L’article « Generation
Y : why young job seekers want more than money » paru dans The
Guardian en février 2014 aborde le sujet de la nouvelle génération de
travailleurs, appelée génération Y (dit « why »). La génération Y est cet ensemble de jeunes nés entre
1980 et 2002, récemment diplômés et à la recherche d’un emploi. Elle se
distingue de la génération des baby-boomers d’après guerre et de la génération
X dont les membres étaient nés entre 1965 et 1982. Les années qui séparent ces
classes d’âge ont apporté leur lot de transformations, notamment en ce qui
concerne le marché du travail. La génération Y n’aura pas profité des Trente
Glorieuses et de la prospérité économique, mais bien au contraire, elle
s’apprête à connaître la récession et la brutalité du marché de l’emploi. Face
à ce contexte pourtant, les Millenials
(terme anglais pour désigner la génération Y) semblent avoir développé une
grande adaptabilité en modifiant leurs attentes et leurs objectifs. Nous allons
voir qu’il s’agit en fait d’une double réciprocité puisque le marché du travail
a forcé les jeunes générations à faire preuve de flexibilité et qu’à long terme
ce sont ces mêmes générations qui transformeront le marché de l’emploi à leur
image. En traitant des nouvelles générations, l’article nous donnera également
l’occasion de revenir sur les principales transformations du monde du travail.
Une expression revient parfois dans les témoignages :
« I don’t want my parents’ life » (je ne veux pas la vie de mes parents). Et pour cause, la génération
précédente a travaillé toute sa vie, au rythme des 35 heures par semaine. Ayant
pour objectif de percevoir un salaire suffisant pour maintenir un statut ainsi
qu’une sécurité financière, ces travailleurs sacrifiaient parfois leur vie de
famille et leur vie sociale. Il n’en n’est rien pour la génération Y dont la
priorité n’est pas le salaire mais plutôt l’épanouissement et la flexibilité que
permet l’emploi occupé. Pour les Millenials
il s’agit, bien sur de pouvoir payer un loyer et des factures, mais surtout de
pouvoir s’épanouir au quotidien en conciliant la vie professionnelle et la vie
privée. Avant tout, le travail doit plaire et il doit proposer une bonne
ambiance quotidienne. C’est d’ailleurs ce qu’a compris le siège de l’entreprise
Google, pour donner un exemple plutôt extrême, qui a été élu meilleur employeur
du monde pour la quatrième fois. En créant un mélange de parc de loisirs et de
management, en proposant des activités inattendues au sein d’une entreprise
(piscine, plage, massage, yoga, boxe, etc..), Google attire une population âgée
en moyenne de 35 ans et les salariés disent s’y « sentir bien ».
L’emploi aujourd'hui doit aussi permettre des heures
flexibles. Il s’agit pour les jeunes générations d’avoir du temps libre afin de
créer le meilleur équilibre entre la vie professionnelle et les activités
extérieure, sociale et familiale. Il n’est plus question de sacrifier sa vie à
son travail, à moins bien sur de s’y sentir comme dans un parc d’attractions.
A première vue on pourrait voir dans les attentes de cette
génération un comportement paresseux, relevant d’une culture
« jeune » qui ne « connaît rien au monde du travail ». C’est
là qu’il devient nécessaire d’étudier le contexte qui entoure cette génération
Y afin de mieux comprendre ses perspectives.
Le marché du travail s’est fragmenté au cours des dernières
années et les différents types de contrats proposés par les entreprises se sont
multipliés. Les jeunes générations sont prêtes à renoncer aux contrats à temps
plein tout simplement parce que ces derniers se font rares. Les contrats à
temps partiel et à durée déterminée deviennent une nouvelle norme sur le marché
du travail. Cela ne signifie pas que les individus travaillent moins, au
contraire ils peuvent parfois faire plus d’heures, mais cela implique surtout une
meilleure organisation de sa vie professionnelle en fonction de ce qui est
proposé. Le marché du travail impose aujourd'hui de « prendre ce qu’il y a
à prendre ». A défaut d’avoir un emploi stable, les nouvelles générations alternent
les emplois précaires après être souvent passées par de nombreux stages ou
périodes d’essais. C’est d’ailleurs ce que souligne Jacques Hamel dans son
texte Sur les notions de travail et de citoyenneté à l’heure de la précarité :
« l’emploi à temps plein ne séduit plus. Les individus ont besoin
d’autonomie et d’une plus grande liberté dans l’organisation de leur
temps ». Et cela se ressent ici, dans ce type de situation, où le travail
n’est plus l’objet principal de la vie sociale et de la réussite
personnelle. Pour la génération Y, il
devient clair que l’intégration et l’identité personnelle ne se construisent
plus principalement dans le monde du travail. Si la nouvelle génération accorde
moins d’importance à son salaire que la précédente, c’est pour se concentrer
sur sa qualité de vie et son développement individuel. Le travail n’occupe plus
la place centrale qu’il avait avant, l’intégration se fait désormais à travers
des activités et des espaces extérieurs au lieu de travail.
En réalité, cette génération Y fait l’expérience du nouveau
rapport à l’emploi, propre aux sociétés modernes. Les jeunes qui sortent de
l’enseignement supérieur sont davantage diplômés que leurs prédécesseurs mais
font aussi partie d’une génération ultra-connectée qui a grandi avec les moyens
de communication et d’informations. Malgré cela, ils ne s’attendent pas à
signer un contrat de travail pour la vie. En revanche, ils tiennent à leur
qualité de vie et c’est pourquoi leurs revendications se feront surtout au
niveau des avantages en nature, de leur emploi du temps, bref de leur bien être
au sein de l’entreprise et à l’extérieur.
La génération Y s’inscrit dans les préoccupations
récentes d’une croissance qualitative et soucieuse de l’environnement.
Aujourd'hui, elle est la première à éprouver ces profondes transformations mais
demain elle transmettra certainement à la génération Z cette façon de penser le
travail comme une nouvelle « way of
life ». La génération Y ne se prétend pas être une réponse aux
problèmes économiques et sociaux, même s’il est vrai qu’elle s’inscrit
davantage dans une croissance durable. Mais se « sentir bien » dans
une entreprise, cela peut vite devenir un premier pas vers le profit.
Laurène Conte
Source :
http://www.theguardian.com/social-enterprise-network/2014/feb/19/generation-y-millennials-job-seekers-money-financial-security-fulfilment
Laurène Conte
Source :
http://www.theguardian.com/social-enterprise-network/2014/feb/19/generation-y-millennials-job-seekers-money-financial-security-fulfilment
Laurène m'a fait réaliser que je fais partie de la génération X. Étant donné que je suis née vers la fin de cette génération, ma philosophie de pensée correspond plus à la génération des Y. En effet, est une qualité primordiale, mais pourquoi ? Parce que j'ai vu mes parents se sacrifiés au travail. Aujourd'hui, je me rends compte que mes parents ne peuvent pas tirer profit de tous leurs efforts. Ils vivent au dépend d'un programme social nommé: sécurité de la vieillesse. Mais quelle sécurité ? Ils vivent avec une pension de crève faim. Alors, les entreprises comme Google est un excellent exemple pour corresponde à mes attentes.
RépondreEffacerÀ la fin de l'article, Laurène souligne que la génération Z sera influencée par le génération Y. Je me demande quelles seront les transformations dans 10 ans?
Félicitations Laurène pour cet article.