mercredi 2 décembre 2015

« Tu travailles pour moi, toi »

Un incident incluant le maire de Montréal Denis Coderre et deux policières s’est passé le 23 juin 2015 lors d’un événement en soirée de la Saint-Jean.  Le travail des policières étaient de faire circuler la foule pour laisser un certain corridor pour les ambulanciers ou d’autres services d’urgence, s’ils étaient à porter secour. M. Coderre était présent à cet événement. La présence du maire dans un événement public fait en sorte que les citoyens veulent prendre des photos avec lui. Ainsi, le corridor devient bloqué par tout ce monde. Les policières essaient de faire circuler le maire pour débloquer le corridor. Elles demandent à plusieurs reprises qu’il circule sans grand succès. Une des deux policière retourne le voir et accompagne ses paroles par un geste de la main pour essayer de lui faire comprendre de circuler. C’est à ce moment-là que ça dégénère. M. Coderre lui dit de façon arrogante et menaçante: « toi, touche-moi pas !!! (…) Tu travailles pour moi, toi !!! » avant de finalement partir.
Depuis un certain temps, les relations entre le maire de Montréal Denis Coderre et les policiers du SPVM sont tendues. En fait, elles sont tendues depuis l’adoption de la loi 3 (concernant les régimes de retraite) ainsi que depuis la manifestation devant l’hôtel de ville en 2014 qui a mal tournée. De plus, il y a une certaine ambigüité : selon M. Coderre, les policiers ne travaillent pas pour lui, mais « pour tous les Montréalais », alors pourquoi aurait-il sorti « Toi, touche-moi pas!!! (…) Tu travailles pour moi, toi!!! ».
L’affirmation du maire Coderre « Tu travailles pour moi, toi » peut-elle rentrée dans la critique « de droite » de l’État providence faite par Milton Friedman? Serait-ce un cas de « How can we keep the government from a Frankenstein and destroy our freedom»? Est-ce qu’on peut garder le gouvernement d’être Frankenstein et de détruire notre liberté? Il y a quatre éléments de réponse à cette question. La première étant de limiter le rôle à la protection des contrats privés et la promotion de la concurrence. La seconde vient d’un État décentralisé le plus possible. La troisième vient que le travail est une marchandise comme une autre. Finalement, la quatrième  est l’élimination des monopoles, dont les syndicats qui sont des « monopoleurs » de main-d’œuvre. En se fiant à cette critique de Milton Friedman, pour évité ce conflit entre le maire et le SPVM, il faudrait, entre autre, que les policiers ne soient plus syndiqués.
Les policiers du SPVM sont actuellement sans convention collective. Peut-on dire que pour l’instant, le travail de policier est un emploi précaire? Le précariat, c’est une rupture avec la notion de travail et de sécurité; le « revenu » se réduit dans le « salaire »; c’est sujet à une « fausse mobilité ascendante ». Pour l’instant, s’il y a pas nécessairement une rupture avec la notion de travail et de sécurité. Exception fait de la fois où un nombre important de policiers ne se sont pas présentés à leur quart de travail (moyen de pression pour manifester contre le projet de loi 3 sur les régimes de retraite). À ce moment-là, les policiers « malades » se sont fait remplacer par des policiers qui ont dû travailler deux quarts de travail en ligne donc l’aspect sécurité a pu être un peu négligée, les remplaçants étant plus fatigués, moins alerte (et ce même si le nombre de policiers au travail n’avait pas changé). De plus, la Ville de Montréal a demandé à ses policiers de rembourser de leurs poches le montant qui a été déboursé pour enlever les autocollants que les policiers avaient mis un peu partout. Ce montant enlevé du salaire des policiers fait-il en sorte que le métier de policier est précaire, ou s’est tout simplement un retour des choses puisque ce sont les policiers qui les auraient collées eux-mêmes donc que c’est à eux de payer ce qu’ils ont fait et non aux contribuables?
Est-ce que le maire de Montréal Denis Coderre aurait réagi autrement en présence de policiers masculins? Aurait-il réagi de la même façon peu importe le sexe du policier tout simplement à cause des relations tendues entre la Ville et le SPVM? La relation entre les femmes et le marché du travail a évolué. Auparavant, ce sont les hommes et non les femmes qui travaillaient. Puis, durant les années 60, il y a eu un retour des femmes sur le marché du travail. Depuis que les femmes travaillent, il y a toujours eu une classification des emplois (certains emplois ne sont que pour les hommes, d’autres ne sont que pour les femmes). Aujourd’hui, cette dernière barrière est toujours présente, mais moins forte qu’avant. Par exemple, avant, le métier de policier était un métier d’hommes. Ce l’est toujours aujourd’hui, mais il y a quand même des femmes policières.

Claire Trottier
Source :

LAGACÉ, Patrick, « Tu travailles pour moi, toi ». LaPresse, 30 novembre 2015. En ligne au : < http://plus.lapresse.ca/screens/7dd34a78-32d8-4f8f-a618-62495ea58045%7C_0.html >, consulté le 2 décembre 2015.

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