mercredi 25 septembre 2013

La nécessaire sortie du capitalisme


Un récent article du journal Le Devoir parlant de la démission du journaliste Hervé Kempf faisait état de l’ampleur des crises environnementales et de l’urgence de réagir rapidement face à cette menace. Cet article s’inscrit dans la lignée de la conférence du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) présentement tenue à Stockholm où la problématique a également été soulevée lors de la conférence d’ouverture. L’article rapporte les propos de Kempf selon lesquels on doit sortir du capitalisme pour remédier à ces crises environnementales. En fait, il voit comme seule issue pour la survie de la planète, la sortie impérative de ce système économique dominant.
Le capitalisme, bien ancré dans nos sociétés occidentales, ne s’est pas instauré du jour au lendemain et ne s’envolera certainement pas aussi facilement non plus. L’argument environnemental n’est pas le seul qui pousse en ce sens, l’appauvrissement des plus démunis, l’enrichissement sans fin des propriétaires d’entreprises, la limitation des ressources que l’on exploite sans bornes font aussi monter une colère sociale qui n’est certainement pas favorable au système actuel. En effet, les raisons de critiquer ce mode d’organisation économique ne manquent pas, mais l’argument environnemental est poignant puisqu’il y est question de la survie de la planète.
Le questionnement qui m’apparait central dans ce débat revient inévitablement à savoir comment on peut sortir du capitalisme dans lequel on est si bien ancré. Un tel changement, à l’instar de toutes les réformes qui ont forgé l’organisation de nos sociétés, bien que possible, ne se fera pas aisément. En effet, l’instauration même d’une société capitaliste a été le fruit de l’évolution de la société salariale. L’arrivée du salariat comme forme de récompense a, tout d’abord, permis aux gens de survivre même s’ils ne cultivaient pas la terre eux-mêmes. Par la suite, les travailleurs sont passés de simples producteurs pour l’industrie à des consommateurs avec la venue du fordisme. La société de consommation telle qu’on la connait aujourd’hui dans les pays occidentaux a ainsi fleurie, basée sur la possibilité pour les gens d’être des producteurs ainsi que des consommateurs de produits.
Par contre, je veux également attirer l’attention sur un autre aspect, c’est-à-dire la volonté d’en sortir. En effet, ceux qui détiennent le pouvoir d’initier un changement de paradigme économique n’ont pas d’intérêt à le faire, l’argument environnemental ne suffit généralement pas à les effrayer. Historiquement, ces changements dans la société ont été initiés par des luttes populaires puisque les propriétaires d’entreprises n’avaient pas intérêt à donner un meilleur salaire, moins d’heures dans la journée de travail ou des jours de congé. La pression populaire et de l’État les a forcé à revoir les conditions de travail de leurs employés, ce n’est que plus tard qu’ils se sont rendu compte que c’était également bénéfique pour eux, notamment lorsqu’Henry Ford a instauré sa fameuse journée à cinq dollars. Les grands patrons ont compris entre autres que la diminution du nombre d’heures travaillées augmentait la productivité des travailleurs et que l’augmentation de leurs salaires leur permettait de devenir des consommateurs faisant rouler le système. Au final, cette évolution sociale leur était également bénéfique.
Maintenant que la menace vient de la planète elle-même quelle pression sera nécessaire pour faire bouger les grands propriétaires de ce monde puisqu’il serait dans l’intérêt de toute la planète de modifier le système économique qui nous tue à petit feu. Selon Kempf, il s’agit de la seule issue possible, mais le défi reste immense à relever, ceux qui ont le pouvoir d’initier le changement n’ont visiblement pas d’intérêts économiques immédiats à le faire. Il faudra trouver des moyens de pressions persuasifs qui combineront intérêts et nécessité d’agir.

Aucun commentaire:

Publier un commentaire