lundi 7 octobre 2013

Travail des enfants en baisse et syndicalisme


Ce matin le journal électronique JOL Press publiait un article qui  faisait suite à un autre article sur le nombre d’enfants au travail publié le 24 septembre 2013. Ces articles affirment que le travail des enfants est en baisse dans le monde. C’est ce que conclut le dernier rapport de l’Organisation internationale du Travail (OIT) sur l’évolution du travail des enfants entre 2000 et 2012. Ainsi,  le travail des enfants serait passé de 246 M à 168 M de travailleurs juvéniles en 12 ans. C’est au cours de la période de 2008 à 2012 que la baisse a été la plus importante. Une baisse d’un tiers en quatre ans par rapport au niveau de 2000. Au cours de cette période, le travail des jeunes filles aurait diminué de 40 %. La conférence internationale sur le travail des enfants de Brasilia qui débute cette semaine, le 8 octobre, se penchera sur les moyens d’accélérer la réduction du nombre d’enfants travailleurs. 

 Les enfants travailleurs sont principalement présents dans les régions d’Asie-Pacifique et de l’Afrique subsaharienne. Ils sont actifs principalement dans le domaine de l’agriculture sur des petites productions familiales, mais aussi dans le domaine des services dans des postes de travail domestique ou de vente itinérante. Beaucoup du travail des enfants est informel, qu’il soit effectué dans le cadre de la production familiale ou à l’extérieur. La plupart des enfants qui travaillent dans le monde le font pour assurer leur subsistance et parfois celle de leur famille. 

La baisse du travail des enfants est, pour l’OIT, assimilable à la réduction de la pauvreté dans certaines régions grâce à l’intervention gouvernementale. Par exemple, au Brésil, la baisse du travail des enfants s’accompagne d'un soutien financier aux familles les plus pauvres afin d’assurer la scolarité. L’OIT considère qu’à moyen terme l’éducation institutionnelle, dans le contexte de la mondialisation, est un élément clé de la croissance économique tant pour les ménages que pour les États. En ce sens, l’OIT place la création d’emploi, les besoins spécifiques des femmes, des jeunes et des personnes vulnérables au centre de son plan d’action pour l’après-2015. Cela implique de suivre les indicateurs que sont l’informalité du travail et le poids de l’agriculture dans l’économie. Selon l’OIT, assurer les droits des enfants ainsi qu'un salaire équitable assurera le respect de la dignité de ceux-ci, tout en favorisant l’emploi des femmes. En effet, l’OIT considère qu’actuellement les enfants occupent des emplois qui pourraient être tenus par des femmes, lorsqu’il s’agit d’emplois formels. Actuellement, les enfants sont considérés comme une main-d’œuvre meilleur marché pour les entreprises dans certaines régions.

Il nous apparait intéressant de remarquer la présence d’un acteur trop souvent oublié dans la lutte contre le travail des enfants et dans la volonté d’éradication de cette réalité : les enfants travailleurs. Il est intéressant de noter que des organisations syndicales d’enfants existent depuis les années 1970 dans les pays d’Amérique latine, et depuis les années 1990 pour l’Asie et l’Afrique. Selon le site La voix des enfants actifs, il y aurait plus de 32 mouvements nationaux d’enfant travailleurs dans le monde. Le mouvement mondial pour sa part s’est formé en 1996. Il y a fort à parier sur l’impact qu’ont pu avoir ces organisations syndicales sur la vie des enfants travailleurs. 

Les revendications des enfants travailleurs, tels que celles des « Collaborateurs » du syndicat pour enfants à La Paz en Bolivie, visent la dignité, l’égalité salariale avec les adultes, le traitement décent et la reconnaissance de la participation sociale et économique des enfants, ainsi que l’amélioration des conditions matérielles de vie des enfants travailleurs. Il est à noter que ces organisations, qui s’affirment autogérées, ne revendiquent pas l’abolition pure et simple du travail des enfants, mais plutôt l’éradication de l’exploitation dans leur travail ainsi que le droit à l’éducation. De plus, les associations d'enfants travailleurs revendiquent d’être reconnus comme acteur économique et social à part entière, et ce, dans le cadre d’un processus de démocratie participative. Comme ces organisations syndicales s'affirment autogérées par des enfants, le rôle que jouent les adultes et les influences que pourraient avoir les organisations politiques à différents niveaux (local, national, international) seraient intéressants à analyser en ce qui a trait à la transmission, aux partages et à la convergence des objectifs et des revendications. 

Sarah Girard


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