dimanche 6 décembre 2015

Devrions-nous investir chez Bombardier?



Bombardier est une entreprise québécoise de renommée internationale et le gouvernement du Québec cherche à maintenir cette institution en bonne santé financière. Le gouvernement lui a donc donné, en pleine période d’austérité, 1.3 milliard de dollars de subvention. 

Cette subvention crée la controverse, car au même  moment, le secteur public est en pleine négociation sur leur rémunération. Pour ce secteur, on parle littéralement d’un gel salarial de deux ans suivi d’une augmentation de 3% au bout de 5 ans. Nous voyons donc les priorités du gouvernement lorsqu’il est question d’économie et de rentabilité. 

Ensuite, nous apprenons récemment que Bombardier va internationaliser certaines chaines de production plus simple au Mexique et au Maroc. On justifie cette décision en disant que cela va diminuer les couts de production. On tente d’être rassurant en disant que les tâches plus complexes vont rester au Canada.

Cette situation touche directement la classe moyenne du Québec, car ce sont des emplois de cette tranche de rémunération qui sont directement touchés. Un technicien d’usinage coute moins cher dans ces pays que dans le nôtre. Cette perte de la classe moyenne, nous l’avons vu, est fréquente. Nous nous retrouvons donc avec une population de statut socioéconomique faible et de statut socioéconomique élevé. Les emplois traditionnellement occupés par la classe moyenne sont relocalisés. Il y a donc un vide qui se crée entre les deux extrémités du continuum socioéconomique. La flexibilité qui est permise à l’industrie rend les emplois manufacturiers précaires au Canada. Les pays moins favorisés s’occupent de la fabrication des pièces. 

Lors de son engagement, Bombardier a assuré au gouvernement du Québec qu’il maintiendrait son siège social stratégique et ses activités de production et d’ingénierie au Québec. Les emplois d’ingénierie ne sont pas ceux qui sont en danger, ce sont les emplois de production et d’usinage. Il est dommage de voir qu’il n’y  a même pas un mois de différence entre l’annonce de cette promesse du maintien de la force ouvrière au Québec et l’annonce de la l’exportation des emplois manufacturiers simple du 25 novembre. Oui, c’est bien économiquement  pour la compagnie, mais est-ce vraiment bien pour les familles québécoises qui comptaient sur cet investissement pour diminuer la précarité de leur emploi? De plus, cette annonce rend encore plus cynique la population envers Bombardier. Pourquoi devrions-nous leur faire confidence maintenant? 

La précarité des emplois et la mondialisation des tâches simples sont bonnes pour les entreprises, mais mauvaises pour les travailleurs. On perd des emplois, et on voit difficilement avec l’annonce du 25 novembre comment l’investissement de 1.3 milliard va aider le Québec à en créer de nouveaux. Ce qui est encore plus désolant, c’est que l’investissement n’était jumelé à aucune garantie de retour. C’était simplement un achat des parts du marché avec l’argent des contribuables. Bien sûr, si la compagnie performe bien à la bourse, l’investissement aura un impact positif, mais avec l’annonce de l’entrée de jeu du Mexique et du Maroc, la compagnie n’a pas fait bonne figure pour les investisseurs.

Bref, non seulement on perde des emplois dans une industrie déjà précaire, le Québec risque gros en jouant avec l’argent de citoyens dans une compagnie qui ne sait pas comment regagner la confiance du Québec. De plus, elle continue d’exploiter le sud pour les profits du nord. En employant  ces personnes de pays défavorisé, nous reproduisons la même logique néolibérale de la centrifugation de l’emploi. Il faut sérieusement se demander si ces individus du sud ont les mêmes droits et s’ils sont éligibles aux mêmes protections de l’état dans leur pays. Si la réponse à cette question est non, alors, Bombardier agit comme beaucoup trop de compagnies multinationales : avec aucun souci de ces travailleurs, tant et aussi  longtemps que le profit est au rendez-vous.  La croissance infinie est impossible. Nous devons cesser de mettre des fonds publics dans des compagnies pour avoir la bonne image économique. Car même si les compagnies font bonne figure, les citoyens ont de plus en plus de difficulté financière. Tout sacrifier pour des indices boursiers nous aveugle sur les vraies problématiques sociales. La classe moyenne disparait et les services à la population sont de moins bonne qualité. J’espère que l’investissement va en valoir la peine quand les C-Séries vont être finalement en état de vol, sinon, le peuple québécois s’est fait avoir par son gouvernement.

Olivier St-Laurent
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