Tusk pour l'atteinte du déficit zéro plongent le pays en récession et les salariés dans la colère

La Presse canadienne [1] ainsi que le journal Libération [2] rapportaient, en date du 14 septembre 2013, une manifestation monstre à Varsovie, en Pologne, contre les mesures d’austérité à l’endroit des ouvriers, imposées par le gouvernement en place. Il s’agissait de la clôture d’une série de quatre manifestations majeures s’étant déroulées cette semaine, qui a regroupé à son point culminant entre 100 000 et 150 000 travailleurs et syndicats. Une manifestation semblable, mais de moindre envergure, avait réuni environ 40 000 travailleurs pour les mêmes raisons, en septembre 2012.
Des autobus en provenance de partout au pays ont fait se réunir un cortège composé principalement d’ouvriers, dont des mineurs, des sidérurgistes et des ouvriers de chantiers navals. Les trois principales centrales syndicales polonaises étaient à la tête du mouvement.
Le mécontentement général est dirigé contre la politique économique et sociale de la Plateforme civique (PO), gouvernement de Donald Tusk. Tusk y est accusé d’agir à l'encontre les intérêts des salariés et d’ignorer les revendications populaires. Ces derniers dénoncent la précarité de l’emploi ainsi qu’une loi, passée récemment, autorisant un temps de travail extensible. Ils demandent également un retour de l’âge de la retraite à 65 ans pour les hommes et 60 ans pour les femmes et une hausse du salaire minimum, sous la menace d’une grève générale.
Les mesures d’austérité se voient appliquées de façon de plus en plus commune et sévère en contexte international, pourtant il semble que la Pologne, poids lourd économique en Europe centrale, y soit contrainte sans nécessité. En effet, la situation économique polonaise marquait une amélioration continue depuis la fin du régime communiste, il y a de cela une vingtaine d’années. C’est au premier trimestre de cette année que le pays a frôlé la récession et l’arrivée au pouvoir du gouvernement Tusk est ici mise en cause et perd rapidement sa popularité, au profit du parti conservateur (PiS). Les manifestants espèrent renverser le PO, rien de moins.
Une situation telle qu’on ne les compte plus, cette lutte de la classe ouvrière pour de meilleures conditions reflète l’histoire du salariat depuis les débuts de l’ère industrielle, confrontant de façon perpétuelle l’idéologie capitaliste au profit du poids de la masse salariée.
Il est pertinent de soulever la question de la légitimité des mesures austères, appliquées par Tusk [3] et ayant plongé la Pologne, qui jusqu’en 2011 affichait une croissance économique irréprochable, dans une récession, mais appliquées aussi par plusieurs gouvernements européens et américains, tout particulièrement depuis la crise financière de 2008.

En effet, comme l’ont soulevé plusieurs économistes [4], de telles mesures aggraveraient les déséquilibres budgétaires en freinant la baisse des déficits, plutôt que de les rétablir. Vue, donc, son inefficacité expliquée et démontrée à plusieurs reprises, et vues les conséquences néfastes de telles mesures pour le peuple, notamment l’accroissement de l’écart entre les plus riches et les plus démunis, il semble on ne peut plus légitime de questionner l’insistance du gouvernement polonais, entre autres, à poursuivre dans sa lignée de prédilection et à refuser de revenir sur sa décision de serrer la ceinture aux Polonais, après un échec indiscutable.

Marie-Élaine Dontigny Morin

[2] http://www.liberation.fr/monde/2013/09/14/pologne-manifestation-attendue-a-varsovie-contre-le-gouvernement_931919 . Consulté le 17 septembre 2013.

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