Seul candidat parmi les dix propositions retenues
par la firme américaine Hyperloop One qui exploitera sa viabilité au niveau
économique, le trajet hyperloop Montréal Toronto devient une
réalité potentielle. En partance de Montréal, il
permettrait d’atteindre Toronto en 39 minutes, Ottawa
en 12 minutes et de
parcourir Toronto jusqu’à Ottawa en 27 minutes. Développé en
2013 par le français canadien Elon Musk qui est également
à l’origine des voitures électriques de Tesla et des fusées de SpaceX, cette
technologie permettrait d’égaler la vitesse d’un avion de
ligne grâce à une propulsion par électricité et par
magnétisme des capsules qui peuvent atteindre une vitesse de plus de 1200 km/h.
Économiquement parlant, plusieurs facteurs jouent en faveur du
déploiement du projet. Rob Lloyd, chef de la direction d’Hyperloop One, invoque
notamment les « centaines de milliards de dollars des grands fonds de pension
au Québec et en Ontario qui investissent dans les infrastructures » et le fait
que le Canada est « le leader des partenariats public-privé ». Rob Lloyd promet
également au pays qui accueillera le premier système hyperloop « tout un
écosystème d’infrastructures et de recherche et développement », bénéfique à la
création d’emploi. Enfin, la ligne Toronto-Ottawa-Montréal est très viable, puisqu’elle
pourrait accueillir 15 millions de passagers et plus par année.
En assurant une liaison rapide entre Toronto et Montréal, les citoyens
auraient la possibilité de choisir un emploi dans une ville tout en vivant dans
l’autre. Ce projet pourrait donc résoudre la problématique du transport
interurbain. Denis Gingras, directeur du Laboratoire d’intelligence véhiculaire
affirme que « Souvent, les gens veulent vivre à proximité de leur travail. Si
on peut faire de grandes distances en si peu de temps, ça encouragera à vivre
loin de son travail sans problème. ». Néanmoins, bien que ce type de programme
favorise la création d’emploi, il est nécessaire de rappeler que le travail se
concentre dans l’espace urbain, et non dans les régions. « Pourquoi une
entreprise aurait-elle des bureaux dans une autre ville si on peut se déplacer
si vite et si facilement d’un endroit à l’autre ? » reconnait M. Saunier,
professeur à Polytechnique Montréal.
Tel que l’a fait internet avec l’information, l’idée de l’hyperloop est
de rapprocher les gens en diminuant les distances. Ce projet aurait ainsi de
réelles conséquences sur le développement urbain et sur la structure du travail
au niveau géographique. Plus que de simplement proposer une alternative au train
ou à l’avion, il incite les travailleurs et les entreprises à se regrouper en
ville. Car si le programme est un succès, les projets de liaisons futures concerneront
uniquement les grandes villes. En réduisant le temps de trajet entre métropoles,
l’hyperloop étendrait également la concurrence entre les travailleurs à l’échelle
régionale, puisqu’un billet simple coûterait environ le même prix qu’un ticket
de métro.
Pour autant, les capsules permettent de faire rentrer seulement 28 passagers et
même en multipliant les rotations, ce chiffre limité ne permettra pas de
concurrencer le transport de masse. De plus, la saturation de l’espace urbain pose
la problématique du lieu où positionner ces gares d’hyperloop. Car si le temps
gagné entre chaque métropole n’évite pas le temps d’embouteillage de la gare au
centre-ville, il faudra considérer ce facteur dans chaque trajet effectué.
Ce programme ambitieux laisse donc apparaître des failles inévitables, il
doit prouver sa viabilité tant au niveau sécuritaire qu’à celui de l’espace
urbain. Pourtant, nombreux sont ceux qui voient dans le projet hyperloop une
technologie révolutionnaire, allant même jusqu’à l’appeler « le train du
futur ». Il faudra atteindre 2020 pour formuler des réponses sur ces
spéculations.
Mélissa Moriceau
Caillou Annabelle, « L’hyperloop, un rêve ou une réalité? », Le Devoir, 25 septembre 2017
Filion Nadine, « Transpod crée l'hyperloop canadien », Autofocus, 3 octobre 2016
De Rosa Nicholas, « Montréal candidate "sérieuse" pour un lien hyperloop», Journal de Montréal, 15 septembre 2017
Aucun commentaire:
Publier un commentaire