Fondée en 1944, Hydro-Québec est une
entreprise québécoise nationale qui a pris une grande importance dans le développement
économique et social des années soixante. Aujourd’hui, avec des profits en
moyenne de plus de deux milliards par années, elle est une des plus importantes
«vaches à lait» du gouvernement. Son syndicalisme à grandement évolué avec le
temps et s’inscrit aujourd’hui dans la vague de changement qui touche les grands
milieux syndicaux en période de faible croissance économique.
À l’heure actuelle, six des sept
sections syndicales qui ont fait front commun se sont entendus sur une entente de principe dans le cadre des
négociations anticipé de la convention collective. Étrangement, le seul journal
à dresser un bilan de la situation est le Journal de Montréal (un lien possible
avec PKP nouvellement président du conseil d’administration d'Hydro-Québec?).
L’article paru le 8 octobre dresse
le portrait : augmentation de la cotisation des travailleurs au régime de
retraite de 33 à 48% et augmentation de l’âge de la retraite dès 2015. En
contrepartie, les syndicats reçoivent 4.2% d’augmentation en 2016 et 2.75% -
2.5% pour 2017-2018. Une entente assez avantageuse pour les deux parties
pensez-vous? Mais voici quelques implications concrète et idéologique qui sous-tendent
cette entente de principe, puisque celle-ci doit encore être votée par les
membres.
Le front syndical organisé dans le
cadre des négociations comprenait 6 des 7 syndicats (celui des ingénieurs
négociants presque toujours appart) jusqu’à tout récemment où la section 975,
celle des techniciens, a décidé de claquer la porte. Le mot du président Réjean Porlierest
très éclairant à ce sujet :
L’entente privilégie avant tout les
anciens : ceux qui partent à la retraite dans les 5 prochaines années
(durée de la convention collective) auront obtenus des gains et se verront très
peu pénalisés comparés aux jeunes qui devront cotiser d’avantage pour leur
retraite. De plus, comme le président l’exprime très bien :
«Depuis quelques années s'affrontent continuellement
deux idéologies; le syndicalisme de combat est confronté au syndicalisme d'affaires.
Cette réalité n'est pas propre aux syndicats d'Hydro-Québec, elle ronge le
mouvement syndical un peu partout, ici comme ailleurs.»
Dans sa vision, le syndicalisme d’affaires
préfère se limiter à l’amélioration des conditions pour ses membres (les baby-boomers
actuellement majoritaires) qui défent une conception plus individualiste comparée
au syndicalisme de combat qui se représente davantage comme un mouvement social
porteur de changement. Le front commun, maintenant porté par cinq syndicats, privilégie
tout avant la négociation «passive», car elle ne cherche «pas à confronter
l'employeur qui est davantage perçu comme un partenaire». Ainsi, la
«négociation» (anticipé, rappelons-le) est utilisée comme un retour de
balancier entre partenaires d’affaires, entre individus privilégiés par une
structure plutôt qu’un rapport de force établi par la mobilisation des membres.
Le président de la section 957 définit ce nouveau rapport comme «business, as usual».
Une expression qui prend son sens dans un contexte où la conscience de classe s’effrite
au profit d’une culture d’affaire.
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