Plusieurs mois après
l’effondrement de l’usine Rana Plaza, les ouvriers du textile du
Bangladesh sont en voie de réaliser un gain dans leur lutte pour
l’obtention de meilleures conditions de travail, en effet une
hausse des salaires minimums est attendu d’ici un mois au
Bangladesh1.
Deuxième exportateur de produits textiles après la Chine, le
Bangladesh est reconnu pour le faible coûts de sa main-d’œuvre et
ce même par rapport aux autres pays asiatiques, il est en effet deux
fois moins élevés qu’au Vietnam et quatre fois moins qu’en
Chine. Ces faibles coûts de production se font cependant au
détriment du bien-être des travailleurs de cette industrie qui
gagnent actuellement aux alentours de 40$ par mois. L’effondrement
de l’usine de textile Rana Plaza au mois d’avril qui avait fait
plus de milles morts avait justement révélé au monde les
conditions de travail misérables de ces travailleurs forcés à
travailler malgré les apparentes fissures dans le bâtiment. Cette
tragédie terrible a entraîné alors la grogne des travailleurs qui
ont entrepris une série de manifestations et de grèves qui secouent
le pays depuis. Des manifestations importantes réunissant plusieurs
milliers de travailleurs avaient notamment eu lieu à la fin du mois
de Septembre suite au refus des propriétaires d’usine d’augmenter
les salaires de plus de 20 %2.
Les ouvriers réclamaient plutôt une augmentation du salaire
minimum afin qu’il atteigne environ 108 dollars par mois soit plus
du double du montant actuel affirmant du même coup qu’ils
n’arrêteront pas leur mouvement de grève et de protestation si le
salaire minimum n’atteint pas au moins 80$ par mois. Le
gouvernement pourrait cependant décider de trancher le litige en
imposant aux patrons un salaire minimum de 60 à 73$ soit une
augmentation de 50 à 80 % par rapport à aujourd’hui.
Les patrons de
l’industrie textile mettent en garde contre une augmentation des
salaires trop rapide qui diminueraient leur compétitivité face aux
autres exportateurs de textile en ces temps de récession mondiale
surtout que le textile représente 80 % des exportations du
pays, les ouvriers profitent cependant d’un rapport de force qui
leur est plus favorable depuis les derniers mois. En effet,
l’attention internationale portée aux conditions de travail des
ouvriers du textile depuis l’effondrement de l’usine de textile
du Rana Plaza qui fabriquait des vêtement pour entre autre les
compagnies Wal-Mart et Joe Fresh, place le gouvernement et les
multinationales dans une situation délicate auprès de l’opinion
publique nationale, mais aussi internationale. Ce facteur pourrait
être un élément déterminant pour le mouvement ouvrier au
Bangladesh et pourrait mené à des gains plus substantiels que ceux
réalisés en 2010, malgré des années de mobilisations. Des
mouvements de mobilisation semblables avaient aussi émergés dans
d’autres pays exportateurs de textile comme en Chine, mais aussi au
Vietnam et au Cambodge où les grèves et manifestations de grandes
ampleurs se sont multiplier3.
Cette conjoncture dans la mobilisation des travailleurs du textile
asiatique combinée à une attention internationale plus grande sur
le sort des travailleurs de cette industrie pourrait peut-être
changer la donne dans l’industrie du textile en mettant une
pression pour l’amélioration des conditions de travail de ces
ouvriers qui viendrait compenser la pression qu’exercent les
multinationales pour constamment faire baisser leur coût de
production.
Reste maintenant à voir
si les augmentations de salaire qui seront annoncés prochainement
seront une simple mesure pour tenter de diminuer les pressions
internes et externes ou s’ils annonceront le début d’un réel
changement pour les ouvriers du textile du Bangladesh.
L’amélioration des conditions de travail des ouvriers du textile
doit aussi passer par une meilleure règlementation de ce secteur par
le gouvernement. En effet, les mesures de sécurité devraient être
mieux appliquées afin d’éviter de nouvelles catastrophes comme
celle du Rana Plaza. Ce ne sera toutefois pas facile puisque le
réseau étendu de sous-traitance rend difficile la reddition de
comptes et l’imputabilité des grandes compagnies du textile4.
Même avec ces changements et les augmentations de salaires
proposées, les salaires au Bangladesh resteront dans les plus bas en
Asie et les conditions de travail très difficiles. Les ouvriers du
Bangladesh comme ceux des autres pays asiatiques n’ont donc pas
fini de lutter pour s’assurer des conditions de travail décentes
et dignes.
Dominic Durocher
1http://www.radio-canada.ca/nouvelles/Economie/2013/10/21/001-bangladesh-hausse-salaire-minimum.shtml
consulté le 21 octobre 2013
4https://www.radio-canada.ca/emissions/enquete/2013-2014/
visioné le 17 octobre 2013
Plus de 6 mois après la tragédie de l'usine textile Rana Plaza qui a couté la vie à 1129 travailleurs, les entreprises qui ont promis de l'aide aux familles des victimes n'ont toujours rien apporté. Les ouvriers continuent de sortir dans les rues pour recevoir une hausse salariale mais aussi une aide monétaire compensatoire aux familles des victimes.
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