Martine Letarte présentait cette
semaine, en collaboration spéciale avec La Presse, le chemin parcouru par l'entreprise sherbrookoise Cuisine Idéal depuis la fermeture de l’une de ses deux usines,
en 2012, jusqu’à aujourd’hui. L’entreprise spécialisée dans la fabrication de
portes d’armoires a en effet fait face à un obstacle de taille lorsqu’elle
s’est vue obligée de rapatrier toute la production dans sa dernière usine
ouverte et d’y réorganiser sa production. Elle a du coup perdu un grand nombre d’employés
qui se sont trouvé un autre emploi et a dû procéder à une période d’embauche
massive. En plus d’être considérablement affectée par la crise économique,
Cuisine Idéale est une entreprise saisonnière et perd déjà une partie de ses
employés annuellement. Les principaux problèmes ayant fait surface suite au
rapatriement en une seule usine et à l’embauche massive ont été le manque de
formation des nouveaux employés et la communication déficiente entre les quarts
de travail et les départements. Elle a fait appel à un consultant, qui a
réalisé un manuel avec Johnny Ustinowicz, l’un des opérateurs les plus
expérimentés de l’entreprise et ainsi favorisé une formation rapide, efficace
et standardisée de tous les employés. M. Ustinowicz a procédé, personnellement,
à une formation intensive des nouveaux employés, ce qui a résolu en grande
partie le ralentissement dans la production et les lacunes dans la qualité des
produits délivrés. Les difficultés de communication ont été réglées par
l’installation d’un grand tableau dans chaque département, où chaque
superviseur inscrit, une fois l’heure, où il en est. Ces initiatives ont
amélioré de façon fulgurante la rentabilité et l’expertise de Cuisine Idéale,
dont le taux de rejet et de non-qualité de produit est passé de 16-18% à 0,8%,
entre 2012 et 2013. L’usine a maintenant élargi son activité aux marchés de la
rénovation et de la construction de maisons et présente un nouveau potentiel de
croissance.
Il est difficile ici de faire
abstraction du statut de précarité souvent associé aux entreprises spécialisées
dans la production de biens en pays développés, tout particulièrement depuis la
montée du néolibéralisme et la mondialisation qui ont donné lieu à une vague
massive de délocalisation des entreprises de secteur secondaire vers des pays
en voie de développement. Ces entreprises, même si elles ont diminué d’effectif
en Occident, y sont cependant toujours existantes et font face à des
contraintes économiques de taille, surtout en comparaison à la profitabilité
astronomique des entreprises délocalisées grâce (ou à cause) de l’absence de
syndicats et de conditions de travail inférieures à ce qui est exigé ici.
Celles installées en Occident doivent donc innover constamment pour demeurer
rentables et concurrentes, et l’exemple de Cuisine Idéale illustre ici les
obstacles que plusieurs entreprises spécialisées dans la fabrication de biens
ont rencontrés. Les nombreuses fermetures d’usines en Estrie, notamment Baxter
à Sherbrooke, Fontaine et Dana Canada à Magog, ou encore Saputo à Warwick, en sont
quelques exemples.
Letarte,
Martine. Former une main-d’œuvre non
qualifiée, La Presse, Montréal, 28 septembre 2013.
Sherbrooke perd l’usine de Baxter, La Presse
canadienne et Radio-Canada, 18 mai 2011. Document consulté en ligne : http://www.radio-canada.ca/nouvelles/Economie/2011/05/18/010-sherbrooke-fermeture-baxter.shtml
Une autre fermeture d’usine à Magog,
Radio-Canada, le 18 novembre 2011. Document consulté en ligne : http://www.radio-canada.ca/regions/estrie/2011/11/18/001-fermeture-fontaine-magog.shtml
Gagnon,
Jean-François. Magog frappée une nouvelle
fois par une fermeture d’usine, La Tribune, 16 octobre 2008. Document
consulté en ligne : http://www.lapresse.ca/la-tribune/estrie-et-regions/200810/16/01-30162-magog-frappee-une-nouvelle-fois-par-une-fermeture-dusine.php
Vassiadis,
Sandy. Saputo annonce la fermeture d’usines
au Canada, Hebdos régionaux – Estrie, le 14 mars 2013. Document consulté en
ligne : http://www.hebdosregionaux.ca/estrie/2013/03/14/saputo-annonce-la-fermeture-dusines-au-canada
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