Depuis quelque temps
maintenant, un débat s’est lancé autour de l’enjeu d’une augmentation du
salaire minimum, passant de 11,40$ à 15,00$ l’heure, d’ici 2019. (Larsen, 2017)
Nous sommes donc portés à nous demander quels seront les bénéfices et/ou les
inconvénients de cette hausse ? Pour ma part, je trouve assez difficile de me
prononcer sur cette problématique, car je n’ai aucune connaissance empirique
des répercussions sur l’individu (ou même la société dans son ensemble) qu’a
permis un accroissement du salaire minimum dans le passé. Est-ce que
l’augmentation du salaire minimum a permis à plusieurs individus de sortir de
la pauvreté ? Permettez-moi d’en douter.
Selon les commentaires
consultés sur la page Facebook de CBC en lien aux publications sur cette
question, les opinions ne semblent pas être consensuelles. Certains vous diront
qu’une augmentation de 3,60$ l’heure ne fera qu’augmenter le coût de la vie. En
effet, selon Lisa
Summers, mère de famille,
tout ce que la hausse des salaires minimum fait est qu’elle
rapproche la classe moyenne du seuil de pauvreté, car au final, elle aide peu ceux
qui sont en dessous du seuil de pauvreté. Tout est plus dispendieux depuis
l'augmentation. Je paye maintenant 120$ de plus pour la garderie en dépit d’une
augmentation minime de mon salaire. (Traduit de l’anglais)
Le commentaire de Mme Summers n’est pas faux,
car après cette hausse de la rémunération salariale, représentant plusieurs
milliers de dollars par année pour chacun(e) des employés, les entreprises n’auront
pas d’autre choix que de revoir leurs coûts de production et d’exploitation.
D’autant plus que cette hausse salariale constitue une « aide » que
pour les personnes qui sont actuellement en emploi, non pas les personnes qui
sont au chômage, c’est-à-dire que cette mesure gouvernementale n’aide pas
vraiment à la réinsertion en emploi. Les personnes qui au chômage vivent encore
le même bordel. Cela dit, pour d’autres personnes, cette augmentation salariale
peut être excellente pour la population et l’économie en générale : les
individus ayant plus d’argent dans leurs poches, ils pourront dès lors dépenser
davantage ; les entreprises n’auront qu’à s’adapter. Et s’adapter, elles le
feront.
Le Bureau de la
Responsabilité Financière de l’Ontario (BRF) croit pour sa part que cette
augmentation salariale pourrait provoquer une perte allant jusqu’à 50 000
emplois, particulièrement les postes disponibles pour les adolescents, les
jeunes adultes et les immigrants. (Larsen, 2017) La BRF prend cette position du
fait que cette augmentation est plus importante et plus rapide que ce qui a été
fait dans le passé, soutenant ainsi que les entreprises pourraient prendre des
mesures drastiques afin de réduire leurs coûts. (Larsen, 2017)
Ces mesures drastiques
dont on parle risquons de lancer des débats très bientôt en ce qui a trait aux
nouvelles techniques d’automatisation. Du moins on en entend déjà parler,
notamment dans cet article de CBC News, suggérant que cette hausse salariale pourrait
séduire les employeurs vers l’automatisation de certains de leurs postes de
travail. (Pham,
2017) Je pense notamment, en ce qui a trait à la restauration rapide, aux kiosques
de prise de commande, à la production des frites ou même des boulettes, etc. D’autre
figure importante dans l’industrie de la restauration rapide, dont l’ex-PDG de
McDonald, Ed Rensi, en parlait déjà en mai dernier et disait qu’il était
préférable, selon lui, d’acheter des robots à 35 000$, plutôt que
d’engager de nouveaux employés. S’agit-il de propagande pour inciter les
individus à demander un salaire plus faible ? Ce serait un sujet sur
lequel nous pourrions débattre.
Cela
dit, il ne faut pas se leurrer, les entreprises productrices de nouvelles
techniques d’automatisation tenteront de s’imposer sur le marché, quelles qu’en
soit les conséquences sociales. Nicolas Pham, journaliste à CBC, évoque par
exemple l’entreprise Solo Series qui utilisa cette mesure d’augmentation du
salaire minimum pour faire un coup marketing en affichant cette publicité (voir
lien suivant : https://imgur.com/a/pRtUq) directement à l’entrée
des restaurants. (Pham, 2017) Il est possible d’y voir tous
les soi-disant bienfaits du kiosque automatique : « never comes late, no
coffee breaks, no overtime pay, no vacation pay, etc. »
En
somme, il est difficile de croire que nous en sommes maintenant rendus-là :
un contexte où les individus sont non seulement en compétitions les uns contre
les autres, mais aussi désormais en compétition contre la
« machine ». Si cette nouvelle tendance se maintient, nous pouvons
sans doute nous attendre à ce que les entreprises soient de plus en plus
exigeantes. À titre d’exemple, je vous renvoie à cet article de Kevin Nielsen, paru
tout juste avant l’ouragan Irma, dans lequel il montre une note affichée sur le
babillard, destiné aux employés d’un restaurant Pizza Hut, et sur laquelle il
était indiqué que les employés qui prévoyaient évacuer devaient
inconditionnellement être de retour pour le travail dans un délai de 72 heures.
« Failure
to show for these shifts, regardless or reason, will be considered a no call /
no show and documentation will be issued. In the event of an evacuation, you
MUST return within 72 hours. » (Nielsen, 2017) La logique des sentiments dont
préconisait Mayo n’est définitivement pas appliquée dans ce cas-ci.
Sources bibliographiques
Larsen, Karin. « Ontario’s minimum wage hike could
cost 50,000 jobs : provincial watchdog », dans CBCNEWS Business, [en ligne], article publié le 12 septembre 2017,
disponible sous l’URL suivant : http://www.cbc.ca/news/business/ontario-minimum-wage-jobs-1.4285443, consulté le 18 septembre 2017.
Nielsen, Kevin. « Pizza Hut manager threatens
emplyees who missed shifts to escape Hurricane Irma », dans Global News, [en ligne], article publié
le 12 septembre 2017http://globalnews.ca/news/3735891/pizza-hut-manager-memo-hurricane-irma/?utm_source=GlobalNews&utm_medium=Facebook, page consulté le
18 septembre 2017.
Pham, Nicolas. « Ontario minimum wage hike sparks
debate over replacing human workers with machines », dans CBCNEWS Windsor, [en ligne], article
publié en ligne le 15 juin 2017, disponible sous l’URL suivant : http://www.cbc.ca/news/canada/windsor/ontario-minimum-wage-hike-sparks-debate-over-replacing-human-workers-with-machines-1.4160763, page consulté le
18 septembre 2017.
Pierre-Luc S.D.
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