mercredi 27 septembre 2017

De Montréal à Toronto en 39 minutes ? Le projet de l’hyperloop

Seul candidat parmi les dix propositions retenues par la firme américaine Hyperloop One qui exploitera sa viabilité au niveau économique, le trajet hyperloop Montréal Toronto devient une réalité potentielle. En partance de Montréal, il permettrait d’atteindre Toronto en 39 minutes, Ottawa en 12 minutes et  de parcourir Toronto jusqu’à Ottawa en 27 minutes. Développé en 2013 par le français canadien Elon Musk qui est également à l’origine des voitures électriques de Tesla et des fusées de SpaceX, cette technologie permettrait d’égaler la vitesse d’un avion de ligne grâce à une propulsion par électricité et par magnétisme des capsules qui peuvent atteindre une vitesse de plus de 1200 km/h.
 
Économiquement parlant, plusieurs facteurs jouent en faveur du déploiement du projet. Rob Lloyd, chef de la direction d’Hyperloop One, invoque notamment les « centaines de milliards de dollars des grands fonds de pension au Québec et en Ontario qui investissent dans les infrastructures » et le fait que le Canada est « le leader des partenariats public-privé ». Rob Lloyd promet également au pays qui accueillera le premier système hyperloop « tout un écosystème d’infrastructures et de recherche et développement », bénéfique à la création d’emploi. Enfin, la ligne Toronto-Ottawa-Montréal est très viable, puisqu’elle pourrait accueillir 15 millions de passagers et plus par année.

En assurant une liaison rapide entre Toronto et Montréal, les citoyens auraient la possibilité de choisir un emploi dans une ville tout en vivant dans l’autre. Ce projet pourrait donc résoudre la problématique du transport interurbain. Denis Gingras, directeur du Laboratoire d’intelligence véhiculaire affirme que « Souvent, les gens veulent vivre à proximité de leur travail. Si on peut faire de grandes distances en si peu de temps, ça encouragera à vivre loin de son travail sans problème. ». Néanmoins, bien que ce type de programme favorise la création d’emploi, il est nécessaire de rappeler que le travail se concentre dans l’espace urbain, et non dans les régions. « Pourquoi une entreprise aurait-elle des bureaux dans une autre ville si on peut se déplacer si vite et si facilement d’un endroit à l’autre ? » reconnait M. Saunier, professeur à Polytechnique Montréal.

Tel que l’a fait internet avec l’information, l’idée de l’hyperloop est de rapprocher les gens en diminuant les distances. Ce projet aurait ainsi de réelles conséquences sur le développement urbain et sur la structure du travail au niveau géographique. Plus que de simplement proposer une alternative au train ou à l’avion, il incite les travailleurs et les entreprises à se regrouper en ville. Car si le programme est un succès, les projets de liaisons futures concerneront uniquement les grandes villes. En réduisant le temps de trajet entre métropoles, l’hyperloop étendrait également la concurrence entre les travailleurs à l’échelle régionale, puisqu’un billet simple coûterait environ le même prix qu’un ticket de métro. Pour autant, les capsules permettent de faire rentrer seulement 28 passagers et même en multipliant les rotations, ce chiffre limité ne permettra pas de concurrencer le transport de masse. De plus, la saturation de l’espace urbain pose la problématique du lieu où positionner ces gares d’hyperloop. Car si le temps gagné entre chaque métropole n’évite pas le temps d’embouteillage de la gare au centre-ville, il faudra considérer ce facteur dans chaque trajet effectué.


Ce programme ambitieux laisse donc apparaître des failles inévitables, il doit prouver sa viabilité tant au niveau sécuritaire qu’à celui de l’espace urbain. Pourtant, nombreux sont ceux qui voient dans le projet hyperloop une technologie révolutionnaire, allant même jusqu’à l’appeler « le train du futur ». Il faudra atteindre 2020 pour formuler des réponses sur ces spéculations.

Mélissa Moriceau

Sources
Caillou Annabelle, « L’hyperloop, un rêve ou une réalité? », Le Devoir, 25 septembre 2017
Filion Nadine, « Transpod crée l'hyperloop canadien », Autofocus, 3 octobre 2016
De Rosa Nicholas, « Montréal candidate "sérieuse" pour un lien hyperloop», Journal de Montréal, 15 septembre 2017

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