Un récent article
du journal Le Devoir parlant de la démission du journaliste Hervé Kempf faisait
état de l’ampleur des crises environnementales et de l’urgence de réagir
rapidement face à cette menace. Cet article s’inscrit dans la lignée de la
conférence du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat
(GIEC) présentement tenue à Stockholm où la problématique a également été
soulevée lors de la conférence
d’ouverture. L’article rapporte les propos de Kempf selon lesquels on doit
sortir du capitalisme pour remédier à ces crises environnementales. En fait, il
voit comme seule issue pour la survie de la planète, la sortie impérative de ce
système économique dominant.
Le capitalisme, bien ancré dans nos sociétés
occidentales, ne s’est pas instauré du jour au lendemain et ne s’envolera certainement
pas aussi facilement non plus. L’argument environnemental n’est pas le seul qui
pousse en ce sens, l’appauvrissement des plus démunis, l’enrichissement sans
fin des propriétaires d’entreprises, la limitation des ressources que l’on
exploite sans bornes font aussi monter une colère sociale qui n’est
certainement pas favorable au système actuel. En effet, les raisons de
critiquer ce mode d’organisation économique ne manquent pas, mais l’argument
environnemental est poignant puisqu’il y est question de la survie de la
planète.
Le questionnement qui m’apparait central
dans ce débat revient inévitablement à savoir comment on peut sortir du
capitalisme dans lequel on est si bien ancré. Un tel changement, à l’instar de
toutes les réformes qui ont forgé l’organisation de nos sociétés, bien que
possible, ne se fera pas aisément. En effet, l’instauration même d’une société
capitaliste a été le fruit de l’évolution de la société salariale. L’arrivée du
salariat comme forme de récompense a, tout d’abord, permis aux gens de survivre
même s’ils ne cultivaient pas la terre eux-mêmes. Par la suite, les
travailleurs sont passés de simples producteurs pour l’industrie à des
consommateurs avec la venue du fordisme. La société de consommation telle qu’on
la connait aujourd’hui dans les pays occidentaux a ainsi fleurie, basée sur la possibilité
pour les gens d’être des producteurs ainsi que des consommateurs de produits.
Par contre, je veux également attirer
l’attention sur un autre aspect, c’est-à-dire la volonté d’en sortir. En effet,
ceux qui détiennent le pouvoir d’initier un changement de paradigme économique n’ont
pas d’intérêt à le faire, l’argument environnemental ne suffit généralement pas
à les effrayer. Historiquement, ces changements dans la société ont été initiés
par des luttes populaires puisque les propriétaires d’entreprises n’avaient pas
intérêt à donner un meilleur salaire, moins d’heures dans la journée de travail
ou des jours de congé. La pression populaire et de l’État les a forcé à revoir
les conditions de travail de leurs employés, ce n’est que plus tard qu’ils se
sont rendu compte que c’était également bénéfique pour eux, notamment
lorsqu’Henry Ford a instauré sa fameuse journée à cinq dollars. Les grands
patrons ont compris entre autres que la diminution du nombre d’heures
travaillées augmentait la productivité des travailleurs et que l’augmentation
de leurs salaires leur permettait de devenir des consommateurs faisant rouler
le système. Au final, cette évolution sociale leur était également bénéfique.
Maintenant que la menace vient de la planète
elle-même quelle pression sera nécessaire pour faire bouger les grands
propriétaires de ce monde puisqu’il serait dans l’intérêt de toute la planète
de modifier le système économique qui nous tue à petit feu. Selon Kempf, il
s’agit de la seule issue possible, mais le défi reste immense à relever, ceux
qui ont le pouvoir d’initier le changement n’ont visiblement pas d’intérêts
économiques immédiats à le faire. Il faudra trouver des moyens de pressions
persuasifs qui combineront intérêts et nécessité d’agir.
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