Bombardier est une entreprise québécoise de renommée
internationale et le gouvernement du Québec cherche à maintenir cette
institution en bonne santé financière. Le gouvernement lui a donc donné, en
pleine période d’austérité, 1.3 milliard de dollars de subvention.
Cette subvention crée la controverse, car au même moment, le secteur public est en pleine
négociation sur leur rémunération. Pour ce secteur, on parle littéralement d’un
gel salarial de deux ans suivi d’une augmentation de 3% au bout de 5 ans. Nous
voyons donc les priorités du gouvernement lorsqu’il est question d’économie et
de rentabilité.
Ensuite, nous apprenons récemment que Bombardier va
internationaliser certaines chaines de production plus simple au Mexique et au
Maroc. On justifie cette décision en disant que cela va diminuer les couts de
production. On tente d’être rassurant en disant que les tâches plus complexes
vont rester au Canada.
Cette situation touche directement la classe moyenne du
Québec, car ce sont des emplois de cette tranche de rémunération qui sont
directement touchés. Un technicien d’usinage coute moins cher dans ces pays que
dans le nôtre. Cette perte de la classe moyenne, nous l’avons vu, est
fréquente. Nous nous retrouvons donc avec une population de statut socioéconomique
faible et de statut socioéconomique élevé. Les emplois traditionnellement
occupés par la classe moyenne sont relocalisés. Il y a donc un vide qui se crée
entre les deux extrémités du continuum socioéconomique. La flexibilité qui est
permise à l’industrie rend les emplois manufacturiers précaires au Canada. Les
pays moins favorisés s’occupent de la fabrication des pièces.
Lors de son engagement, Bombardier a assuré au gouvernement
du Québec qu’il maintiendrait son siège social stratégique et ses activités de
production et d’ingénierie au Québec. Les emplois d’ingénierie ne sont pas ceux
qui sont en danger, ce sont les emplois de production et d’usinage. Il est
dommage de voir qu’il n’y a même pas un
mois de différence entre l’annonce de cette promesse du maintien de la force
ouvrière au Québec et l’annonce de la l’exportation des emplois manufacturiers
simple du 25 novembre. Oui, c’est bien économiquement pour la compagnie, mais est-ce vraiment bien
pour les familles québécoises qui comptaient sur cet investissement pour
diminuer la précarité de leur emploi? De plus, cette annonce rend encore plus
cynique la population envers Bombardier. Pourquoi devrions-nous leur faire
confidence maintenant?
La précarité des emplois et la mondialisation des tâches
simples sont bonnes pour les entreprises, mais mauvaises pour les travailleurs.
On perd des emplois, et on voit difficilement avec l’annonce du 25 novembre
comment l’investissement de 1.3 milliard va aider le Québec à en créer de
nouveaux. Ce qui est encore plus désolant, c’est que l’investissement n’était
jumelé à aucune garantie de retour. C’était simplement un achat des parts du
marché avec l’argent des contribuables. Bien sûr, si la compagnie performe bien
à la bourse, l’investissement aura un impact positif, mais avec l’annonce de
l’entrée de jeu du Mexique et du Maroc, la compagnie n’a pas fait bonne figure
pour les investisseurs.
Bref, non seulement on perde des emplois dans une industrie
déjà précaire, le Québec risque gros en jouant avec l’argent de citoyens dans une
compagnie qui ne sait pas comment regagner la confiance du Québec. De plus,
elle continue d’exploiter le sud pour les profits du nord. En employant ces personnes de pays défavorisé, nous reproduisons
la même logique néolibérale de la centrifugation de l’emploi. Il faut
sérieusement se demander si ces individus du sud ont les mêmes droits et s’ils
sont éligibles aux mêmes protections de l’état dans leur pays. Si la réponse à
cette question est non, alors, Bombardier agit comme beaucoup trop de compagnies
multinationales : avec aucun souci de ces travailleurs, tant et aussi longtemps que le profit est au rendez-vous. La croissance infinie est impossible. Nous devons
cesser de mettre des fonds publics dans des compagnies pour avoir la bonne
image économique. Car même si les compagnies font bonne figure, les citoyens
ont de plus en plus de difficulté financière. Tout sacrifier pour des indices boursiers
nous aveugle sur les vraies problématiques sociales. La classe moyenne
disparait et les services à la population sont de moins bonne qualité. J’espère
que l’investissement va en valoir la peine quand les C-Séries vont être finalement
en état de vol, sinon, le peuple québécois s’est fait avoir par son
gouvernement.
Olivier St-Laurent
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