mercredi 25 septembre 2013

Comment orchestrer la dualité du marché du travail, par le gouvernement fédéral


Flexibilité et précarisation semblent être les principes directeurs de la réorganisation de la structure de l’emploi depuis les années 80. La globalisation des marchés et l’évolution technologique sont présentées comme deux phénomènes naturels qui entrent inéluctablement en conflit avec la protection sociale et la sécurité d’emploi dont jouissent un nombre toujours plus réduit de travailleurs. Or, de nombreux chercheurs en sciences sociales insistent sur les choix politiques et administratifs essentiels à la généralisation de cette flexibilité, qui touche de manière beaucoup plus importante les femmes et les minorités visibles.
Pour le commun des mortels, il est difficile de se représenter le travail à l’œuvre pour orchestrer la segmentation et la polarisation du marché du travail [1]. Les modifications apportées au Programme de contrats fédéraux (PCF) le 27 juin 2013 sont un exemple éloquent de la part active du gouvernement dans le sabotage de programmes visant à favoriser l’équité en emploi, politiques qu’il a lui-même instaurées en 1986. Partant du constat que certains groupes (les femmes, les personnes handicapées, les Autochtones et les minorités visibles) subissent de la discrimination sur le marché du travail, la création du PCF « vise à amener les organisations [entrepreneurs de compétence provinciale] qui font affaire avec le gouvernement du Canada à se doter d’un effectif représentatif de la main-d’œuvre canadienne. » voir site du PCF. Nous ne pouvons que saluer de telles initiatives, mais l'heure est plutôt dénoncer un ensemble de changements apportés au programme, les derniers en date du 27 juin 2013.
Il faut noter l’augmentation du seuil du contrat (entre l’entreprise et le gouvernement) de 200 000 $ à un million de dollars, mesure qui aurait pour effet de réduire de moitié le nombre d’entreprises touchées par le programme selon Action Travail des Femmes (ATF), un organisme de défense des droits des femmes au travail voir article. Un des critères du programme cible déjà les structures de 100 employés et plus, ce qui permet d’exempter les petites et moyennes entreprises qui comptent pour 98 % de l’ensemble des entreprises canadiennes en 2012, toujours selon ATF. Aussi, une quinzaine d’organismes communautaires de défense des droits des travailleurs, principalement des groupes de femmes et des immigrants, ont uni leur voix pour dénoncer les modifications amenées au PCF par le gouvernement fédéral. Il faut y avoir une « atteinte directe à l’égalité des chances de groupes traditionnellement discriminés ». voir article 




[1] Castels, Manuel, 1998, « La transformation du travail et de l'emploi, Travail en réseau, chômage et travail flexible », dans La société en réseaux. L'ère de l'information, Fayard, Paris. 

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