Flexibilité
et précarisation semblent être les principes directeurs de la réorganisation de
la structure de l’emploi depuis les années 80. La globalisation des marchés et
l’évolution technologique sont présentées comme deux phénomènes naturels qui entrent inéluctablement en conflit avec la protection sociale et la sécurité d’emploi
dont jouissent un nombre toujours plus réduit de travailleurs. Or, de nombreux
chercheurs en sciences sociales insistent sur les choix politiques et administratifs essentiels à la
généralisation de cette flexibilité, qui touche de manière beaucoup plus
importante les femmes et les minorités visibles.
Pour le
commun des mortels, il est difficile de se représenter le travail à l’œuvre pour orchestrer la segmentation et la
polarisation du marché du travail [1]. Les modifications apportées au Programme de contrats
fédéraux (PCF) le 27 juin 2013 sont un exemple éloquent de la
part active du gouvernement dans le sabotage de programmes visant à favoriser
l’équité en emploi, politiques qu’il a lui-même instaurées en 1986. Partant du constat que
certains groupes (les femmes, les personnes handicapées, les Autochtones et les
minorités visibles) subissent de la discrimination sur le marché du travail, la création du PCF « vise à amener les organisations [entrepreneurs de compétence provinciale]
qui font affaire avec le gouvernement du Canada à se doter d’un effectif
représentatif de la main-d’œuvre canadienne. » voir site du PCF. Nous ne pouvons que
saluer de telles initiatives, mais l'heure est plutôt dénoncer un ensemble de
changements apportés au programme, les derniers en date du 27 juin 2013.
Il faut
noter l’augmentation du seuil du contrat (entre l’entreprise et le gouvernement)
de 200 000 $ à un million de dollars, mesure qui aurait pour effet de réduire
de moitié le nombre d’entreprises touchées par le programme selon Action Travail des Femmes (ATF), un organisme de défense des droits des femmes au travail voir article. Un des critères
du programme cible déjà les structures de 100 employés et plus, ce
qui permet d’exempter les petites et moyennes entreprises qui comptent pour 98
% de l’ensemble des entreprises canadiennes en 2012, toujours selon ATF. Aussi, une quinzaine d’organismes
communautaires de défense des droits des travailleurs, principalement des
groupes de femmes et des immigrants, ont uni leur voix pour dénoncer les
modifications amenées au PCF par le gouvernement fédéral. Il faut y avoir une «
atteinte directe à l’égalité des chances de groupes traditionnellement
discriminés ». voir article
[1] Castels, Manuel, 1998, « La transformation du travail et de l'emploi, Travail en réseau, chômage et travail flexible », dans La société en réseaux. L'ère de l'information, Fayard, Paris.
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